I malamondo
Autres titres: Malamondo
Real: Paolo Cavara
Année: Italie
Origine: Italie
Genre: Mondo
Durée: 110mn
Acteurs: Marvin Miller, Riccardo Cucciola, Adriano Celentano
Résumé: Le réalisateur nous invite à découvrir les différents modes de vie de la jeunesse européenne du début des années 60, leurs coutumes, leurs habitudes, leur sexualité, leurs traditions, leurs travers...
Après avoir collaboré sur le fameux Mondo cane de Gualtiero Jacoppetti, Paolo Cavara va réaliser son premier mondo deux ans plus tard. Et c'est la jeunesse européenne de ce début d'années 60 que Cavara va prendre pour cible en nous montrant ce qu'était les rites, coutumes, habitudes, travers mais également les idéologies, le mal de vivre de cette génération pré-68. Malamondo porte donc bien son titre et si on est loin, très loin encore de cette maladolescence que l'Italie aimera porter à l'écran dés les années 70 avec pour point de non retour, l'unique et impensable Maladolescenza, véritable joyau,
insolent petit diamant dont on ne lasse pas, le film de Cavara tente de manière (in)volontairement très drôle et si aujourd'hui si désuète de mettre en exergue le coté mi ange-mi démon de ces jeunes issus des quatre coins de l'Europe.
I malamondo nous entraine donc de la France à la Suisse, de la Suède à la Norvège en passant par l'Allemagne, l'Italie et l'Angleterre à travers toute une série de pseudo reportages tous plus farfelus les uns que les autres mais qui par instant, mondo oblige, se veulent . Le film s'ouvre sur une scène de maltraitance animale où des étudiants italiens issus des hautes classes sociales s'amusent à tuer au couteau un cochon. Le plus courageux d'entre eux le poignardera sous l'oeil gourmand de la caméra provoquant l'évanouissement d'une jeune fille. Plus sages sont les suisses puisqu'ils préfèrent skier entièrement nus nous dit le narrateur de sa voix toujours aussi condescendante. Les deux facettes de Malamondo sont dés le départ bel et bien mises en évidence et alterneront ainsi durant tout le métrage. En Angleterre des rockers préparent une course de moto clandestine. Ils ont la durée d'un 45t choisi par une jeune fille pour la gagner et le premier arrivé gagnera le coeur de la belle. Malheureusement, un camion heurte le gagnant qui meurt sous l'objectif de Cavara. A ces jeux dangereux certains préfèrent ceux plus doux du baiser, savoir embrasser est au coeur des préoccupations d'autres jeunes et c'est avec stupeur bien sûr qu'on apprend que même les plus anticonformistes embrassent de façon très conforme!
Plus morbides et c'est peut être là les scènes les plus intéressantes de ce world mondo sont celles nous nous montrant de jeunes allemands entrain de visiter Dachau à grands renforts de photos macabres de déportés et de cadavres devant lesquelles ils feignent se recueillir avant qu'une ancienne victime du tristement célèbre camp de la mort ne vienne leur parler et faire semblant de se pendre afin de leur montrer les tortures jadis endurées. Dans le même ordre d'idée on retiendra ces parachutistes français qui après un baptême de l'air s'enivrent au whisky et abusent de jeunes filles dans un cimetière, lieu où en Suède d'autres jeunes viennent s'amuser en toute quiétude afin de se rire de la mort. En Allemagne dans une des plus prestigieuses universités les étudiants, afin d'avoir le visage marqué à vie, doivent se scarifier la joue à l'aide d'une lame de rasoir tandis qu'à Amsterdam, un futur universitaire lors d'un brutal et ancestral bizutage est tondu en pleine rue avant de rejoindre ses camarades, tous torse nu, qui ressemblent dangereusement à de futurs néo nazis rassemblés dans une pièce où on les vétérans leurs inculquent avec violence les lois de l'école, une première étape qui se termine bien souvent en une bagarre généralisée.
La sexualité n'est bien entendu pas oubliée, primordiale dans l'univers de tout jeune. On découvre donc une manifestation de chiennes de garde londoniennes particulièrement hideuses en guerre contre les prémices de l'amour libre qui sera à l'ordre du jour quelques années plus tard. Elles finiront à l'eau, jetées dans une fontaine par une horde de jeunes mâles déchainés... ou la suprématie de l'Homme sur la femme commente la voix-off. On nous présente une orgie artistique où de futurs artistes parisiens de tout bord se rejoignent et mêlent avec frénésie sexe et art. Plus stupide est cette clinique où des jeunes hommes que le sexe n'intéresse pas du tout sont envoyés afin que de belles infirmières puissent les guérir en vain, préférant le twist aux choses de la vie. Et les plus frustrées dans l'histoire sont bien entendu les infirmières.
L'homosexualité ne pouvait ne pas être inscrite au menu et c'est dans un bar gay de Montparnasse que Cavara promène sa caméra pour nous présenter de jeunes homosexuels, le troisième sexe comme le narrateur les appelle, puis un artiste travesti répondant au doux nom de Les-Lee. Et pendant que ces parisiens qui désormais osent se montrer roucoulent entre eux en Suède on célèbre des mariages interraciaux.
Il est inutile de dire que la nudité est quasi absente et d'une pudeur à toute épreuve, époque oblige.
Malamondo se terminera sur une note étrange, le suicide, très répandu chez la jeune population notamment dans les pays nordiques. Un prêtre tente de les raisonner en leur inculquant l'importance de la vie mais c'est surtout ce numéro de téléphone qu'ils doivent composer avant de passer à l'acte qui risque de surprendre puisque avant de mourir on leur enverra une... bible! Ou comment dédramatiser un problème social radical de façon particulièrement cynique voire révoltante mais n'est ce pas là le fin mot du mondo movie.
Accompagné d'une musique signée Ennio Morricone, Malamondo dans lequel apparait un Adriano Celentano tout jeune qui chante un de ses tubes dans la rue en haranguant la foule parait aujourd'hui bien plus que désuet et surtout franchement ridicule. Entièrement fake, le mondo de Cavara tout absurde soit il, se laisse cependant regarder sans trop de mal tant il semble jouer sur l'humour tout involontaire soit il et le sérieux faussement morbide. Le mélange donne un certain charme que les plus patients et les plus magnanimes pourront certainement apprécier.
Signalons que la durée officielle du film est de 110 minutes mais que les versions qui circulent le plus souvent n'excèdent guère les 88 minutes. A se demander ce qu'on a bien pu couper dans cet amas de drôlerie.