Doppio sesso incrocciato
Autres titres: Atraco a sexo armado
Real: Vincenzo Savino
Année: 1980
Origine: Italie / Espagne
Genre: X
Durée: 92mn
Acteurs: Anna Castells, Paolo De Manincor, Laura Levi, Ronny Russ, Sara Mora, Emilio Higuera, Marco Rao, Maria Julia...
Résumé: Hans et Gretel sont amis et s'aiment mais attirés l'un et l'autre par le même sexe ils ne peuvent pas concrétiser leur amour. Ils vont organiser un casse dans une importante banque suisse afin de financer une opération qui leur fera changer de sexe. Ils recrutent trois séduisantes jeunes femmes qui ont pour mission de distraire les banquiers et le gardien de nuit pendant qu'ils volent l'argent...
Doppio sesso incrociato fait partie de ces films italien qui aujourd'hui encore demeure une énigme tant il semble être difficile de trouver trace des différentes versions qui en existe. Une chose est tout de même certaine désormais, si la paternité du film fut longtemps attribuée à Paolo Solvay on est désormais sûr que c'est finalement Vincenzo Savino qui le réalisa sous le pseudonyme américanisé de Jeff Hudson.
Tourné au cours du printemps 1980 alors que le cinéma transalpin est en pleine phase de transition entre l'érotisme et le porno, Doppio sesso incrociato est une sorte de sexy thriller qui à l'époque sortit dans les salles italiennes sous une forme édulcorée exempte de tout plan pornographique, un état de fait qui ne risque guère de changer grand chose au résultat final tant le film est fade et indolent malgré un sujet de départ prometteur. Hans et Gretel, il fallait en effet oser, sont amis mais ils sont tout deux attirés pour le même sexe. Leur liaison en souffre donc. C'est la raison pour laquelle ils décident tous deux de changer de sexe pour pouvoir enfin s'aimer. Afin de payer l'opération, ils organisent un casse dans une importante banque suisse. Voilà donc un résumé fort alléchant mais une fois transposer à l'écran, l'ensemble devient très vite d'un ennui sidérant et c'est très surement en avance rapide que le spectateur visionnera ce petit érotique soft d'une totale insipidité.
Si Savino, caméra man et photographe sur de très nombreux films, joue essentiellement la carte de la comédie, le problème n'est pas qu'on n'arrive jamais réellement à décrocher ne serait ce qu'un léger sourire tant le film est niais, farfelu et totalement improbable mais c'est avant tout la mise en scène d'une platitude et d'une indolence incroyable qui aura raison de sa patience. Filmé sans aucune imagination ni véritable désir, Doppio sesso incrociato voit ses quelques moments forts être totalement réduits à néant par cette paresse, ce manque de style et l'anonymat de la mise en scène. Et ce ne sont pas les quelques séquences de sexe qui devraient sortir de sa léthargie le malheureux spectateur embarqué dans ce casse coquin, encore moins l'exciter. Répétitives, tout aussi peu imaginatives que la réalisation, elles sont de surcroit particulièrement frustrantes puisqu'il n'y faut pas compter apercevoir l'ombre d'un sexe, une plante verte ou un quelconque objet savamment disposé, se chargeant de cacher ce qu'il faut cacher. Ceci est d'autant plus dommage que la plupart sont à la limite du hardcore du moins dans la version aujourd'hui encore trouvable.
Si certains pensaient se rattraper sur la scène finale, la fameuse opération de changement de sexe, ils pourront surtout verser toutes les larmes de leur corps. Ce qui devait être le clou du film se révèle être en fait une véritable farce, un attrape-nigaud aussi désolant que pathétique si ce n'est pitoyable. Après nous avoir montré nos deux tristes héros rentrer à l'hôpital pour y être examinés, ils en ressortent deux minutes plus tard, certes bel et bien opérés mais Savino s'est simplement contenté de les travestir. C'est donc vêtue d'un imperméable et d'un chapeau qui la virilise que Gretel donne le bras à Hans habillé pour sa part d'une jupe et d'un chemisier. Un baiser clôturera la chose. Tout deux s'aiment enfin, tout est bien qui finit bien du moins pour eux car le spectateur, lui, a de son coté rageusement éteint son écran, face à un final aussi grotesque que la pire des sexy comédies n'aurait pas
osé. Pourrait on dire que l'affiche sauve le métrage de la catastrophe? Certes on y retrouve les courbes parfaites d'une des porn star italienne d'alors, Laura Levi, très en forme, mais cela est loin d'être suffisant. Giuseppe Curia, un des leaders masculins du hardcore transalpin, apparait le temps d'un caméo dans la blouse d'un infirmier mais n'a aucune scène de sexe. A leurs coté, on reconnaitra Sara Mora, la vilaine qui persécutait la même année la transsexuelle Eva Robins dans Eva man et sa suite El regreso de Eva man, l'espagnole Anna Castells, l'italien Paolo De Manincor et, plus surprenant et c'est peut être là l'unique curiosité du film, Gaetano Russo dissimulé sous le pseudonyme Ronny Russ, un habitué du cinéma de genre qu'on put voir notamment dans I vizi morbosi di una governante et Thrauma. Il interprète le gardien de nuit et y joue des scènes aux limites du hard, aguiché et ébloui par Laura Levi.
Seul et unique réalisation de Vincenzo Savino, cette ridicule coproduction italo-espagnole accompagnée d'une horripilante partition musicale jazzy aura vite raison des plus persévérants et ce ne sont pas les hypothétiques versions hardcore qui pourront inverser la tendance si toutefois elles existent et réapparaissaient un jour.
Si la copie italienne est pratiquement invisible c'est l'espagnole intitulée Atraco a sexo armado (Attaque à sexe armé!) qui est aujourd'hui la plus facilement visible... pour les plus courageux!