Squadra antiscippo
Autres titres: Police en jeans / Flics en jeans / The cop in blue jeans
Real: Bruno Corbucci
Année: 1976
Origine: Italie
Genre: Polizesco
Durée: 95mn
Acteurs: Tomas Milian, Jack Palance, Maria Rosaria Omaggio, Toni Ucci, Jack La Cayenne, Raf Luca, Benito Stefanelli, Guido Mannari, Marcello Martana, Vincenzo Crocitti, Roberto Chiappa, Roberto Messina, Adriano Valentini, Anna Melita, Angelo Pellegrino, Giovanni Attanasio, Domenico Cianfriglia, Franco Garofalo, Mimmo Poli, Vittorio Sancisi, Giuliano Sestili, Massimo Stazzi, Mario Donatone, Quinto Gambi, Enrico Marciani, Alberto Longoni...
Résumé: L'inspecteur Nico Giraldi est à la tête d'une brigade spéciale spécialisée dans le vol. Giraldi essaie d'arrêter un malfrat qui lui échappe depuis trop longtemps, Achille Bertinatti surnommé le baron. Alors qu'il pensait détrousser un touriste, le baron vole malheureusement une mallette contenant 5 millions de dollars issus de divers cambriolages qui appartient en fait à Norman Shelby, un redoutable malfrat américain qui compte bien la récupérer par tous les moyens...
Squadra antiscippo plus connu en France sous le titre Flics en jeans est le premier polizesco où Tomas Milian incarna l'inspecteur Nico Giraldi, un des trois personnages qu'il s'amusa à créer aux cotés de Monezza / Poubelle et Il gobbo / Le bossu. Nico Giraldi rencontra un tel succès auprès du public que le célèbre acteur cubain l'incarna par la suite dans pas moins de dix autres films. Giraldi, ancien repris de justice reconverti dans la police qui s'exprime dans un romain pur, s'inspire beaucoup du Serpico interprété par Al Pacino auquel il emprunte tant le look que les manières bien peu orthodoxes pour arrêter les malfrats. Et n'est ce pas un clin d'oeil amusant de découvrir que Giraldi cache dans son bonnet tricolore un rat blanc nommé Serpico!
Pour cette première aventure de cet inspecteur des plus marginal c'est donc Bruno Corbucci, le frère de Sergio, qui s'attèle aux commandes. Il n'est pas étonnant alors de très vite s'apercevoir que Flics en jeans s'oriente rapidement vers la comédie policière parfois un brin lourde s'en pour autant perdre ce qui fait l'essence même du genre: l'action. L'ouverture donne le ton. Un homme baisse son pantalon et urine devant un groupe de touristes tandis que ses complices leur dérobent tranquillement leurs bagages. Le ton est donné, Flics en jeans va sans cesse osciller entre comédie à l'italienne et polar traditionnel, un mélange qui pouvait s'avérer dangereux surtout venant de la part de Corbucci, grand spécialiste de la farce grasse et égrillarde, mais qui au final s'avère plutôt réussi. C'est donc à une petite bande de petits voleurs qui a dérobé une mallette pleine d'argent à un redoutable truand américain que va s'attaquer Giraldi, aidée par une jolie assistante. Pour cela il doit infiltrer le Milieu et c'est sans peine qu'il le fera à grand renfort d'humour pas toujours très subtil mais avec force il va sans dire.
La trame est simple voire simpliste et il faut reconnaitre que la performance de Tomas Milian est le seul véritable intérêt du film. Giraldi incarne à lui seul toute la vulgarité, l'essence même du peuple, son naturel, sa sincérité, ses travers. Il incarne à merveille, avec désinvolture, le petit citoyen issu des classes moyennes qui a depuis longtemps troqué ses bonnes manières contre une certaine forme de grossièreté populaire. Il se déplace donc en moto, tient des discours sous-prolétaires comme il le fit auparavant chez Umberto Lenzi notamment dans La banda del gobbo / Echec au gang et Il giustiziere sfida la citta / Bracelets de sang. On remarquera qu'il existe pas mal de similitudes entre Giraldi et Rambo, le personnage que Milian jouait dans justement dans Bracelets de sang. Les manières bien peu élégantes, le verbe facile, Giraldi est un personnage haut en couleur qui dans ce premier film tente encore de trouver ses marques. Il hésite encore entre le polar, violent et direct, et la
comédie, un choix qu'il fera dans les épisodes suivants en optant définitivement pour la comédie. Malgré cette hésitation, Squadra antiscippo fonctionne cependant et pourra satisfaire à la fois un public orienté polizesco traditionnel et celui plus léger qui préfère rire et se détendre. Corbucci entre deux répliques triviales et quelques gags pas toujours très fins privilégie l'action, plutôt bien mise en valeur par une mise en scène efficace et rythmée. C'est pour dire que Squadra antiscippo n'est pas exempt de jolies poursuites en voitures et en moto et de bagarres musclées, éléments indispensables à tout bon polizesco, même si Corbucci n'est ni Lenzi ni Martino. Il fallait bien qu'au milieu de ces truands se retrouve le personnage de la "folle" de service et c'est au truculent Alberto Longoni que revient ce rôle qui dans un certain sens annonce le onzième et ultime film de la série, Delitto al blue gay / Pas folle le flic.
Film de transition, Flics en jeans, rythmé par une jolie partition musicale signée des frères De Angelis, vaut également pour l'image qu'il donne d'une Rome populaire qui a quasiment disparu aujourd'hui, cette ambiance typiquement années 70 qu'on apprécie toujours de ressentir, et la présence au générique de quelques acteurs qu'on prend plaisir à retrouver, Jack Palance en tête dans la peau de Norman Shelby même si Palance comme très souvent n'a que peu de scènes, reléguant sa participation à une simple figuration. On reconnaitra entre autres aux cotés de Milian, Franco Garofalo, Raf Luca, Toni Ucci, Vincenzo Crocitti tandis que Maria Rosaria Omaggio, certes très stylée, n'a par contre qu'une fonction décorative, ce qui est un peu dommage. Il est important de souligner également qu'une grande partie de la réussite du personnage de Giraldi revient au comédien Ferruccio Amendola qui double la voix de Milian, truculent, savoureux. Amendola fut également la voix italienne de Al Pacino et Sylvester Stallone.
Flics en jeans ne sera peut être pas du goût de tous tant soit peu qu'on soit allergique à un certain comique mais outre cet humour populaire il reste un bon divertissement et très certainement le plus intéressant de la série. Au delà de son aspect peu sérieux, Nico Giraldi, qu'on aime ou non cette série de films signée Corbucci, reste cependant un personnage emblématique du cinéma de genre italien qu'on ne peut décemment pas écarter.
Signalons que sur les onze aventures de l'inspecteur seulement cinq sortiront en France soit au cinéma ou directement en vidéo. Les six autres seront étonnamment oubliées.