Il pelo nel mondo
Autres titres: Le monde sans voiles / Go go go World / Go! Go! Go! Go! world / Mondo inferno / Weird wicked world
Real: Antonio Margheriti, Marco Vicario
Année: 1964
Origine: Italie
Genre: Mondo
Durée: 82mn
Acteurs: Nico Rienzi (narrateur)...
Résumé:
Il pelo nel mondo connu sous de multiples titres dont Le monde sans voiles en France représente l'unique incursion de Antonio Margheriti dans l'univers controversé du mondo même si la majeure partie du film fut tournée par Marco Vicario. Aux crédits de ce mondo très sage on reconnaitra également le nom de Mario Morra à la production mais aussi à la photographie, un des pères du genre avec Gualtiero Jacoppetti et Franco Prosperi.
Assez proche de l'ennuyeux La donna nel mondo, Il pelo nel mondo n'a guère d'autre intérêt que d'avoir pour metteur en scène Margheriti puisque 90 minutes durant on assiste à toute une série de coutumes et rites propre à chaque continent qui aujourd'hui semble sortir d'un
autre âge. Fortement estampillé début années 60, Il pelo nel mondo débute par une série de clichés particulièrement stupides et datés dont celui des femmes au volant qui trouvent là une seconde liberté mais une sorte de revanche sur la suprématie de l'homme. Foulard au vent, en décapotable, elles roulent non seulement béatement mais elles en font également leur métier en devenant pilote de course, des pilotes tout en grâce qui n'oublient pas de se remaquiller à l'intérieur de leur bolide. On croit rêver et ce ne sont que les deux premières minutes du film. Pour appuyer le fait que désormais les femmes sont capables d'exécuter des travaux jusqu'alors réservés aux hommes on nous promène aux quatre coins du monde où ces dernières tout âge confondu, cassent des pierres au piolet ou cirent les chaussures dans les rues. On semble mélanger esclavagisme et émancipation mais peu importe, le narrateur, Nico Rienzi, de sa voix solennelle et condescendante, nous affirme qu'elles sont
heureuses et libres. Tout mondo qui se respecte à sa partie animale et ce sont nos amis les cochons mais aussi les chiens qui sont ici à l'honneur. Nous voici donc en Allemagne où le cochon est roi car nous apprend t-on, l'Allemagne est la terre de la saucisse. On retiendra cette phrase culte: En Allemagne ils ont le culte de la saucisse et les restaurants sont toujours plein de porcs! S'ensuit toute une série de gros plans peu ragoutants sur des bouches qui dévorent des saucisses avant une plongée au coeur d'un abattoir où sont tués vivants les porcs avant d'être découpés sous l'oeil complaisant de la caméra. Plutôt sages comparés aux excès à venir ces scènes devraient tout de même ravir les amateurs de martyrs animaliers. Ils devraient aussi apprécier les mises à mort de taureaux lors d'une féria, l'égorgement d'un coq lors de rites tribaux, la dégustation de plats à base de chiens et de chats dont un qu'on décapite devant l'objectif. Ces deux dernières séquences sont bel et bien l'unique raison qui justifie le titre du film puisque de poil ne nous en verront pas d'autres.
Pour le reste, Il pelo nel mondo est composé de diverses séquences récurrentes au genre, peu imaginatives et originales, plus ennuyeuses que captivantes mais souvent hilarantes tant l'ensemble semble puéril. On citera ce combat de catch féminin dans la boue où une des combattantes body-buildée baisse la culotte de son adversaire pour lui donner une fessée, trois strip-tease, l'un filmé aux infra-rouges, le second en accéléré façon Charlie Chaplin et le dernier dans un cabaret juste avant un bain de mousse dans lequel finira la charmante demoiselle. "Fini le temps où ce type de spectacles était considéré comme étant sale, ils sentent aujourd'hui le savon" commente le narrateur! S'enchainent également des scènes de femmes judoka, de danses érotiques et autres danses du ventre, un défilé de starlettes sur la Croisette, un avaleur de serpents vénéneux, un exorcisme rigolo à Naples,
une leçon d'hygiène chez les peuples dits primitifs ou comment se lavent ils donc ainsi qu'une scène de voyeurisme durant laquelle un pervers observe à la jumelle une demoiselle entrain de se déshabiller. Les tréfonds de l'absurde sont atteints lors d'une séance de culturisme à laquelle assiste un jeune gringalet. A la vue de deux culturistes entrain de s'admirer et se caresser tendrement, il s'enfuit comme s'il avait le Diable aux trousses tout en accéléré un peu à la Benny Hill.
Filmé sans aucune continuité ni réelle trame ce qui donne l'impression d'un immense fourre-tout d'images, enchainant des séquences plus disparates les unes que les autres, Il pelo nel mondo fait sans nul doute partie des mondos les moins intéressants. Il est tout bêtement à l'image de son générique animé, infantile, drôle selon l'humeur. Comme bon nombre de mondo de cette même époque on peut simplement le voir comme les prémices de ce que sera le genre quelques années, une esquisse de ses futurs débordements. Voilà un inoffensif apéritif avant un bon et consistant repas choc.