L'amore primitivo
Autres titres: L'amour primitif / Primitive love
Real: Luigi Scattini
Année: 1964
Origine: Italie
Genre: Sex mondo
Durée: 84mn
Acteurs: Jane Maynsfield, Franco Franchi, Ciccio Ingrassia, Mickey Hargitay, Carlo Kechler, Lucia Modugno, Alfonso Sarlo, Eugenio Galadini...
Résumé: Une très jolie et jeune anthropologiste prépare une thèse sur les rites amoureux et érotiques à travers le monde. Elle tente de démontrer que ceux ci au cours des âges n'ont jamais changé quelque soit le continent sur lequel on se trouve. Tandis que deux valets de chambre fou amoureux d'elle l'épient, la belle anthropologiste présente sa thèse à un vieux professeur tout en l'illustrant de reportages filmés aux quatre coins du monde, de la Chine à l'Inde en passant par l'Amazonie et l'Afrique noire...
Que pouvait il y avoir de plus improbable que le mariage entre la comédie sexy façon années 60 et le mondo, futur prolifique filon du cinéma d'exploitation italien qu'on doit à Gualtiero Jacopetti? C'est à Luigi Scattini, un des pères du film exotico-érotique, qu'on doit cette véritable improbabilité, ce pastiche des mondo africains, notamment de Mondo cane et La donna nel mondo, que traversent l'inénarrable duo comique Ciccio Ingrassia et Franco Franchi. C'est peut être là le plus inimaginable, associer ce genre cinématographique fort décrié au célèbre tandem sicilien alors à l'apogée de leur succès. Le résultat est loin d'être désagréable, il est simplement bancal. Il ne peut en fait ni réellement satisfaire les amateurs de mondo pur ni les inconditionnels de Ciccio et Ingrassia puisqu'il s'agit de deux publics certainement bien distincts.
La trame du film est simple. Une jeune et affriolante anthropologiste débarque dans un bel hôtel afin de présenter à un professeur sa thèse sur les rites érotiques et amoureux à travers notre planète afin de démonter qu'ils n'ont guère évolué au cours des âges quelque soit la région du monde où nous nous trouvons, reportages à l'appui. Deux garçons d'étage, tombés sous le charme de l'anthropologiste, vont l'épier dans sa chambre et faire tout leur possible pour qu'elle les remarque à grands renforts de stratégies imbéciles et autres gags débiles. Voilà qui constitue la partie comédie du film tandis que les documentaires filmés que projette la jolie scientifique composent quant à eux la partie mondo.
L'ensemble est totalement absurde et il faut bien avouer que seule la partie mondo reste la plus intéressante même si on est face ici à un composite de séquences toutes plus fausses les unes que les autres, mis en scène par le réalisateur lui même. On nous promène donc au gré des projections de la Chine à l'Inde en passant par l'Afrique noire et l'Amazonie afin de
nous dévoiler les coutumes érotiques ancestrales de tribus dites primitives, leur vision de l'amour, de l'érotisme et du mariage. On retrouve donc tous les éléments récurrents à ce type de mondo soft commentés de façon toujours aussi condescendante par une voix off, en l'occurrence celle de Riccardo Cucciola. Si on sera souvent hilare devant tant de niaiserie préfabriquée par Scattini déjà responsable de Sweden heaven and hell et Questo sporco mondo meraviglioso (le test du python détecteur d'infidélité, les roucoulades d'un couple interracial interrompues par l'irrésistible envie de la femme noire de mettre la radio et danser un cha-cha-cha endiablé sous l'oeil de trois guerriers Massaï et une envolée d'oiseaux paradisiaques, prouvant ainsi à l'homme qu'elle est désormais maitre de ses décisions, le rite nécrophile durant lequel une jeune veuve doit dormir sur la tombe de son mari récemment ensablé, les oeufs jetés sur une épouse infidèle pour qu'elle soit à jamais maudite, les faux sorciers africains et le rites de virginité...) on gardera à l'esprit quelques bons moments beaucoup plus piquants, propres au genre lui même comme les inévitables
massacres d'animaux, ici une poule plumée et éviscérée vivante pour assurer la fidélité des jeunes époux, un cochon sauvage égorgé vivant sous l'oeil complaisant de la caméra, un serpent vivant éventré pour lui extraire la bile et un combat de coqs mais surtout l'hypocrisie flagrante du produit qui sous couvert de l'information cache une dose de racisme assez étonnante jusqu'à dans son titre lui même puisque par primitif il faut comprendre tout ce qui n'est pas issu de notre civilisation européenne. Les personnes de couleur sont donc toutes présentées comme des primitifs aux rites aussi étranges que barbares, la femme quelque soit ses origines nous rappelle régulièrement le narrateur est un être inférieur destiné à obéir à l'homme et satisfaire ses désirs, travailler et accomplir son devoir conjugal. Quant à l'européen, l'homme blanc aux cheveux blonds, il est en droit désormais de tomber amoureux d'une indigène sans que celle ci lui soit soumise comme au bon vieux temps du
colonialisme. Mais quelque soit le continent d'où est issue la femme, son premier devoir est de séduire l'homme selon les rites de son pays ou de sa tribu, notamment la danse en Afrique (ce qui nous vaut une jolie danse tribale factice d'une indigène tout aussi factice en pleine savane devant son promis, les yeux exorbités, la langue pendue, la plume frétillante). Quant à l'érotisme il reste plus que discret nous rappelant que nous sommes en 1964. C'est à peine si on aura droit à une poitrine dénudée au détour de quelques rapides séquences. En guise de conclusion, nous serons ravis d'apprendre que si la vie évolue, les choses du sexe et de l'amour restent inchangées où que nous soyons. L'instinct prédominera toujours l'esprit!
Quant à la partie comédie, elle est d'un ridicule achevé. Ciccio et Ingrassia jouent leur rôle habituel, déploient toute une galerie de grimaces et de pitreries afin d'attirer l'attention de l'anthropologiste jouée par la plantureuse et scandaleuse Jayne Mansfield, déjà fort bien
pulmonée, peut être le seul et véritable intérêt de cette partie bien oubliable. Les admirateurs de l'actrice seront comblés et garderont en tête un numéro de danse tribale frénétique très suggestif qu'imaginent notre tandem de trublions. Ceux que les gags des deux siciliens font rire se souviendront de leur coté de la scène finale où, face à Jayne qui leur offre un strip-tease, ils se mettent à crier, éructer, grimacer avant de se mettre à courir à travers toute la pièce tandis que le vieux professeur se transforme en animal poilu, prouvant ainsi que l'instinct primaire et bestial de l'Homme régit sa sexualité.
D'une absolue imbécilité dans sa tentative comique représentée par les deux acteurs siciliens, L'amour primitif qu'accompagne une partition musicale signée Lallo Gori ne vaut guère mieux pour sa partie mondo, factice et surtout bien peu percutante dont on appréciera uniquement le coté hypocrite et profondément raciste. Mais n'est ce pas là le propre du mondo movie. Voilà qui n'est pas une surprise.