Le notti della violenza
Autres titres: Call girls 66 / L'uomo venuto da Hiroshima / Night of violence
Real: Roberto Mauri
Année: 1965
Origine: Italie
Genre: Thriller
Durée: 78mn
Acteurs: Alberto Lupo, Marilù Tolo, Helene Chanel, Lisa Gastoni, Cristina Gajoni, Aldo Berti, Elisa Mainardi, Dada Gallotti, Paolo Solvay, Gianna Vivaldi, Aldo Berti, Maria Pia Conte, Merio Bernardi, Gianni Medici, Geppy de Rose, Franco Pesce, Tulio Altamura, Franco Beltramme...
Résumé: Une jeune femme, Carla, est une nuit assassinée par un énigmatique tueur. Sa soeur veut faire la lumière sur sa mort. La police lui dévoile qu'elle se prostituait. D'autres filles sont tuées de la même manière par celui que l’on nomme désormais Le tueur masqué. Le commissaire chargé de l’enquête découvre un réseau clandestin de call girls et de trafic de stupéfiants. Il découvre également que le tueur se sert de différents masques tous à l'effigie d'acteur. Le policier décide alors de se servir de la sœur de Carla pour l'appâter...
Avant toute chose il est intéressant de retracer la genèse de ce petit thriller qui un an avant 6 femmes pour l'assassin ouvrait gentiment l'ère du giallo, inaugurée la même année avec La fille qui en savait trop avec lequel il partage un point commun: un noir et blanc classieux. Le film devait initialement être tourné sous le titre L'uomo venuto da Hiroshima mais suite à de gros problèmes de censure, nous sommes alors en 1965, le scénario dut être remodelé et le film après avoir été amputé de quelques scènes fut remonté avant de pouvoir sortir sous un nouveau titre, Le notti della violenza.
Connu en France sous le titre Call girls 66, le film de Roberto Mauri est une petite série B sortie d'un autre âge coécrite par Edoardo Mulargia qui tente plus ou moins bien de mélanger le futur filon giallique à d'autres genres dont le film noir américain et le krimi mais également le film policier à la française. Surtout connu pour ses westerns, auteur d'un très curieux mais fort intéressant Madeleine anatomia di un incubo et du polizesco hardcore Le porno killers, Roberto Mauri signe là un petit polar qui ne s'élève jamais plus haut qu'un simple téléfilm policier auquel fait penser inéluctablement penser ces Nuits de violence, un
titre bien peu en adéquation avec le contenu du film. Brouillon, platement mis en scène, bien peu crédible, Mauri mélange de manière bancale plusieurs thèmes dont celui des réseaux clandestins de drogue et la prostitution pour virer définitivement vers le thriller avec ce tueur masqué qui s'attaque aux jeunes filles. Malheureusement les différents sujets s'emboitent assez mal entre eux et le fil conducteur s'estompe vite, scindant le film en deux parties distinctes que rien ne les relie vraiment entre elles. On a donc souvent l'étrange sensation de visionner deux films en un seul. La première partie s'intéresse au démantèlement du réseau de stupéfiants et l'arrestation des trafiquants, la deuxième cible le tueur masqué qu'on ne quitte plus après l'avoir un peu trop oublié.
Là encore il est difficile de croire à une telle histoire qui lors des ultimes minutes vire au drame fantastique. Mal présenté, mal dessiné, dénué de tout charisme, notre psychopathe semble être totalement transparent. Sa seule originalité est le fait qu'il porte un masque à l'effigie de célèbres acteurs. Malheureusement l'idée, au demeurant fort intéressante, tombe définitivement à l'eau tant elle est mal exploitée. Quant à ses motivations elles sont tout bonnement hallucinantes et encore plus mal exploitées. A jamais défiguré par des radiations atomiques à Hiroshima, il assassine d'innocentes jeunes filles, rongé par le fait de ne plus jamais pouvoir aimer ou être aimé. Et ce n'est guère sur le suspens qu'on pourra compter puisque le film en est exempt encore moins sur les meurtres ou les effets sanglants tous
suggérés. Si on nage en pleine improbabilité du début à la fin, Le notti della violenza, malgré son coté téléfilm, se laisse cependant découvrir avec un certain plaisir notamment pour l'aspect scabreux des sujets abordés pour l'époque (la drogue, la prostitution), le splendide noir et blanc fort bien rendu par une jolie photographie, quelques tirades anti-drogue qui aujourd'hui feront beaucoup rire et surtout ce charme totalement désuet si plaisant inhérent à ce type d'oeuvres issues d'un lointain passé. On retrouvera également avec grand plaisir trois splendides actrices alors à leurs débuts, Marilu Tolo, Lisa Gastoni et Hélène Chanel qui illuminent de par leur beauté la pellicule. A leurs cotés, on reconnaitra de toutes jeunes Dada Gallotti, Maria Pia Conte et Elisa Mainardi ainsi que Michele Lupo, un peu trop théâtral, et le futur metteur en scène Luigi Batzella alias Paolo Solvay.
Aujourd'hui bien désuet, Le notti della violenza fait partie aux cotés entres autres exemples des films de Angelo Dorigo, A... come assassino, L'assassino senza volto, de ces proto-gialli fort sages qui annonçaient doucement les premiers balbutiements de l'ère argentiesque. En ce sens, il faut voir le film comme un témoignage d'une époque bien lointaine, un curieux document sur lequel s'esquissaient les futurs débordements du thriller à l'italienne quelques quatre ou cinq années plus tard.