Ausente
Autres titres: Absent
Real: Marco Berger
Année: 2011
Origine: Argentine
Genre: Dramatique
Durée: 86mn
Acteurs: Carlos Echevarria, Javier De Pietro, Antonella Costa, Rocio Pavon, Alejandro Barbero, Nicolas Fernandez Rubio, Alejandra Lang, Fabio Cendra, Luis Mango, Dolores Cano...
Résumé: Martin a 16 ans. Il est très attiré par son professeur de natation, Sebastian. Afin de pouvoir le séduire et tenter de coucher avec, il met au point un stratagème. Il parvient à se faire héberger chez lui. Commence entre eux un jeu de chat et de souris durant lequel l'adolescent met tout en oeuvre pour troubler Sebastian. Le professeur se rend il compte de l'attirance de Martin pour lui? Craint il de succomber à ses charmes et ainsi devoir subir les conséquences morales et judiciaires que cela entrainerait? Se sent il menacé dans sa virilité ou tente t-il tout simplement de refouler sa part d'homosexualité?
Ausente est le second film du réalisateur argentin Marco Berger découvert deux ans auparavant avec l'intéressant Plan B, l'histoire trouble de deux amis hétérosexuels attirés l'un vers l'autre. Particulièrement riche et surtout pointu, le cinéma gay argentin et de manière plus générale sud américain et mexicain nous a bien souvent offert de véritables petites gemmes (Glue, Sin destino, les films de Julian Hernandez), nous étions donc en droit d'attendre du nouveau film de Berger quelque chose de beaucoup plus audacieux et surtout moins ronflant. Le sujet n'est pas nouveau puisque c'est là un des thèmes récurrents de l'univers cinématographique gay, l'attirance sexuelle d'un adolescent pour un adulte, ici un professeur de natation et son élève. Malheureusement cette prometteuse histoire qui aurait pu ébranler bien des moralistes retombe très vite comme un joli soufflé et c'est à une belle baudruche à laquelle on assiste, frustrés et déçus.
Le postulat de départ partait pourtant d'une bonne idée à savoir l'intéressant mélange de la chronique gay adolescente au thriller tout en mettant en place un véritable jeux de pistes pour mieux embrouiller le spectateur. Au final ne subsiste qu'une sorte de jeu du chat et de la souris à savoir comment d'une part l'adolescent va réussir à attirer l'attention du professeur pour mieux le séduire et coucher avec lui et d'autre part comment le professeur va lui résister pour un peu qu'il comprenne ses intentions. Si cela est certes amusant et peut tenir un moment en haleine, la curiosité étant plus forte que tout, le procédé devient pourtant assez vite lassant tant Berger l'épuise jusqu'à la lie et semble tourner dans le vide. Du thriller ne
subsistent que la musique dissonante, les jeux d'ombre entre l'observé et l'observateur et de longues scènes de demi suspens qui se veulent inquiétantes mais les effets retombent assez vite face à la stupidité de l'ensemble. En effet, Martin, un adolescent de 16 ans, secrètement amoureux de Sebastian, son coach, est aussi futé qu'il est benêt. Comment Sebastian, un homme en apparence sensé, peut il croire aux manigances mises en place par le jeune garçon tant elles sont énormes à force d'accumuler explications et excuses douteuses, tant le jeu de Martin semble évident aux yeux du spectateur? Et si on a envie de voir l'élève parvenir à ses fins, ça ne restera qu'un joli rêve puisque Berger a décidé d'une de ne rien montrer, de deux de ne rien faire aboutir.
Plus étonnante et surtout ambigüe est la personnalité du coach. On devine dés les premiers instants son attirance pour l'élève du moins c'est ce qu'essaie de nous montrer Berger mais les questions fusent tant une fois encore il brouille les pistes. Sebastian éprouve t-il un désir réfréné pour l'élève? A t-il peur des conséquences tant professionnelles, morales que judiciaires s'il cédait à son désir? Se sent il menacé dans sa virilité? Refoule t-il tout simplement son homosexualité par peur ou est il tout bêtement idiot? Rien n'est clair dans ce chassé-croisé d'intentions sexuelles qui devient vite lassant si ce n'est tout bonnement ennuyant. A force de jouer et ne rien montrer c'est le spectateur que le cinéaste risque de voir aux abonnés absents! Et ce n'est guère sur la beauté somme toute banale des comédiens
principaux (à l'exception de Alejandro Barbero, l'ami de Martin) encore moins sur l'interprétation qu'on pourra se raccrocher. Le jeune Javier De Pietro s'il joue assez bien les stratèges il n'est cependant pas très crédible dans la peau de son personnage, trop mature pour paraitre avoir 16 ans. Le jeu de Carlos Echevarria repose quant à lui sur une seule et unique expression: mimer la glace. On évitera de parler du personnage que campe Antonella Costa, la petite amie du coach, absolument ridicule. On restera sidéré par les lénifiantes discussions entre elle et Sebastian qui sentent le vide absolu, de surcroit lorsque son petit ami est au plus mal. Serait elle aveugle ou pire, totalement idiote? On comprendrait alors mieux les raisons qui pousseraient Sebastian à tenter de nouvelles expériences ailleurs! Toutes les séquences où ils apparaissent ensemble sentent le remplissage et n'aident guère à prendre au sérieux cette histoire au départ fort ambitieuse mais où l'absence de tout arrière-plan social et familial fait aussi cruellement défaut.
Ne subsistent au crédit du film que le décor de la piscine et de ses vestiaires, haut lieu de fantasmes virils, où les adolescents se déshabillent sous l'oeil de la caméra, et par extension celui de Martin, qui aime s'attarder sur les shorts de bain et l'entre-jambe généreux des étudiants, la scène particulièrement excitante où Martin glisse sa main sous le pan du short de Sebastian afin de lui caresser le sexe alors qu'il dort et les poses allumeuses que prend volontairement Martin sur son lit, uniquement vêtu de son boxer, pour aguicher son professeur. On retiendra également les scènes finales qui tirent sans aucun doute vers le fantastique lorsque, seul dans les vestiaires de la piscine, Sebastian imagine ce qui aurait pu se passer entre lui et Martin avant que celui ci ne meurt accidentellement.
Absent aurait pu être une version gay adolescente de Liaison fatale ce n'est au bout du compte qu'un mélodrame aussi lisse que creux. Ceci n'empêcha pas Absent de remporter le Teddy award au festival du film gay de Berlin.
Berger fera beaucoup mieux l'année suivante avec le fantasmatique Sexual tension: volatile, petit joyau d'homo-érotisme.