The child
Autres titres: Kill and go hide / La casa degli zombi / La nina
Real: Robert Voskanian
Année: 1977
Origine: USA
Genre: Fantastique
Durée: 82mn
Acteurs: Laurel Barnett, Rosalie Cole, Frank Janson, Richard Hanners, Ruth Ballan, Slosson Bing Jong, Rod Medigovich, Wendell Hudiburg, Chris Tieken, Ralph Lucas, Jim Dickson...
Résumé: Aliciane, une jeune gouvernante, est appelée à prendre soin de Rosalie, une sombre et mystérieuse petite fille dotée de pouvoirs surnaturels. Elle habite seule avec son frère et sa grand-mère dans une demeure perdue dans la forêt non loin d'un cimetière où est enterrée sa mère. Elle alimente de la viande fraîche d'animaux et d'humains les créatures qui y vivent. Dés l'arrivée d'Aliciane, de terrifiants évènements vont se passer. C'est alors qu'elle découvre que la petite fille contrôle une horde de zombis qui vont s'en prendre à elle. Une longue nuit de terreur commence...
Injustement méconnu, aujourd'hui tombé aux oubliettes, The child, unique réalisation de l'énigmatique Robert Voskanian, mérite toute l'attention du spectateur amateur de zombis agressifs mais également d'un certain onirisme macabre. Si The child, fort représentatif d'un certain cinéma indépendant américain, repose sur un scénario classique, Rosalie, une enfant aux pouvoirs surnaturels, traumatisée par la mort de ses parents vit recluse dans une demeure perdue dans la campagne, ce qui l'est moins en revanche, c'est l'originalité dont fait preuve le réalisateur. Au delà du film de zombis traditionnel, The child est avant tout un conte macabre cruel qui rappelle ceux que nos parents nous racontaient le soir durant notre enfance.
Dès l'ouverture Voskanian parvient à mettre en place un véritable climat de malaise, de peur infuse à travers toute une série d'images empreintes d'une vénéneuse beauté qui en l'espace de quelques minutes plantent le décor: à la nuit tombante alors que le brouillard se lève, Aliciane, l'héroïne, suite à un malencontreux accident de voiture, doit suivre une petite route perdue dans une forêt où semble se cacher une multitude de créatures étranges. C'est alors qu'elle tombe sur la demeure de Rosalie perdue au milieu de cette campagne bien peu rassurante, située non loin d'un cimetière hanté par une chose pourvue de mains griffues qui surveille, épie, se glisse entre les feuillages sombres. Et ce ne sont pas les histoires et mises en garde de la vieille Mme Whitfield, la grand-mère de la petite fille, qui rassureront Aliciane.
Voskanian déploie toute l'imagerie macabre des contes fantastiques et autres mythes populaires, tente de susciter la peur à travers une image, un plan, un bruit, un son, un simple objet appuyé par une partition musicale assourdissante à la limite de l'expérimental. Ainsi certains moments sont de véritables instants de pure terreur, à la fois beaux et effrayants. On se souviendra longtemps de l'épouvantail qui lentement prend vie et se fond parmi les arbres décharnés, sourit de toutes ses dents de chiffon avant d'entamer une ronde diabolique avec la jeune femme lors d'un funeste cauchemar. Ce sont toutes nos peurs d'enfant que Voskanian a mis ici en images, celle de la nuit et des êtres étranges qu'elle abrite, des lieux sauvages, des objets qui s'animent. Comment ne pas frissonner devant cette horrible citrouille d'Halloween qui lentement bouge pour mieux narguer Aliciane?
Si le réalisateur aime promener son spectateur dans les méandres de l'imaginaire, la frontière entre le rêve et la réalité reste cependant floue. Ce qui est bien réel par contre c'est la présence de ces cruelles créatures qui tuent qu'on ne verra cependant jamais. Existent elles vraiment ou sont elles la manifestation de l'esprit diabolique de Rosalie? C'est en touts cas l'occasion pour Voskanian de se laisser aller à quelques sanglantes visions et autres plans gore qui devraient satisfaire l'amateur d'effets spéciaux comme entre autres ces visages dépecés, arrachés ou le pauvre chat éventré qui gît dans ses propres boyaux.
La deuxième partie du film est quant à elle de facture plus classique, tranchant net avec toute cette première partie qui reposait essentiellement sur les peurs primaires et l'aspect fantastique de l'histoire. Rosalie, clé du mystère et responsable de cette déferlante d'horreur,
va lancer aux trousses des deux survivants, Aliciane et son frère, une horde de zombis. On retrouve cette fois le schéma classique du film de mort vivants à savoir l'attaque plutôt violente des zombis qui prennent violemment d'assaut le cabanon dans lequel les rescapés ont trouvé refuge. Le cauchemar de Aliciane, désormais seule, ne prendra fin qu'avec la mort de l'enfant mais ce n'est peut être pour la jeune femme que le début d'un autre cauchemar, la porte ouverte vers la folie, comme le laisse supposer l'ultime image.
Plus intéressant sont les zombis de Voskonian. On s'éloigne des morts-vivants putrides de Lucio Fulci et ceux plus humains de Romero. Ils sont en effet un étrange croisement entre Nosferatu, Jack Frost et... Marylin Manson! Ce curieux amalgame leur donne un aspect étrangement beau et surréaliste qui colle assez bien à l'univers très particulier du film tourné au beau milieu de nulle part.
D'où vient alors ce sentiment de déception qu'on ressent à la fin du film? L'explication est simple. A force de vouloir trop en faire, de déployer tout l'attirail du conte macabre comme un chaland déballe ses articles sur le marché, Voskanian a tout simplement oublié de créer une véritable atmosphère. A force de trop vouloir s'attacher au visuel, de trop mélanger d'ingrédients à la fois, il passe à coté de son principal objectif, celui d'effrayer son public tout en le faisant rêver d'autant plus que le budget dont il disposait était loin d'être à la hauteur de ses ambitions. On regarde en fin de compte le film de façon passive, quelque peu frustré, sans réellement ressentir d'émotions particulières malgré le pouvoir de fascination de l'ensemble et quelques jolies scènes fort envoutantes, peu aidé par le jeu des acteurs qui, tout correct soit il, semblent peu investis par leur personnage à l'exception de la ravissante Laurel Barnett dont la ressemblance avec Camille Keaton devrait en frapper plus d'un.
La petite Rosalie, personnage clé du film, est quant à elle une bien piètre actrice définitivement et malheureusement trop fade et transparente pour être inquiétante. Quant aux fameux zombis, hormis leur look original, ils ne sont guère crédibles, trop agiles pour vraiment faire peur puisqu'ils courent, sautent et réalisent même d'étonnantes cascades.
Nonobstant ses défauts et ses faiblesses, The child, concocté pour un budget de misère que tente de cacher Voskanian derrière cette avalanche d'images étranges, est un petit métrage d'horreur atmosphérique qui mélange le pur fantastique et le film de zombis visuellement fascinant si on accroche un tant soit peu à cet univers onirico-macabre quasi irréel. Ne boudons donc pas notre plaisir et laissons nous entrainer dans cette tentative maladroite mais originale de renouveler le thème du zombi, au combien hypnotisante sous de nombreux aspects.
Si on est passé à coté d'un excellent film, The child mérite d'être découvert et fera passer de toutes façons un agréable moment.