Il mio corpo con rabbia
Autres titres: Mon corps avec rage
Real: Roberto Natale
Année: 1972
Origine: Italie
Genre: Drame
Durée: 78mn
Acteurs: Peter Lee Lawrence, Antonia Santilli, Massimo Girotti, Zora Gheorgieva, Silvano Tranquilli...
Résumé: La jeune Silvia est issue d'une famille bourgeoise contre laquelle elle est entrée en conflits depuis déjà quelque temps. Elle nourrit une telle rancoeur contre ses parents que ceux ci afin de la guérir l'ont obligé à suivre une thérapie dans une clinique psychiatrique en prenant soin que l'affaire ne s'ébruite pas afin d'éviter tout scandale. Silvia ne prend guère au sérieux son traitement et sa rébellion ne fait qu'empirer. C'est alors qu'elle fait la connaissance de Paolo, un repris de justice. Elle décide de l'héberger contre l'avis de ses parents...
Unique film du scénariste Roberto Natale, Il mio corpo con rabbia malgré son titre racoleur s'avère vite peu passionnant tant l'histoire, somme toute fort intéressante au demeurant, est ici traitée de façon beaucoup trop banale.
L'intrigue tourne autour du personnage de Silvia, une jeune fille encore mineure issue d'une famille de la haute bourgeoisie italienne en pleine rébellion contre ses parents contre lesquels elle nourrit une profonde rancoeur. Ils la forcent donc à suivre une thérapie dans une clinique psychiatrique en prenant garde que cela ne s'ébruite pas afin d'éviter tout scandale. Faisant fi du traitement, Silvia entretient cette relation d'amour-haine et s'amuse de la situation jusqu'au jour où elle fait la connaissance de Paolo, un repris de justice qui autrefois tua sa petite amie qu'il haïssait. Elle décide de l'héberger secrètement dans sa chambre, une manière détournée de blesser une fois de plus ses parents. La relation entre ces deux êtres révoltés s'avère vite compliquée tant et si bien que Silvia finit par leur avouer l'existence de cet homme. C'est le début d'un drame qui ne pourra se terminer que de manière tragique.
Il mio corpo con rabbia ne fait jamais que reprendre un des thèmes privilégiés du cinéma italien de ce début d'années 70, à savoir les mouvements contestataires de toute la jeunesse post soixante-huitarde plus particulièrement la jeunesse bourgeoise en guerre contre l'éducation reçue et les idées conservatrices d'alors. Cette velléitarité accentue les conflits parentaux, creuse le fossé des générations et chacun trouve son propre mode de protestation dont la drogue à l'instar de la jeune héroïne de Natale. Malheureusement, le film souffre non seulement d'une certaine lenteur mais surtout de sa monotonie. Exempt de réelle tension dramatique, souffrant d'un scénario trop téléphoné, l'ennui gagne alors assez vite le spectateur qui ne peut guère se raccrocher aux personnages trop peu définis. Il est en effet difficile de vraiment s'intéresser à la crise existentielle de Silvia et c'est donc imperméable aux états d'âmes conflictuels de la jeune fille qu'on arrive au bout des 80 minutes que dure cette banale aventure contestataire qui avoisine de temps à autre le roman-photo pour adultes.
Ceci est d'autant plus dommage que par instant, notamment lors de la seconde partie du film, la plus intéressante, la mise en scène devient plus accrocheuse. La relation houleuse entre Paolo et Silvia faite d'amour et de haine à l'image de celle qu'elle entretient avec ses parents, donne un certain relief au film, celui là même qui lui faisait jusqu'alors tant défaut. Une telle complexité des sentiments, ce désir de les faire de plus en plus souffrir tout en continuant de les aimer, méritait simplement un peu plus de psychologie et surtout de nerf. Voilà peut être ce qui est le plus regrettable. Natale semble être resté trop en surface, trop discret, osant seulement de façon sporadique. Il manque cette rage que nous promettait justement le titre.
Outre ces quelques éclats, les véritables intérêts de Il mio corpo con rabbia sont ses magnifiques décors maritimes sardes et les luxueux intérieurs de la villa de Silvia, tous mis en valeur par une jolie photographie, les très belles musiques de Stelvio Cipriani et la présence de Antonia Santilli découverte dans Il Boss de Fernando Di Leo qui se glisse dans la peau de la révoltée Silvia, peu avare de ses charmes puisqu'elle nous gratifie de quelques généreux nus dans la version intégrale. Voilà de quoi faire garder un oeil ouvert au spectateur. Antonia trouvait là son rôle le plus fouillé. Reconnaissons que la jeune comédienne parvient à exprimer avec une certaine aisance toute une palette de sentiments contradictoires.
A ses cotés, on reconnaitra Silvano Tranquilli et l'ex-bellâtre du western spaghetti, Peter Lee Lawrence, qu'on retrouvera la même année dans l'excellent et maladif Amore e morte nel giardino degli dei et le sexy giallo Mia moglie un corpo per l'amore avant sa mort aussi tragique que prématurée en 1974.
Il mio corpo con rabbia fait aujourd'hui partie de ces oeuvres difficilement visibles aujourd'hui, ces petits trésors cachés ou méconnus du cinéma de genre italien devenus rares au fil du temps. Tout anodin soit il parmi toute la production de films sur la jeunesse contestataire post soixante-huit, il se laisse cependant gentiment visionner même si l'ombre de Si les porcs avaient des ailes et des petits porcelets qui en étaient nés semblent loin.
Signalons que la version sortie en salles jadis en France fut agrémentée d'inserts hardcore et distribuée sous l'infamante classification X. Mentionnons également que la version télévisée qui parfois circule sur les chaines italiennes fut amputée des plans de nu ou jugés trop érotiques mais a su garder le coté dramatique du final.