La vendetta di Lady Morgan
Autres titres: La vengeance de Lady Morgan
Real: Massimo Pupillo
Année: 1965
Origine: Italie
Genre: Epouvante
Durée: 83mn
Acteurs: Barbara Nelli, Erika Blanc, Gordon Mitchell, Paul Muller, Michel Forain, Carlo Kechler, Edith McGovern...
Résumé: La douce Susan a décidé de se marier à Pierre Brissac, un ami d'enfance qu'elle aime éperdument, jurant que rien jamais ne viendra les séparer. Malheureusement Pierre est assassiné et son corps est jeté à la mer. Il ne reste à Susan aucune autre alternative que d'épouser Harald à qui elle était autrefois promise. Dés leur union scellée, d'étranges faits interviennent dans la vie de Susan. Harald a renvoyé les domestiques et les a fait remplacer par un couple inquiétant, la froide Lilian et l'effroyable Roger. Très vite, Susan est la proie d'hallucinations qui lentement la font sombrer dans la folie. En fait, Harald a tout programmé pour que Susan se suicide et qu'il puisse hériter de ses biens. Si la jeune femme se donne la mort en se jetant d'une corniche, Harald et ses complices n'avaient pas prévu que le spectre de Susan revienne se venger...
Troisième et dernier film d'épouvante gothique réalisé par Massimo Pupillo, La vendetta di Lady Morgan se veut beaucoup plus traditionnel et surtout moins psychédélique que les précédents films du cinéaste. Filmé dans un noir et blanc plutôt discret, le film s'inspire de grands classiques du cinéma gothique italien puisqu'on sent planer l'ombre de Danse macabre, du Spectre du Pr Hichcock et des Wurdalak de Mario Bava.
La vengeance de Lady Morgan débute comme un joli roman d'amour droit sorti du 18ème siècle. La Lady du titre, la douce et belle Susan, désire épouser Pierre, son ami d'enfance qu'elle aime d'un amour pur. Elle rompt donc ses fiançailles avec Harald, qui, dépité, accepte cette décision. Malheureusement Pierre est assassiné et son corps jeté à la mer. Susan épouse donc à contre-coeur Harald. Dés lors, le film bascule dans l'épouvante traditionnelle en ayant recours à tous les éléments du genre. Entièrement tourné dans un château, on y retrouve donc le couple de domestiques inquiétants aux regards complices, les indispensables nuits d'orage, les sombres souterrains glauques, les vieux cimetières, la fragile héroïne qui, victime d'hallucinations, semble doucement sombrer dans la folie, le tout
baignant dans un climat de complot évident. Et le terme évident est ici particulièrement adéquat tant Pupillo évite toute forme de suspens. C'est là le gros défaut de cette petite série puisque les cartes sont jetées dés les vingt premières minutes du film. Harald est un opportuniste qui convoite la fortune de Susan. Il a tué Pierre afin de pouvoir l'épouser et hériter après avoir pris pour servants deux complices, la glaciale Lilian dont il est amoureux et l'angoissant Roger qui fouette et maltraite le pauvre oncle de Susan, enchainé quelque part dans les souterrains du château. Ensemble, ils font en sorte que la malheureuse devienne folle afin qu'elle se suicide. Lorsqu'elle meurt tous ses biens sont dorénavant à eux. Mais c'est sans compter un incroyable évènement qu'ils étaient loin d'imaginer.
Sans surprise, cette première partie se laisse cependant regarder sans déplaisir malgré l'évidence même du scénario d'une part pour la mise en place progressive d'une atmosphère plutôt inquiétante et la présence pesante des deux domestiques d'autre part pour le jeu des acteurs. Cela sauve le film de l'ennui, de son coté aussi téléphoné que conventionnel jusqu'à la seconde partie ou plus exactement des vingt dernières minutes, les plus intéressantes, les plus surprenantes aussi malgré leur aspect délirant et surtout bien peu crédibles soudain.
C'est par delà la mort que Lady Morgan va revenir et semer le trouble au château. Son fantôme réclame vengeance et punira ceux qui l'ont poussé au suicide mais la désormais spectrale Lady va également tenter de reconquérir Pierre revenu au château alors que tout le monde le croyait mort. C'est alors qu'on retrouve cette folie délirante propre au réalisateur, celle qui avait fait la réputation de ces précédentes oeuvres. Elle va éclater lors du retournement de situation final totalement inattendu et cynique. La vendetta di Lady Morgan bascule soudain dans le film de vampires en s'inspirant visiblement des Wurdalak de Bava.
Rythmé par une partition musicale signée Piero Umiliani, La vendetta di Lady Morgan fait partie de ces oeuvres difficilement visibles aujourd'hui mais qui appartiennent définitivement au petit patrimoine du cinéma d'épouvante gothique transalpin. Il reste un petit film d'horreur plaisant, certes conventionnel, à qui il manque malheureusement une certaine dose de suspens mais qui se rattrape par son charme discret, son jeu d'acteur et son final surprenant. Le genre a connu beaucoup mieux mais ne boudons pas notre plaisir d'autant plus qu'on y retrouvera Erika Blanc qui se glisse dans les robes de la cruelle Lilian, Gordon Mitchell, Paul Muller et l'angélique Barbara Nelli déjà présente dans Vierges pour le bourreau.