El cielo dividido
Autres titres: Broken sky
Real: Julian Hernandez
Année: 2006
Origine: Mexique
Genre: Drame
Durée: 139mn
Acteurs: Miguel Angel Hoppe, Fernando Arrayo, Alejandro Rojo, Ignacio Pereda, Klaudia Aragon, Clarissa Randon, Pilar Ruiz, Ortos Soyuz, Andres Damian, Javier Olguin, Hector Negron...
Résumé: Gerardo et Jonas sont lycéens. Ils sont tombés amoureux l'un de l'autre dés le premier regard. Gerardo ne peut vivre sans lui. Toute son existence tourne désormais autour de ce garçon qui bientôt va s'éloigner de lui car il est tombé sous le charme de Bruno, un jeune clubber. Gerardo vit très mal cet éloignement mais il ne veut pas renoncer. Il suit Jonas partout où il va, s'accroche à lui mais ils ne parviennent plus à avoir de plaisir sexuel lorsqu'ils sont ensemble. Une relation ambigüe s'installe alors entre eux faite d'attirance et de rejet. Las de cette situation, Gerardo se laisse séduire par Sergio, un garçon plus âgé qui est éperdument amoureux de lui. Pourtant l'ombre de Jonas plane toujours sur Gerardo. Le jour où Jonas décide de revenir après avoir compris que Gerardo était le seul garçon qui l'ait jamais vraiment aimé, il est trop tard...
Second film du réalisateur mexicain Julian Hernandez, coincé entre les déjà très remarqués A thousand clouds of peace et Raging sun raging sky, El cielo dividido / Broken sky retrace la douloureuse histoire d'amour entre deux lycéens, Gerardo et Jonas, que Cupidon a un jour frappé de sa flèche. Pendant plus de deux heures on suit donc la difficile relation de ces deux garçons qui ont eu un coup de foudre l'un pour l'autre et vont lentement se déchirer dans un univers où la fidélité n'est guère de mise. C'est au fil du temps à leur désamour puis leur rupture à laquelle on assiste, la douleur qui en découle, aux rêves, aux espoirs auxquels on s'accroche, l'obsession qui s'empare de l'esprit et l'ambiguïté d'une histoire qui au final ne veut pas mourir.
Il y a d'un coté Gerardo dont toute la vie tourne désormais autour de Jonas jusqu'à oublier le monde qui l'entoure. Il s'agit pour le jeune garçon d'un amour pur, loyal, fusionnel, un sentiment si fort qu'il semble ne plus exister lorsque Jonas se détache de lui pour Bruno, un garçon rencontré en boite de nuit. De l'autre coté, il y a donc Jonas, plus volage. Il aime danser, sortir, séduire et se laisser séduire, happé par toutes les tentations qu'offre le monde gay, délaissant peu à peu Gerardo. Lentement va naitre entre eux une étrange relation faite d'attirance et de rejet, de sentiments contradictoires. Ils s'aiment pour mieux se déchirer, s'éloigner de plus en plus jusqu'à ne plus pouvoir avoir de relations sexuelles normales. L'image de l'autre s'interpose, le dégout s'installe. Las, Gerardo finira par quitter définitivement Jonas pour Sergio, un garçon plus âgé qui depuis longtemps est amoureux de Gerardo.
Sergio incarne la stabilité, la sécurité, la raison, il est le réconfort mais il reste cependant un substitut à l'amour véritable. Commence alors une relation à trois dominée par la jalousie. Gerardo a trouvé une épaule sur qui pleurer, un torse sur lequel dormir, s'il est certain de l'amour de Sergio, il ne parvient à oublier Jonas qui, jaloux, n'accepte pas cette nouvelle relation. Il a réalisé peut être trop tard ses erreurs, l'amour que lui portait Gerardo et tente désormais désespérément de faire machine arrière.
Le scénario de El cielo dividido est tout spécialement minimaliste. On ne peut en effet faire plus simple. Le film tout entier repose sur cette relation. Durant quasiment 2H30 on suit exclusivement les amours compliquées de ces deux lycéens dans un univers qu'ils découvre, le monde gay. Hernandez a voulu imager la force d'une première véritable histoire d'amour entre deux adolescents qui découvrent la complexité des sentiments. C'est l'illustration d'une relation fusionnelle, d'une vie à deux toute neuve et passionnelle, la désillusion, le chagrin, la douleur mais aussi de la découverte de soi qui suit la rupture. Le cinéaste une fois de plus met en avant la difficulté d'aimer, d'être amoureux, de vivre à deux lorsqu'on est homosexuel et vit dans un univers fait de tentations, d'infidélité et de relations éphémères faites au fil des sorties et des rencontres, un univers encore plus dangereux lorsqu'on est adolescent et inexpérimenté.
Agrémenté d'un nuage de mythologie (le mythe de Aristophanes), El cielo dividido à travers le personnage de Gerardo se veut aussi aussi une réflexion sur le passage souvent difficile entre l'adolescence et le stade adulte. Cette expérience fera mûrir le jeune homme qui malgré la douleur franchira le cap et ne se laissera pas enfermer dans une relation amoureuse faite de frustrations et de déceptions pourtant si parfaite dans ses rêves, le gouffre parfois abyssal qui existe entre la réalité et l'imaginaire.
Si on peut reprocher au film sa longueur, il aurait en effet gagné en force à être un peu plus condensé, si certains le trouveront long et ennuyeux, on ne pourra par contre pas lui reprocher son esthétique.
Bénéficiant d'une sublime photographie qui met en valeur la plastique de ses jeunes comédiens, El cielo dividido est d'une surprenante élégance mais c'est aussi un tour de force qu'a réalisé le metteur en scène puisque le film est quasiment dépourvu de tout dialogue. Tout passe ici par l'image, les regards, les gestes, le corps. Pas de besoin de se parler, pas besoin de mot, les images parlent d'elles mêmes, parviennent avec une facilité déconcertante à remplacer l'absence de dialogue. Par instant, le film se transforme en un ballet où les corps se meuvent avec aisance, légèreté au son de la musique, donnant ainsi l'impression d'une chorégraphie amoureuse. On ne peut donc rester insensible au charme irrésistible de ces langages corporels tout comme on ne pourra résister à la beauté des jeunes acteurs mis en valeur de manière sublime par Hernandez. Miguel Angel Hoppe et Fernando Arroyo, les deux jeunes héros, sont fascinants et feront tourner la tête à plus d'un,
amateurs ou non de beautés latinos. Tout deux nous offrent en plus une multitude de splendides scènes de nus et d'envoutantes scènes d'amour, toutes filmées avec une sensualité exacerbée qui traduit très bien la force et la beauté des amours masculines.
Il est dommage que Hernandez n'ait pas pu terminer son film comme il le souhaitait. Il nous offre donc deux fins différentes, une somme toute assez réaliste dans le ton de l'histoire et l'autre plus ouverte et plus décevante surtout qui laissera libre cours à l'imagination du spectateur.
Tout aussi esthétisant et intimiste que le fut A thousand of clouds of peace et le sera Raging sun raging sky, El cielo dividido est une oeuvre pleine de sensibilité réalisée avec tact et justesse, un regard plein de tendresse sur la découverte de l'amour, celui dont on rêve mais si difficile à vivre lorsqu'il se matérialise dans la dure réalité