Il lago di Satana
Autres titres: La sorella di Satana / The She Beast / Revenge of the blood beast / El lago de Satan
Real: Michael Reeves
Année: 1965
Origine: Italie / Royaume-Uni
Genre: Horreur
Durée: 79mn
Acteurs: Barbara Steele, Ian Ogilvy, John Karlsen, Mel Welles, Jay Riley, Richard Watson, Lucretia Love, Edward B. Randolph, Ennio Antonielli, Peter Grippe, Kevin Welles, Woody Welles...
Résumé: Quelque part en Transylvanie en plein moyen-âge. L'affreuse sorcière Verdella est expulsée de sa grotte par les villageois. Elle est ensuite crucifiée puis noyée dans le lac qui lui servira de tombe. Avant de mourir, elle promet de revenir. Bien des siècles plus tard, Veronica et Philip, deux jeunes mariés, sont en lune de miel dans le village où se sont déroulés les évènements. Ils font la connaissance d'un descendant de Van Helsing qui leur narre cette histoire. Après une nuit mouvementée à l'auberge du coin, ils repartent et sont victimes d'un accident de la route. Leur voiture plonge dans le lac où fut noyée Verdella. Si Philip s'en sort, Veronica meurt. Verdella a pu revenir à la vie et hante désormais la campagne. Afin de la détruire et permettre à Veronica de ressusciter, Philip va s'unir à Van Helsing...
Il lago di Satana également connu sous le titre The She Beast est le premier véritable film du réalisateur Michael Reeves à qui on devra quelques années plus tard Le grand inquisiteur. Et c'est avec une certaine curiosité peut être suivie d'une grosse déception que le spectateur va découvrir cette petite série particulièrement fauchée tournée en Italie qui va tout simplement à contre courant du cinéma d'épouvante gothique transalpin alors fort à la mode.
Il lago di Satana mélange avec désinvolture le mythe du vampire puisque le scénario est censé se dérouler en Transylvanie en pleine ère communiste où habite un descendant de Van Helsing, héros de l'histoire, et le thème traditionnel de la sorcière qui avant sa mort jette une malédiction sur les villageois qui l'ont condamné à mort. Cependant, il n'y a ni vampire ni démon et Satan brille par son absence. Quant à la sorcière, Verdella, elle correspond à l'imagerie populaire de ce personnage de légende, une mégère, laide, difforme et purulente au rire strident. En fait, le film de Reeves qui vit le jour essentiellement grâce à la ferme volonté du producteur de Il castello dei morti viventi, Paul Maslanski, qui réalisa également une bonne partie du film aux cotés de Reeves, se veut plus une parodie des films d'épouvante gothique. C'est quasiment à une comédie horrifique à laquelle on assiste ici, les amateurs de frissons risquent donc d'être fortement déçus. Rien ne se veut sérieux encore moins crédible. Reeves force le trait le plus possible sans pour autant sombrer dans le ridicule mais il faut avouer qu'il n'y va pas avec le dos de la cuiller.
L'ouverture du film donne le ton. Nous voilà en des temps moyenâgeux quelque part en Transylvanie où l'horrible sorcière Verdella, tapie au fond de sa grotte, est condamnée à mort, crucifiée puis noyée dans le lac qui lui servira de sépulcre. Elle aura bien entendu maudit ses bourreaux et jurer de revenir un jour se venger. C'est à notre époque contemporaine que Reeves nous propulse ensuite plus exactement chez un truculent ancêtre de Van Hesling, un aristocrate alcoolique terré dans son antre, propriétaire d'une vieille voiture à manivelle jaune canari. Il fait la connaissance d'un couple de jeunes mariés, Philip et Veronica, venus en lune de miel dans la région, à qui il raconte la légende de Verdella. Dés lors Reeves va enchainer les péripéties les plus extravagantes. Le jeune couple est hébergé chez un aubergiste voyeur, alcoolique et libidineux qui tente de violer une pauvre jeune fille apeurée. Puis en quittant l'auberge, ils sont victimes d'un accident de voiture provoquée par un étrange camionneur fort guilleret. Veronica meurt noyée dans le lac où repose la sorcière. Philip est indemne. Bien entendu, Verdella en profite pour se réincarner dans le corps de Veronica. Sceptique, Philip va devoir se rendre à l'évidence et suivre Van Helsing pour détruire Verdella et retrouver sa jeune épouse.
Tourné pour un budget de misère, Il lago di Satana parodie le genre en y intégrant la majorité des éléments qui en ont fait son succès. Tout est énorme, souvent très bête. Certains riront d'autres trouveront cela insupportable. Certains gags sont assez bien vus (lorsque Verdella jette la faucille avec laquelle elle tue, l'outil retombe à terre sur un marteau, formant le symbole parfait de l'URSS), d'autres franchement idiots voire insupportables à l'instar de certains personnages (l'aubergiste). La sorcière quant à elle ou plutôt son maquillage est particulièrement ridicule. On est ici face à une mégère échevelée interprétée par un homme, l'acteur Joe Riley, dont le visage semble être recouvert d'une pizza en plastique qui court en sandales dans la campagne en poussant des cris aigus très irritants. Ce qui devait donc être le clou du film est ici tout spécialement raté et très décevant.
Si on excepte tout l'aspect comique qui pourra plaire à une partie du public, restent au crédit du film les jolis paysages arides où a été tourné le film et la présence d'une affiche intéressante puisqu'on y retrouve la reine de l'épouvante d'alors, la somptueuse Barbara Steele, toujours aussi fascinante mais bien peu présente puisqu'elle disparait assez vite pour laisser la place à l'abominable Verdella. A ses cotés, le bellâtre Ian Ogilvy, futur Simon Templar, interprète son fougueux époux, John Karlsen cabotine dans le rôle du descendant de Van Helsing, Mel Welles est un repoussant aubergiste tandis que Lucretia Love joue sa malheureuse nièce. Au vu du budget dérisoire du film, il n'est pas étonnant de voir que certains acteurs interprètent plusieurs rôles à la fois. Il n'y a pas de sottes économies!
Fauchée, ironique, difficile à prendre au sérieux, Il lago di Satana est une toute petite comédie d'épouvante parodique qui laissera bien peu de souvenirs au spectateur si ce n'est quelques sourires ou éclats de rire selon l'humeur du jour et le plaisir de revoir même brièvement Barbara Steele aux cotés de Ian Ogilvy alors au sommet de son sex appeal!