Adieu Emmanuelle! Sylvia Kristel s'en allée
Un mythe s'en est allé. Celle qui à jamais restera l'incarnation de Emmanuelle, Sylvia Kristel, nous a quitté ce 18 octobre à l'âge de tout juste 60 ans, emporté par un cancer qui l'avait plongé dans un profond coma durant plusieurs mois.
Née le 28 septembre 1958 à Utrecht en Hollande, Sylvia après quelques apparitions dans des films néerlandais va en 1974 connaitre la gloire internationale en devenant l'héroïne d'un des films les plus connus à travers le globe, Emmanuelle de Just Jaeckin. Propulsée star mondiale, Sylvia va très vite connaitre le revers de la médaille. Marquée à jamais par ce rôle dont elle n'arrivera plus à se débarrasser, vampirisée par ce personnage, la suite de sa carrière en souffrira. Si en hommage à son personnage elle reprend son rôle dans les trois volets suivants, l'actrice sera dorénavant liée à Emmanuelle et ne se verra plus proposer autre chose que des films principalement érotiques. Elle est Lady Chatterley dans L'amant de Lady Chatterley, elle est ensuite Mata Hari dans le film éponyme. En 1981, elle est à l'affiche du controversé Leçons très particulières. Elle apparait tout de même au générique de Alice ou la dernière fugue. Le reste de sa filmographie va surtout se compose de petits rôles dans des films mineurs tels que le catastrophique Airport 80 avec Alain Delon.
Sa carrière stagne, plus jamais Sylvia ne parviendra à retrouver le haut de l'affiche, ce qu'elle a toujours regretté. Parallèlement sa vie privée ne sera qu'une succession d'échecs et de déceptions. Sylvia va partager la vie de l'écrivain Hugo Claus dont elle aura un fils lui aussi comédien. Après leur séparation elle vit une relation passionnée avec l'acteur Ian Mc Shane qui se terminera de façon dramatique. Elle sombre alors dans l'alcool et la drogue. Elle s'exile aux USA où après une courte histoire avec un important homme d'affaires elle se remarie avec un metteur en scène qui la ruinera financièrement.
Depuis 2004 Sylvia s'était mise à la peinture, un art dans lequel elle excellait et s'était retirée à Amsterdam. Elle réapparaissait de temps à autre dans quelques films destinés principalement à la télévision. Frappée d'un cancer de la gorge puis du poumon, Sylvia s'en allée après de longs mois passés dans le coma.
Si Sylvia n'a pas connu la carrière qu'elle méritait, dévorée par le film de Jaeckin, elle restera à jamais celle qui incarna une certaine forme d'érotisme papier glacé à une époque où les moeurs étaient loin d'être aussi libres qu'aujourd'hui. Emmanuelle aura permis à l'érotisme de s'épanouir en France tout en ouvrant la porte non seulement à toute une série de films érotiques aussi bien français qu'étrangers mais également à la pornographie qui progressivement envahira les écrans de l'Hexagone.
Icône de toute une génération, Sylvia Kristel restera à tout jamais le symbole de la femme libérée lovée dans son désormais célèbre fauteuil en osier, immortelle non seulement dans la mémoire collective du public mais également dans le coeur de tous les cinéphiles.
Adieu Emmanuelle!