Alien 2 sulla terra
Autres titres: Le monstre attaque / Le monstre venu du ciel / Alien terror
Real: Ciro Ippolito
Année: 1980
Origine: Italie
Genre: Horreur / Science-fiction
Durée: 77mn
Acteurs: Belinda Mayne, Mark Bodin, Robert Barrese, Judy Perrin, Benny Aldrich, Michele Soavi, Danilo Micheli...
Résumé: Une capsule spatiale s'échoue sur Terre. Les astronautes qui l'occupaient ont disparu. Le vaisseau a ramené avec lui plusieurs pierres qui se sont dispersées. Partie explorer une grotte, une équipe de spéléologues avec à leur tête une télépathe entre en contact avec les étranges pierres. Un des membres de l'équipe décide de ramener une des pierres avec lui mais elle libère une entité extra-terrestre qui s'incruste dans le corps humain. La contamination a commencé. Les spéléologues, bloqués dans la grotte, doivent désormais retrouver au plus vite la sortie avant d'être chacun à leur tour tué...
Il aurait été étonnant que l'Italie, toujours si fière alors de copier les grands succès du box office international, ne donne pas à son tour sa propre vision de Alien. C'est le producteur/ metteur en scène, ex-petit ami de Annie Belle, Ciro Ippolito, qui ouvrit le bal en 1980 avec Alien 2 sulla terra devenu sous nos cieux Le monstre attaque.
Bien peu inspiré semble t-il Ippolito accouche d'un film étonnant par le vide dans lequel il baigne. Le scénario réduit à son strict minimum tente de nous convaincre qu'une capsule spatiale s'est échouée sur Terre après un long voyage dans l'espace. Les astronautes qui l'occupaient ont quant à eux mystérieusement disparu. La capsule contenait d'étranges pierres qui se sont dispersées dans la nature. Un groupe de spéléologues partis explorer une caverne entre en contact avec les pierres ignorant qu'elles contiennent des entités extra-terrestres qui s'incrustent dans le corps humain.
Une fois cette base de scénario acceptée, il faut aussi accepter l'ineptie de la mise en scène, la totale incohérence de l'histoire et l'absence de tout suspens. Voilà qui est beaucoup plus difficile. Souffrant d'un budget quasi inexistant et de surcroit d'un total manque d'enthousiasme tant des acteurs que de toute l'équipe elle même, Ippolito nous propose une véritable série Z d'un ennui sidéral. Aussi peu inspiré que concerné par une histoire qui semble l'ennuyer autant qu'elle nous ennuie mais cependant bien ancrée dans la vague porteuse des films alors en vogue, Ciro Ippolito s'attarde sur des détails futiles, des dialogues d'une stupidité aberrante, des plans inutiles qui s'étirent en longueur afin de pouvoir atteindre au plus vite la durée réglementaire tout en insérant ça et là quelques stock-shots granuleux inesthétiques. Si la première partie de ce Monstre attaque relève de
la science-fiction traditionnelle, la seconde s'oriente définitivement vers le film d'horreur pur et simple si d'horreur nous pouvons ici parler. Un budget réduit au minimum entraine une absence de tout effet spéciaux qui risque de bien décevoir ceux qui pensaient pouvoir se rattraper sur l'aspect gore du produit. Afin de donner vie à ses monstres, Ippolito se contente de gros plans hideux sur une sorte de guimauve rouge, d'un bras mal articulé entraperçu quelques secondes pour vite camoufler la pauvreté des effets mais se permet tout de même un hommage à Giger en nous gratifiant d'une brève vision d'une tête d'Alien. Tous ces plans doivent représenter 5 minutes du métrage déjà bien court en lui même mais on pourra apprécier une jolie décapitation et quelques mutilations grossières mais fort bien colorées en rouge vif!
Cette série Z lénifiante malgré tous ses défauts possède tout de même son petit charme. On pourra saluer les clins d'oeil voulus ou non à une certaine science-fiction anglaise des années 60 notamment Quatermass (la capsule qui revient vide sur Terre) remise au goût du jour en y ajoutant un zeste du film de Ridley Scott et en y incluant un personnage doté de pouvoirs psychiques, ici une télépathe. Bien malheureusement ces efforts tombent très vite à l'eau par l'indigence de la réalisation. Quant aule personnage de la télépathe il devient franchement risible tant il est mal employé et surtout inutile dans ce contexte.
Si on pourra apprécier la beauté de la grotte (le film fut tourné près de Castellana Grotte dans la région de Bari), on regrettera par contre le manque de suspens. Si un tel environnement pouvait prétendre faire naitre une réelle angoisse, sous la férule de Ippolito tout tombe une fois de plus à l'eau et on rit plus qu'on ne sursaute jusqu'au final hallucinant et un peu précipité qui rappellera celui de The descent. Si inexplicablement nos deux héros parviennent à sortir de la caverne, c'est pour trouver une planète désormais déserte. Du film de science-fiction puis d'horreur Alien 2 sulla terra passe au film post-apocalyptique avec son héroïne désormais seule qui court dans les rues ravagées d'une Terre d'où tout être humain a disparu... ravagées étant peut-être un grand mot. Voilà un final inattendu et particulièrement idiot qui certes fait son petit effet mais n'en est pas moins aussi décevant qu'absurde dans la grande tradition de L'avion de l'apocalypse.
On évitera de parler de l'interprétation catastrophique mais on mentionnera la présence de Michele Soavi dissimulé comme la plupart des autres comédiens sous un pseudonyme anglais (Michael Shaw), celle plus surprenante et tout aussi dissimulée de Danilo Micheli échappé du hardcore transalpin et des oeuvres de Alberto Cavallone et celle de l'ex-prince du roman-photo Mark Bodin.
Rythmé par une partition musicale plutôt agréable signée Oliver Onions qui d'une part tente d'imiter les Goblins et d'autre part d'instaurer bien difficilement une certaine tension, Alien 2 sulla terra est très certainement un des plus mauvais ersatz de Alien malgré quelques efforts vite noyés dans un stupéfiant n'importe quoi. Reste un certain charme typique à ce cinéma Bis italien fauché mais cela ne sera pas suffisant cette fois pour faire passer un bon moment à l'amateur le plus assidu. Et ce n'est malheureusement pas le Alien degli abissi de Margheriti qui relèvera le niveau.