Enigma rosso
Autres titres: Red rings of fear / Trauma / Virgin killer / Virgin terror / Orgie des todes / Trafico des menores
Real: Alberto Negrin
Année: 1978
Origine: Italie / Espagne / Allemagne
Genre: Thriller
Durée: 81mn
Acteurs: Fabio Testi, Christine Kaufmann, Ivan Desny, Jack Taylor, Fausta Avelli, Silvia Aguilar, Bruno Alessandro, Taida Urruzola...
Résumé: Le cadavre d'une adolescente de 16 ans au sexe mutilé, Angela, a été retrouvé dans un bâche en plastique au fond d'une rivière. Elle était étudiante au pensionnat Sainte Thérèse où elle avait formé avec trois de ses amies, Franca, Paola et Virginia, une sorte de clan nommé Les inséparables. Chargé de l'enquête l'inspecteur Di Salvo découvre rapidement que les quatre amies participaient en secret à des ballets roses organisés par des hauts notables de la ville durant lesquels elles se prostituaient. Aidé par la petite soeur de Angela, il va tenter de remonter ce réseau de prostitution pour mineures. Hormis les peu coopérantes amies de la victime, il a pour un indice un mystérieux dessin, celui d'un chat, trouvé dans le carnet intime de Angela. Un énigmatique tueur chevauchant une moto se charge d'éliminer les témoins gênants...
Connu sous de multiples titres, Enigma rosso aurait du être le troisième volet de la trilogie débutée en 1972 par Massimo Dallamano avec Mais qu'avez vous fait à Solange puis La lame infernale deux ans plus tard. La mort accidentelle du réalisateur en 1976 freinera le projet et c'est finalement Alberto Negrin, un metteur en scène venu de la télévision dont ce sera la seule réalisation pour le grand écran, qui bouclera la boucle en 1978.
Entouré de pas moins six scénaristes, Negrin reprend les grandes lignes des thrillers adolescents de Dallamano à savoir l'assassinat d'adolescentes peu vertueuses plongées au coeur du vice et de la perversion. Le cadavre d'une jeune fille de 16 ans, Angela, est retrouvée dans une rivière dans une bâche en plastique transparent, le sexe mutilé. Angela était élève au très renommé pensionnat religieux de Sainte-Thérèse et faisait partie d'un clan, Les inséparables, composé de trois de ses amies. Très vite l'inspecteur chargé de l'enquête remarque que les trois jeunes filles ne sont pas aussi innocentes qu'elles en ont l'air. Elles participaient en cachette à des soirées très spéciales organisées par de hauts notables durant lesquelles elles vendaient leur corps. Aidé par la petite soeur de la victime, l'inspecteur va tenter de protéger les trois adolescentes désormais en danger tandis qu'un mystérieux assassin en moto élimine méthodiquement les témoins.
Si on retrouve les principales composantes des deux précédents et illustres films du diptyque de Dallamano, force est de reconnaitre que Enigma rosso est loin d'en avoir la force. Si Negrin offre un travail certes honnête, cet ultime thriller s'avère malheureusement vite bien peu original et son manque de nerf le dessert encore un peu plus. Tourné en Espagne, on retiendra surtout de Enigma rosso certaines séquences dont un interrogatoire mené par l'inspecteur sur un grand 8 en marche alors que le suspect a le vertige et quelques scènes sordides qui devraient ravir l'amateur: le corps nu des jeunes victimes blafardes prisonnières des bâches de plastique transparent qu rappelleront à certains Twin peaks, quelques rapides plans d'orgies entre les mineures et les hauts dignitaires de la ville lors de flashes-back et une certaine complaisance à filmer les adolescentes nues sous la douche et à multiplier les plans de nudité frontale de façon gratuite pour notre plus grand plaisir.
Les effets sanglants ne sont quant à eux guère spectaculaires. ceux qui attendraient de Enigma rosso quelques débordements sanguinolents seront déçus. On ne retiendra d'eux que l'originalité de certains (les billes qui font chuter dans l'escalier une victime) et surtout celui où une pauvre adolescente est tuée à l'aide d'un godemiché sadiquement enfoncé dans le vagin tandis que parallèlement on suit le douloureux avortement d'une de ses amies. Enigma rosso emprunte à La polizia chiede aiuto son tueur à la moto revêtu d'un casque, trop peu charismatique et par conséquent terrifiant, lorsqu'il n'est pas suggéré par un gros plan sur un oeil vert qui observe, épie.
De La polizia chiede aiuto Negrin emprunte également le final et son immoralité bien que cette fois elle n'en ait pas absolument pas l'impact. Et c'est bel et bien là le principal défaut du film, son total manque de force. Réalisé sans grande imagination, platement mis en scène, désavantagé par le manque de conviction dans le jeu des acteurs, principalement des jeunes filles bien peu troublées semble t-il par ce qui leur arrive, il manque à l'ensemble tout l'aspect tragique de cette histoire sordide et l'impact émotionnel qui devrait en découler. Ce qui dérangeait tant dans Solange et La lame infernale laisserait presque ici le spectateur indifférent. En outre, l'amateur aura sans guère de mal dénoué le noeud de l'intrigue et deviné l'identité du tueur même si Negrin tente tant bien que mal de brouiller les pistes. Il s'agit plutôt d'incohérences dues au trop grand nombre de scénaristes qui se sont penchés sur le scénario, menant à une certaine confusion.
On retrouve Fabio Testi, déjà protagoniste de Solange, toujours dans le rôle du commissaire. Malheureusement il est cette fois bien terne et mène son enquête avec trop peu de vivacité jusqu'à perdre sa crédibilité malgré des manières parfois pas très orthodoxes. A ses cotés on reconnaitra Silvia Aguilar dans la peau de sa petite amie kleptomane qui disparaitra sans raison au bon milieu du récit et Taida Urruzola revue quelques années plus tard dans Rush 2 et La patria del rata aux cotés de Danilo Mattei. Quant à la petite Fausta Avelli, elle est loin d'égaler Nicoletta Elmi dont elle ne possède ni la perversité ni le coté inquiétant. N'est pas Nicoletta qui veut!
Sans être un mauvais film, Enigma rosso dont la partition funky jazz est signée Riz Ortolani échoue là où Solange et La lame infernale réussissaient à frapper le spectateur car même s'il souffre quelque peu de la comparaison avec ses deux prédécesseurs, il ne s'élève jamais guère plus haut qu'un banal thriller dont le plus intéressant était cette histoire traitée avec trop de détachement. Il reste un banal exemple d'un genre alors sur le déclin dont on imagine aisément le résultat s'il avait été dirigé par Dallamano lui même! Voilà qui nous rend encore plus amer.