Qualcosa striscia nel buio
Autres titres: Something is crawling in the dark / Something is creeping in the dark / Shadows in the dark
Real: Mario Colucci
Année: 1971
Origine: Italie
Genre: Epouvante
Durée: 95mn
Acteurs: Giacomo Rossi-Stuart, Lucia Bosé, Farley Granger, Stelvio Rosi, Dino Fazio, Angelo Francesco Lavagnino, Giulia Rovai, Paul Muller, Mia Genberg...
Résumé: Deux voitures se poursuivent sous une pluie battante. Dans la première, Spike, un dangereux assassin. Dans l’autre, l’inspecteur Wright et son adjoint. La course s’achève au bout d'une route de campagne suite à l'effondrement d'un pont. Cinq autres personnes, un médecin, son assistante, un couple en pleine crise et un professeur adepte de sciences occultes, sont également bloquées. Toutes vont devoir se réfugier dans un manoir isolé, seule habitation en vue. Ils sont accueillis par la châtelaine, qui au cours du dîner leur raconte la terrible mort de l’ancienne propriétaire, Lady Sheila Marlowe. Elle propose d’organiser une séance de spiritisme pour rentrer en contact avec la défunte qui jadis a assassiné son mari. Le fantôme de Lady Marlowe surgit et commence à errer le long des couloirs sombres. Les invités disparaissent les uns après les autres. Tout cela était il réel ou n'est ce qu'un rêve? Une chose est sûre, la nuit sera longue...
Second et ultime film du réalisateur scénariste Mario Colucci, Qualcosa striscia nel buio tente de renouer avec un certain cinéma d'épouvante très anglais tout en y mêlant quelques ingrédients épars d'un genre alors fort à la mode en ce début d'années 70, le giallo. Si le sujet n'est guère original, un groupe de personnes qui à la base ne se connaissent pas sont contraintes de passer la nuit ensemble dans un lieu étrange, le traitement quant à lui l'est tout aussi peu. Si le film de Colucci se rapproche fortement de Contranatura de Margheriti et L'assassino ha riservato 9 poltrone, il n'en a malheureusement ni la classe ni la force narratrice.
En fait Colucci plagie à tout va Contranatura mais ne parvient jamais à réellement instaurer une atmosphère d'angoisse voire de peur. Si on retrouve les éléments principaux du film d'épouvante traditionnel, une nuit d'orage, la pluie battante, une maison isolée et son étrange propriétaire, les portes qui claquent, la sauce a quelque peu du mal à prendre malgré la bonne volonté évidente du réalisateur.
Toute l'intrigue du film tourne autour d'une présence invisible, celle de Lady Sheila Marlowe, l'ex-propriétaire de la maison qui autrefois a assassiné son mari. Cette indicible présence est le moteur même de l'histoire, une présence qu'on devine, qu'on sent et qui au cours d'une séance de spiritisme va prendre vie à travers un des protagonistes. La tension va dés lors progressivement monter entre deux coups de tonnerre. C'est surtout à travers toute une symphonie de cris et quelques meurtres, trois exactement, que Colucci tente d'effrayer son spectateur. Le procédé est louable mais vu et revu en beaucoup mieux de surcroit, la tentative échoue quelque peu même si certaines scènes font effet. On retiendra surtout du film deux très belles séquences. La première est celle où, Lucia Bosé tandis que le dangereux maniaque arrêté par l'inspecteur joue un air piano ensorcelant, se met à imaginer qu'il l'assaille dans sa chambre. Filmé au ralenti, cette vertigineuse hallucination se présente comme une sorte d'envoutante chorégraphie, où couteau en main, les deux protagonistes se poursuivent en une ronde effrénée qui se terminera par un long baiser.
Le deuxième est justement la séance de spiritisme elle même lorsque l'esprit de Lady Marlowe investit le corps de Giacomo Rossi-Stuart, qui, en transe, les yeux révulsés, se met à parler avec la voix de la défunte. Simple mais toujours efficace d'autant plus que la séquence est très joliment réalisée. Tout aussi efficace est le procédé très usuel auquel a recours Colucci pour attester de la présence du spectre de la châtelaine qui rode dans les couloirs, à savoir zooms et images déformées.
Hormis cela, Colucci opte pour la discrétion. On aurait aimé un peu plus de nerf et surtout plus de séquences telles que ces dernières. On devine la présence de l'entité, on aurait apprécier l'apercevoir. Il va falloir attendre les ultimes minutes pour qu'elle se manifeste enfin, qu'elle semble prendre corps, mais là encore le coup de théâtre final est quelque peu décevant et guère percutant. On laissera donc les survivants de cette nuit de terreur à leurs propres déductions quant à savoir ce qui était réel ou non. Classique certes mais dans ce contexte, c'est au spectateur de rester sur sa faim.
Joliment éclairé par une photographie qui met en valeur les tons rouges et bleus, Qualcosa striscia nel buio n'est pas un mauvais film, il se laisse visionner sans peine et distille par instant un soupçon d'angoisse mais il n'a simplement rien ni d'exceptionnel ni de personnel. On a vu largement mieux dans le même genre et à Qualcosa striscia nel buio on préférera nettement plus Contranatura et son final apocalyptique.
Au générique on retrouvera avec un certain plaisir outre Giacomo Rossi Stuart et la charnelle Lucia Bosé, la mère du séduisant Miguel Bosé, un habitué des productions de cette époque l'américain Farley Granger dans la peau du maniaque, Mia Genberg, une des spécialistes du film d'espionnage et Paul Muller. Les admirateurs de Loredana Nusciak seront de leur coté fortement déçus puisque Loredana qui incarne Lady Marlowe n'apparait que par le biais d'une simple photographie. On aurait préféré la voir errer, spectrale, dans les couloirs sombres du manoir.