Nathalie dans l'enfer nazi
Autres titres: Nathalie rescapée de l'enfer / Nathalie dans l'enfer SS / Nathalie, Fugitive from Hell / Nathalie: Escape from Hell / Nathalie rescued from hell / Campo de perversion
Real: Alain Payet
Année: 1978
Origine: France / Italie
Genre: Nazisploitation
Durée: 102mn
Acteurs: Patrizia Gori, Rudy Taylor, Jacqueline Laurent, Claudine Beccarie, Jacques Marboeuf, Alban Ceray, Richard Lemieuvre...
Résumé: Nathalie Baksova, jeune doctoresse russe, vit une histoire d’amour mouvementée avec Erik, un officier allemand à qui elle a sauvé la vie lors d'un attentat. Nathalie derrière ses fonctions de médecin chef cache une activité plus dangereuse. Elle est e n effet une espionne soviétique que son chef, Vassili, va envoyer en mission dans une forteresse secrète à Stillberg. Elle doit retrouver une espionne anglaise du nom d’Ingrid. Sur place, elle devra d’abord faire face aux avances de Helga, la commandante en chef sadique de la forteresse et organisatrice d'orgies pour SS dans des bordels de luxe. Nathalie y retrouve par le plus grand des hasards Erik. Leur relation est menacée lorsque Helga découvre les activités secrètes de Nathalie...
Après un inénarrable Train spécial pour SS puis un bien plus intéressant Helga louve de Stillberg, le pornographe Alain Payet, toujours pour la célèbre firme française Eurociné, signait ce troisième film, Nathalie dans l'enfer nazi, le meilleur opus de cette trilogie. Tourné conjointement à Helga, si Nathalie... reprend les décors des deux précédents films ce nouvel essai est bien plus un drame de guerre, une tragédie teintée d'érotisme qu'un véritable nazisploitation, sous genre du cinéma d'exploitation italien né du succès d'oeuvres aussi sulfureuses que Salo, Salon Kitty et Portier de nuit.
On suit les aventures de la jeune et belle Nathalie, un médecin de campagne qui exerce quelque part en Ukraine. Elle va se retrouver déportée à la forteresse de Stillberg après avoir été accusée à tort de la mort d'un commandant SS. Si Nathalie est innocente elle est cependant une espionne, un agent secret soviétique. Lorsque la redoutable Helga, commandante en chef de la forteresse, le découvre, tout se complique pour la jeune fille dont les amours avec un officier allemand à qui elle a sauvé la vie sont mis en danger.
Laissant loin derrière lui le coté grotesque des deux précédents films qui trop souvent prenaient l'apparence de farces pseudo-érotiques ridicules, Alain Payet privilégie cette fois l'aspect dramatique du scénario et l'histoire d'amour tragique entre la jolie doctoresse et un officier de la Wermacht. Plutôt soigné dans sa mise en scène, bénéficiant d'une solide interprétation de la part de ses deux protagonistes principaux, Nathalie dans l'enfer nazi s'éloigne avec bonheur des productions Eurociné habituelles. Si on reste tout de même dans le cadre de l'exploitation pure et simple qui use et abuse de toute l'imagerie nazi, le film s'intéresse cette fois plus au destin tragique de cette jeune fille pure et innocente perdue dans l'enfer de la guerre. Là réside bel et bien tout l'intérêt et la force de ce film manichéen.
Manichéen car il repose essentiellement sur la confrontation archi stéréotypée du Bien et du Mal. Nathalie, vertueuse doctoresse, toute de blanc vêtue, romantique et dévouée, est l'incarnation même d'une jeune héroïne de roman-photo à l'eau de rose qui aime à coeur perdu son bel amoureux. Perdue dans la tourmente de la guerre, refusant de vendre son corps après s'être retrouvée prisonnière d'un bordel nazi, Nathalie va devoir affronter Helga, Frau Helga Horstz, la commandante en chef sadique et lesbienne de la forteresse de Stilberg. Helga est le mal personnifié qui aurait pris l'apparence d'une diablesse au rire hystérique toute de cuir noir vêtue se pavanant dans toute une gamme de tenues sadomasochistes absolument incroyables. Haïe des officiers, redoutée des détenues, Helga est certainement un des personnages les plus haut en couleur de cette trilogie, loin, très loin derrière ceux qu'incarnaient sans conviction Malisa Longo dans Helga la louve de Stillberg et Monica Swim dans Train spécial pour SS. L'affrontement de ces deux femmes sera sans pitié et conduira vers un drame inéluctable qui affectera à jamais la vie de la malheureuse Nathalie.
Souffrant d'un budget ridicule, Nathalie dans l'enfer nazi s'éloigne des productions transalpines. Typiquement français dans son esthétisme et sa mise en scène maladroite qui le rapproche des vieilles séries Z de jadis, le film de Payet ne possède pas le coté racoleur des traditionnels eros-svastica. L'érotisme, joliment filmé, fait encore plus rare pour une production Eurociné, se fait ici discret. Déçus seront donc ceux qui attendaient du film cette débauche sexuelle propre au genre qui bien souvent a mis l'accent sur toutes les déviances imaginables. Payet se limite à quelques scènes de sadomasochisme de bon aloi et quelques ébats saphiques. Emerge cependant de cette sagesse une scène qui devrait satisfaire certains inconditionnels, celle où une catin se fait laver le corps et le sexe au champagne par une dizaine de mains fébriles.
Tourné au château de Dampont dans le Val d'Oise, Nathalie dans l'enfer nazi contrairement à Helga louve de Stillberg met fort bien en valeur les décors qu'offre ce très beau lieu médiéval. Sombres et humides, ses caves, ses tunnels et ses cachots, arpentés par la glaciale Helga, jouissif croisement entre Franca Stoppi et Morticia Adams, fouet en main, sont propices aux manoeuvres les plus sinistres et à l'exacerbation des désirs sexuels tout en donnant un cachet presque gothique fort agréable à l'ensemble.
Malgré ses défauts, Nathalie dans l'enfer nazi, bercé par les pleurs des violons qui insistent sur l'aspect tragique, est un film plaisant, presque prenant, qui parvient à maintenir une certaine cohérence dans son scénario. Payet malgré son manque de moyens a réussi à donner vie à une oeuvre réaliste quelque peu à part dans l'éros-svastica qui mérite toute l'attention non seulement des afficionados du genre mais également des autres.
Déjà à l'affiche des précédents nazisploitations de Payet, Patrizia Gori, l'épouse de Franco Lo Cascio, dans le rôle titre prouve une fois de plus qu'elle était une bonne comédienne, fort convaincante et même émouvante dans la peau de cette jeune fille candide, pleine de tendresse, fragile et forte à la fois. dans le rôle de Nathalie. Le film lui doit beaucoup comme il doit beaucoup au vétéran Rudy Taylor qui tourna souvent pour Jess Franco. entre deux grosses productions. Helga, quant à elle, est magistralement interprétée par la française Jacqueline Laurent dont ce fut l'ultime prestation au cinéma qui surjoue son rôle de garce jusqu'à la caricature la plus savoureuse. Claudine Beccarie complète une distribution qui bien heureusement nous évite enfin la présence d'acteurs porno franchouillards particulièrement mauvais et de starlettes cellulitées venues du softcore ou du hardcore, véritable gangrène des productions Eurociné.