Roma come Chicago
Autres titres: Rome comme Chicago / Bandits in Rome
Real: Alberto De Martino
Année: 1968
Origine: Italie
Genre: Polar
Durée: 100mn
Acteurs: John Cassavetes, Nikos Kourkoulos, Gabriele Ferzetti, Anita Sanders, Riccardo Cucciolla, Luigi Pistilli, Guido Lollobrigida, Osvaldo Ruggieri...
Résumé: Deux gangsters, Erico et Corda, dévalisent une poste et s'enfuient. Léa, l'épouse naïve de Corda, ignore la double vie que mène son mari. Quand la police vient l'arrêter, la jeune femme est bouleversée. Erico, amoureux de Léa, tente alors de la séduire mais fidèle à son époux, elle repousse ses avances. Il la tue sans pitié. Quand Corda s'évade de prison il n'a plus qu'une idée en tête: retrouver Erico et venger le meurtre de sa femme...
Réalisé en 1968 par Alberto De Martino, le spécialiste du polar italien à l'américaine, Rome comme Chicago est un des ancêtres du polizesco, un petit polar noir discret au scénario classique, conventionnel, mais efficace qui se rapproche d'oeuvres telles que La legge dei gangsters / La loi des gangsters et surtout des futures productions de Carlo Lizzani notamment Banditi a Milano. A l'origine, le film s'intitulait d'ailleurs Banditi a Roma.
De Martino met ici l'accent sur le mal de vivre qui règne sur Rome tout en tentant de reprendre les grands classiques du banditisme à l'américaine transposés cette fois à l'ombre du Colisseo. L'histoire est simple: deux voyous que tout oppose, un citoyen apparemment modèle qui mène une double vie, marié et père d'un enfant, un gangster propre, imperméable et lunettes noires, qui ne tue jamais et un marginal, sanguinaire et nihiliste, un motard habillé de cuir noir, sont recherchés par la police suite à divers hold-up. Comme bien souvent, il faut reconnaitre à De Martino un certain sens de la mise en scène, une réalisation efficace, sans temps mort ni faiblesse. Si dans un certain sens le titre est quelque peu mensonger puisqu'on est ici bien loin de la violence de Chicago, Roma come Chicago américanise cependant la capitale qui n'est pas jamais montrée sous ses meilleurs auspices.
Loin des images cartes postales pour dépliant touristique, Rome dans laquelle s'égarent nos personnages baigne ici dans un climat sombre dû aux effets rétroactifs du boom économique des années soixante, cette peur, le refus de la nouveauté d'une société de consommation où la violence est devenu une sorte de code moral. Contrairement aux polizeschi des années 70, Rome n'est pas encore cette métropole décadente infestée de voyous et rongée par la corruption. Le film pourra donc paraitre bien sage aux yeux de ceux qui d'un polar attendent un déferlement de violence et de poursuites automobiles. Ils devront cette fois se contenter de quelques hold-up, quelques fusillades peu impressionnantes et poursuites en voitures à travers la ville. Sagesse ne signifie pas forcément ennui. Rome come Chicago dont le scénario demeure toujours crédible bénéficie d'un rythme alerte tandis que les différents protagonistes sont intelligemment montrés sous différentes facettes ce qui les rend par instant attachants.
Si la violence envahit la ville éternelle elle est encore pourtant une ville belle et scintillante, très joliment mise en valeur par la superbe photographie de Aldo Ponti, bercée par la superbe partition musicale signée Ennio Morricone et Bruno Nicolai.
On saluera d'une part l'interprétation de John Cassavetes, juste, professionnelle, parfaite et d'autre part celle de l'acteur grec Nikos Kourkoulos, les deux principaux protagonistes de ce petit polar noir aux tons psychédéliques aujourd'hui oublié. A leurs cotés, on appréciera la présence de la belle Anita Sanders et d'une foule d'acteurs dont l'excellent Gabriele Ferzetti qui campe avec force le commissaire et Luigi Pistilli.