La nottata
Autres titres:
Real: Tonino Cervi
Année: 1974
Origine: Italie
Genre: Erotique / Comédie dramatique
Durée: 95mn
Acteurs: Sara Sperati, Susanna Javicoli, Giorgio Albertazzi, Giancarlo Prete, Martine Brochard, Claudio Cassinelli, Max Delys, Angelo Pellegrino, Giuliana Calandra, Riccardo Berlingeri, Aldo Bonamano, Emilio Locurcio, Francesco Bagagli, Delio Cioni, Luciana Pasin...
Résumé: Suzy et Angela, deux jeunes filles libres et libérées, ne se connaissent pas. Elles font connaissance de façon inopinée et ensemble, elles vont passer une nuit complète dans les rues de Milan afin de donner libre cours à tous leurs désirs et fantasmes, passer outre toutes les transgressions. Elles vont vivre au fil de leurs rencontres et des lieux qu'elles visitent...
Réalisé en 1974 par Tonino Cervi, La nottata est certainement le film le moins connu mais également le plus curieux du metteur en scène des Sorcières du lac et de 5 gâchettes d'or. La nottata est en fait un croisement entre le street movie et la comédie érotique, une virée nocturne dans le Milan des années 70. Deux jeunes files qui au départ ne se connaissaient pas vraiment se rencontrent au cours d'une nuit et vont vivre ensemble toute une série d'aventures tour à tour drôles, dramatiques, étranges mais surtout érotiques.
Délimité dans le temps, l'espace et l'action, une nuit à Milan où tout et n'importe quoi peut arriver, l'intrigue est dénuée de tout schéma narratif. Les aventures que vivent les deux jeunes filles se suivent sans réel lien, au rythme de leurs rencontres, des lieux dans lesquels elles se trouvent. Ce qui pourrait être au départ un handicap ou pourrait en gêner certains n'est jamais que le reflet de tout ce qui peut arriver au cours d'une nuit, l'image même du hasard, des circonstances. Les péripéties s'enchainent les unes aux autres, inégales certes, plus ou moins passionnantes mais cependant jamais ennuyantes. Bien au contraire, il se dégage assez vite du film quelque chose de fascinant, presque irréel comme peut l'être une ville la nuit ou tout simplement la nuit elle même. La nottata s'en vouloir être un documentaire sur la vie nocturne milanaise nous plonge dans l'univers décadent de Milan, une sorte de concentré des moeurs d'alors où sexe, drogue et alcool se mêlent aux peurs et à l'excitation qu'engendrent la nuit.
Tout vivre en une nuit, aller au delà des transgressions tel est le souhait de ces deux jeunes filles, donner libre cours à leurs fantasmes, franchir les interdits. Travestis et homosexuels se croisent dans une atmosphère de déliquescence suave où bisexualité, liberté sexuelle, relation triolique sont de mise. Vice et décadence bourgeoise sont également dépeints dans une ambiance cette fois qui parfois rappelle le polar noir américain, parfaitement incarnés par une Martine Brochard, joliment perverse et débauchée.
La nottata s'inscrit parfaitement dans le filon du cinéma d'alors, cette peinture non seulement de l'Italie et ses meours mais aussi celle de la femme moderne et libérée des années 70 où Cervi n'évite pas certains stéréotypes sans que cela ne nuise vraiment à l'histoire.
Original, le réalisateur parvient parfaitement bien à capter l'essence même de la nuit, à mettre en image toutes ces sensations, ces sentiments qui naissent en son coeur, à dépicter ces personnages aussi divers soient ils qui la peuplent, leurs joies, leurs peines, leur misère d'âme mais aussi toutes ces pulsions qui les envahissent et libèrent leurs sens. La nuit tout n'est il pas justement possible... permis jusqu'à ce que l'aube ne les rappelle à la raison?
Teinté d'une touche d'érotisme légère, tout auréolé d'un zeste de scandale, La nottata nous offre quelques moments superbes tels que la scène des bains publiques et de la piscine, celle du cinéma porno, de l'invitation à la demeure de la bourgeoise dépravée ou encore celle, très belle, avec Raul Casadei. Bénéficiant d'une superbe photographie qui met aussi bien en valeur ce Milan nocturne que les fabuleux décors intérieurs, rythmé par une agréable partition musicale aux accents jazzy où domine le saxophone, La nottata, fortement estampillé années 70, est doté d'une interprétation solide, avec en tête Sara Sperati dont le look sophistiqué rappelle celui de Daria Nicolodi et la regrettée Susanna Javicoli, plus psychédélique et naturelle.
A leurs cotés, on appréciera le torse musclé de Giancarlo Prete qui s'essaie un peu timoré aux relations homosexuelles, Martine Brochard, altière et vicieuse en bourgeoise dépravée sans oublier l'ex-petit prince du roman photo Max Delys en gangster factice que ses admirateurs pourront enfin mais trop brièvement admirer nu lors de la fabuleuse séquence de la piscine. On notera la présence éclair mais remarquée de Claudio Cassinelli et Giorgio Albertazzi dans la peau d'un travesti.
Toujours aussi actuel, et c'est là un bel atout, La nottata qui dans son ambiance a tout des films noirs américains ne semble pas avoir vieilli aujourd'hui. Il en émane toujours cette même étrange fascination qui donne au film un de ses principaux intérêts.