Al tropico del cancro
Autres titres: Le tropique du cancer / Peacock's place
Real: Edoardo Mulargia
Année: 1972
Origine: Italie
Genre: Giallo
Durée: 90mn
Acteurs: Antonio De Teffé, Gabriele Tinti, Anita Strindberg, Umberto Raho, Stelio Candelli, Alfio Nicolosi, Kathryn Witt...
Résumé: Le docteur Williams vit à Port-au-Prince depuis de nombreuses années. Si en apparence il est un docteur voué à ses patients, ceci n'est qu'une couverture pour dissimuler ses réelles activités: la recherche en fabrication de drogues. Il vient d'ailleurs de mettre au point un puissant aphrodisiaque qu'il a soigneusement caché. C'est alors qu'un vieil ami et son épouse arrivent à Port-au-Prince. Leur arrivée coïncident avec le meurtre des deux assistants du docteur. L'invention de Williams en intéressent plus d'un dont un certain Peacock, un malfrat obèse et pédophile. Petit à petit les morts commencent à tomber autour de Williams alors qu'une chasse à l'aphrodisiaque commence au son des tam-tam des cérémonies vaudou locales...
Edoardo Mulargia, un des pères du western spaghetti, s'offre en 1972 une parenthèse dans le giallo même si c'est dans le sens étroit du terme que Tropique du cancer / Al tropico del cancro de Edoardo Mulargia doit être pris. Assisté d'un jeune réalisateur Gian Paolo Lomi qui tourna uniquement certaines scènes de folklore local et de vaudou, Mulargia livre ici une oeuvre à la croisée du giallo et du film érotico-exotique alors très en vogue. Le tropique du cancer est un thriller particulier en ce sens qu'il mélange les bases du giallo traditionnel au film de vaudou. Entièrement tourné en effet à Haïti, c'est dans une ambiance assez spéciale, celle des rites vaudou, que se déroule l'intrigue. S'il s'éloigne donc des gialli à la Argento, on y retrouve tout de même le mystérieux et implacable tueur ganté qui progressivement élimine l'entourage d'un scientifique ayant découvert la formule d'un aphrodisiaque puissant dont il aimerait découvrir le secret.
Tout conventionnel soit il, Le tropique du cancer se démarque avant tout par son atmosphère très spéciale, cette ambiance moite, pesante presque oppressante dans laquelle le film baigne, son décor exotique, celui de Port-au-Prince, une ville qui vit aux rythmes des tam-tam sur lesquels les autochtones en transe ne cessent de danser. Au crédit du film également l'aspect hallucinatoire de certaines séquences totalement hypnotiques notamment celle qui n'est pas sans rappeler le prologue du Venin de la peur où, sous l'effet d'un puissant hallucinogène, une jeune femme est en proie à un délire fantasmatique érotique absolument surprenant qui devrait en laisser plus d'un pantois d'admiration. On sera également sous l'emprise des cérémonies et danses vaudou qui scandent une bonne partie du film, plus particulièrement le long final, la traque haletante du tueur lors d'une cérémonie de mariage indigène.
Plutôt intéressant est ici le parallèle fait entre la violence des traditions vaudou que perpétuent les autochtones noirs et la guerre impitoyable que se livrent les blancs pour trouver la fameuse drogue.
L'érotisme est omniprésent, multipliant les plans de nudité, en totale harmonie avec ce contexte tropical propice à enflammer les sens. On pourra aisément rapprocher Le tropique du cancer des oeuvres de Vivarelli notamment Il dio serpente mais également de certains mondos puisque par instant le film se transforme en une sorte de semi-documentaire.
C'est peut être là un de ses défauts car par moment Mulargia semble oublier qu'il tournait au départ un giallo, ces longues séquences toute envoûtantes soient elles pour certains peuvent à juste titre en ennuyer plus d'un d'autant plus qu'elles cassent quelque peu un rythme déjà mollasson au départ. C'est là un des autres défauts du film, une mise en scène peu fluide, par instant ennuyante, peu aidé par un scénario souvent incohérent et décousu surtout lors de sa première partie. Mulargia donne parfois l'impression de ne pas savoir quelle orientation donner au film en tentant mélanger trop de genres à la fois d'où un déséquilibre général un rien gênant.
S'il n'est pas très sanglant, Le tropique du cancer comporte néanmoins quelques jolies scènes sanguinolentes dont le meurtre de Stelio Candelli jeté dans un puits, le visage brûlé, les mains écrasées.
Original ce giallo méconnu l'est certainement de par le lieu de l'action et son intrigue un brin particulière mais également son étonnante distribution parmi laquelle on appréciera la toujours aussi élégante Anita Strindberg, Gabriele Tinti qui délaisse enfin les seconds rôles pour un personnage de premier plan, Umberto Raho, Stelio Candelli et Antonio De Teffé, acteur fétiche du réalisateur avec lequel il tourna de nombreux westerns.
On soulignera également une agréable partition musicale signée Piero Umiliani même si on a connu le compositeur beaucoup plus inspiré.
Malgré ses défauts, Le tropique du cancer est un très honnête divertissement, un sympathique giallo exotique que l'amateur aura plaisir à découvrir.