Maria Baxa: l'oubliée des Balkans
Si toute une pléiade de stars et starlettes étoilèrent l'horizon du cinéma de genre transalpin, certaines d'entre elles nous venaient non pas d'Italie mais d'autres contrées européennes. Ainsi la Scandinavie nous apporta Anita Strindberg ou Sirpa Lane, d'Allemagne nous vinrent Karin Schubert et Barbara Bouchet, Nieves Navarro quitta l'Espagne pour embraser l'Italie tandis que des pays de l'Est débarquèrent Zora Kerowa, Eva Czemerys et cette plantureuse blonde aux yeux bleus qui malheureusement ne trouva guère ses marques au pays de Dante.
Malgré ses atouts et un physique fort avantageux, le cinéma ne sut pas réellement utiliser ses talents de comédienne. Tout au long de sa carrière, elle fut surtout reléguée à des rôles de second plan dans des productions le plus souvent érotiques jusqu'au jour où, lasse, elle préféra abandonner l'univers du 7ème art. Le Maniaco se devait d'honorer cette actrice qui aux yeux de ses nombreux admirateurs continue d'éblouir aujourd'hui encore le ciel du cinéma Bis italien. Voici retracé en quelques coquins paragraphes le parcours de la charmante Maria Baxa.
Originaire de l'ex-Yougoslavie, Maria Baxa de son véritable nom Marija Baksa est née le 15 avril 1946 à Belgrade. Elle fait ses premiers pas à l'écran dans son pays natal en 1967 à tout juste 21 ans. Elle décroche un petit rôle dans Bokseriidu u raj de Branko Celovic, une tragédie qui conte les péripéties d'un boxeur alcoolique, avant d'apparaitre trois ans plus tard en 1970 dans un des films qui marqua l'histoire du cinéma serbe Mlad i zdrav kao ruza de Jovan Jovanovic. Longtemps censuré pour avoir parler ouvertement de la mafia qui sévissait alors à Belgrade, le film dont Maria est une des principales protagonistes apporte à la jeune comédienne une certaine notoriété dans son pays.
Elle quitte pourtant Belgrade la même année pour l'Italie afin d'y tenter sa chance. Très vite remarquée, elle fait la couverture du New cinema dés septembre 70 puis fait rêver bon nombre de lecteurs trois mois plus tard en s'étalant sur trois pages dans le magazine Playmen qui la surnomme Falce di luna.
Cinecitta ne tarde pas à ouvrir ses portes à cette pulpeuse blonde aux grand yeux bleus dont la carrière italienne démarre en 1971 dans un film à sketches de Giovanni Grimaldi Le belve. Maria y interprète l'épouse de Lando Buzzanca. En 1972 elle est au générique d'une autre comédie signée cette fois Steno Il terrore con gli occhi storti aux cotés d'un tout jeune Enrico Montesano et Lino Banfi. Elle est ensuite à l'affiche de La vengeance du sicilien / Torino nera de Carlo Lizzani dans lequel elle joue une prostituée.
Toujours en 1972 Maria apparait aux cotés d'acteurs aussi prestigieux que Charles Bronson et Lino Ventura dans Joe Velachi i segreti di cosa nostra / The Velachi papers, coproduction franco-italienne tournée en anglais signée Terence Young. Malgré l'affiche prodigieuse, Maria n'y a malheureusement une fois encore qu'un trop court rôle mais elle fait cette année là la une de l'édition américaine de Playboy.
Malgré sa beauté et son talent Maria ne parvient pas à réellement percer en Italie. Elle restera définitivement cantonnée aux seconds rôles.
Alors que le cinéma érotique et la sexy comédie sont en plein essor, Maria va de plus en plus être sollicitée pour apparaitre dans ce type de productions, exhibant plus ou moins généreusement ses atouts. On la voit ainsi dans Boccaccio et Il prode Anselmo e il suo scudiero deux décamérotiques signées Bruno Corbucci puis dans l'adaptation du roman du réalisateur Loris Pittoni Un amore cosi fragile cosi violento aux cotés de Fabio Testi. Maria n'en oublie pas pour autant son pays d'origine et tourne dans un épisode de la série Obraz u obraz.
La pulpeuse comédienne va alors disparaitre durant trois années avant de revenir sur le devant de la scène en 1976 dans une nouvelle comédie érotique à sketches au titre fort explicite Spogliamo senza pudor de Sergio Martino. Maria n'y fait qu'une très furtive apparition tant et si bien qu'elle n'est pas créditée au générique. Engoncée sous une perruque brune, on la retrouve dans un rôle beaucoup plus conséquent dans la comédie péplum d'une absolue niaiserie de Mariano Laurenti Per amore di Poppea dans lequel elle incarne une Poppée totalement désinhibée qui, impudique, dévoile fièrement son corps nu. Ce sera également le seul et unique film dont elle sera la protagoniste principale. Dés lors, Maria va se retrouver à l'affiche de polissonneries de plus en plus osées dont Incontri molti ravvicinati del quarto tipo de Mario Gariazzo qui reste à ce jour son film le plus audacieux. Nue une bonne partie du film, elle y interprète également de torrides scènes saphiques avec sa partenaire Monica Zanchi, des scènes si enflammées que des doublures durent se substituer aux deux actrices.
On la voit ensuite dans la peau d'une photographe de mode pour Candido erotico, une historiette d'amour à l'eau de rose plutôt niaise teintée d'un zeste de perversion dans laquelle rayonnent Lilli Carati et le bellâtre fadasse Mircha Carven. Elle tournera une ultime comédie en 1978 Belli e brutti ridono tutti de Domenico Paolella avant de tenter une reconversion dans un tout autre genre, le polar. Malheureusement, en cette fin de décennie, le polizesco est alors moribond et les quelques productions qui parviennent encore à émerger sont à l'image de l'agonie de ce type bien particulier de films. Elle est Cora, la belle-soeur d'un homme retrouvé mort dans le soporifique Flics à abattre de Franco Prosperi où on peut fort heureusement l'admirer une fois encore nue avant de retrouver Paollela pour un tout aussi peu nerveux Gardenia il giustiziere della mala dans lequel elle interprète l'épouse d'un gangster mafieux. Elle fera une dernière la une de Playboy pour l'édition italienne cette fois tandis qu'en France, toujours plus sexy, elle fera de nombreuses fois la couverture du célèbre magazine Ciné-revue.
Désillusionnée, le cinéma de genre agonisant en ce début d'années 80, Maria retourne à Zagreb où elle retrouve le haut de l'affiche avec la fresque Kiklop de Antun Vrdoljak dont une série télévisée sera tirée dans laquelle Maria joue également. En 1983 toujours en Yougoslavie, elle tourne le thriller Davitelj protiv davitelja. Elle tentera un ultime retour en Italie en 1988 en acceptant de participer à L'affaire Russicum / Russicum i giorni del diavolo de Pasquale Squiltieri.
A 43 ans, Maria, naturalisée italienne, mettra alors un terme à sa carrière et s'en retournera dans sa Yougoslavie natale pour y commencer une nouvelle vie loin des média et se consacrer désormais à l'architecture. Maria décède malheureusement le 14 novembre 2019 à Zagreb à l'âge de 76 ans.
Si elle reste une des plus flamboyantes actrices venues des pays balkans, Maria n'a pourtant pas su se faire une place au soleil. Elle a dû se contenter d'être un éternel second rôle à l'ombre des plus grands, une injustice qui eut raison de sa carrière. Elle restera pourtant pour un grand nombre d'entre nous une des plus belles et talentueuses comédiennes qui sans jamais avoir tourné de grands films aura su marquer nos esprits bissophiles. Maria nous te saluons comme il se doit.