Mil gritos tiene la noche
Autres titres: Le sadique à la tronçonneuse / Pieces / Mutilator man / Maniac
Real: Juan Piquer Simon
Année: 1982
Origine: Espagne
Genre: Horreur
Durée: 89mn
Acteurs: Christopher George, Linda day George, Gérard Tichy, Paul L. Smith, Edmund Purdom, Ian Sera, Frank Brana, Jack Taylor, Hilda Fuchs, Roxanna Nieto, Cristina Cotrelli, Leticia Marfil, May Heatherly, Silvia Gambino, Carmen Aguado...
Résumé: Une mère surprend son enfant entrain de jouer avec un puzzle érotique. Folle de rage, elle le gifle et l'insulte avant de fouiller sa chambre, certaine de découvrir d'autres preuves de la perversion de son fils. Le bambin se saisit d'une hache et tue sa mère avant de la décapiter. Quarante plus tard après ce terrible drame, l'assassin est relâché. Revêtu d'un long manteau noir et d'un chapeau, il erre sur un campus et ne tarde pas à décimer les étudiants. En les découpant en morceaux à l'aide d'une tronçonneuse, il essaie de constituer un puzzle humain...
Produit par Dick Randall et Steve Minician qui avait déjà travaillé avec Sean Cunningham sur Vendredi 13, Le sadique à la tronçonneuse qui n'entretient aucun rapport avec le film de Tobe Hooper restera dans les mémoires pour avant tout deux choses: l'abondance des effets sanglants et l'incroyable absurdité du film.
Juan Piquer Simon réalisateur capable de passer du meilleur au pire avec une déconcertante aisance donne ici sa vision du slasher à l'américaine avec cette histoire farfelue et décousue dont le point de départ est la gifle que donne une mère à son fils après l'avoir découvert entrain de confectionner un puzzle coquin. La réaction du bambin ne se fait pas attendre puisque furieux d'avoir été puni il tue sa mère en la découpant à la hache puis à la scie. Quarante ans plus tard, notre assassin non plus en culottes courtes mais revêtu d'un long manteau noir, un chapeau sur la tête (certains y verront peut être un clin d'oeil au giallo) est de retour bien déterminé à exterminer la jeunesse d'un lycée.
Si le scénario ne fait preuve d'aucune originalité, c'est surtout face à tant de bêtise qu'on reste confondu. Si on ne compte plus les incohérences et illogismes qui se multiplient au fil des minutes encore moins les erreurs de montage, c'est avant tout le ridicule de certaines séquences qui laissent pantois. Comment par exemple ne pas éclater de rire face à notre assassin qui prend l'ascenseur en même temps que sa pauvre victime, sa tronçonneuse simplement cachée derrière son dos? Cacher une tronçonneuse est certes plus difficile que de dissimuler un couteau mais il y a des limites à ne pas franchir à moins de s'orienter vers
la parodie ce que Le sadique à la tronçonneuse n'est pas à première vue. En fait, le film se veut une réplique espagnole au slasher d'outre atlantique alors fort en vogue dont le but principal est de satisfaire dixit le réalisateur lui même nos instincts les plus vils à travers une multitude de scènes choc. C'est peut être là le seul véritable intérêt du Sadique à la tronçonneuse. Les amateurs de gore seront en effet aux anges puisque s'accumulent les décapitations, les mutilations diverses, les corps coupés en deux, effusions de sang... A ces effets sanguinolents signés Basilio Cortijo qui n'ont rien à envier à ceux de Savini s'ajoutent bon nombre de plans de nu tant féminin que masculin sans oublier, cerise sur le gâteau, le plan d'une extrême gratuité où une jeune femme urine de peur. Cette audace graphique, cette gratuité ne surprendront guère à une époque où un certain cinéma ibérique post-franquiste s'en donnait alors à coeur joie dans l'outrance. Le sadique à la tronçonneuse tout comme bien d'autres films tels que Au delà de la terreur de Tomas Aznar ne sont que de parfaits exemples de ce cinéma d'horreur qui faisait une part belle à l'exagération.
Dans tout ce joyeux massacre et ses litres d'hémoglobine, il ne restera plus au spectateur jubilant qu'une seule chose à faire, tenter de découvrir qui est l'assassin que Piquer Simon prend bien soin de dissimuler en le réduisant à une simple silhouette engoncée dans ses lourds vêtements. Ainsi les coupables potentiels se font légion.
Tourné en partie à Boston avec une majorité de comédiens anglophones (Christopher George et son épouse Linda Day George, Paul Smith qui n'a jamais autant ressemblé à Bud Spencer, mais également Ian Sera l'acteur fétiche du réalisateur) qui récitent des dialogues d'une étonnante niaiserie, Le sadique à la tronçonneuse est un slasher désastreux mais (in)volontairement hilarant, un produit d'exploitation fastidieux et ridicule qui prouve combien Piquer Simon détestait le genre comme il le clamait alors haut et fort.
Après 90 minutes d'enquête où l'inspecteur découvre ce que le spectateur aura compris dés les premières minutes, le film se conclura de manière bien improbable lors d'un final aussi drôle que catastrophique. Sadique l'assassin l'est indubitablement tout comme Piquer Simon l'est aussi en se moquant ainsi du genre et du spectateur qui ne mourra certainement pas de peur mais plutôt de rire tout en satisfaisant ses basses envies de carnage et sa soif de sang.