Il dio serpente
Autres titres: La possédée du vice
Real: Piero Vivarelli
Année: 1970
Origine: Italie
Genre: Erotique
Durée: 90mn
Acteurs: Nadia Cassini, Beryl Cunnigham, Sergio Tramonti, Evaristo Marquez, Galeazzo Benti, Juana Sobreda, Arnaldo Palacios, Claudio Trionfi, Koike Mahocco ...
Résumé: Paola est mariée à un industriel beaucoup plus âgé qu'elle. Il l'emmène en voyage de noces aux Caraïbes. Elle y fait la connaissance de Stella, une institutrice autochtone passionnée d'astrologie. Elle lui sert de guide alors que son mari est plus intéressé à jouer les voyeurs. Paola découvre les rites et coutumes des indigènes et se retrouve plongée dans l'univers du vaudou et de ses danses tribales. Stella lui parle alors de Djambala, le dieu serpent, qui a pris l'apparence du fiancé de l'institutrice. De plus en plus fascinée par Djambala, Paola se laisse aller à ses fantasmes, mais sont ce des fantasmes, lorsque son époux trouve la mort dans un accident d'avion. Le premier amour de Paola la rejoint alors. Paola va céder à la tentation et s'adapter aux rites des indigènes. Elle se donne au dieu serpent et laisse son fiancé à Stella...
Réalisé par Piero Vivarelli sur un scénario de Ottavio Alessi, Il dio serpente s'inscrit dans le riche filon des films exotico-érotiques ouvert deux ans plus tôt avec Bora Bora de Ugo Liberatore. Vivarelli à qui on doit l'année suivante Le décameron noir mais également un autre film érotico-exotique le rarissime Nella misera in cui tente ici de mettre en image sa fascination d'occidental pour un monde, ici les Caraïbes, où la sexualité ne fait qu'une avec la religion à travers un couple, Paola, une jeune fille de 20 ans mariée à un industriel beaucoup plus âgé qu'elle, Bernard. Alors que Bernard joue les voyeurs durant les différentes fêtes locales de cette île sur laquelle il a emmené son épouse, Paola fait la connaissance de Stella, une institutrice autochtone férue d'astrologie qui va lui servir de guide. Sa rencontre avec Djamballa le dieu serpent lors d'une cérémonie vaudou va bouleverser sa vie.
Passionné par l'histoire de l'Afrique et des afro-américains, Vivarelli tente surtout ici de mettre en parallèle deux cultures opposées à travers la religion: le christianisme occidental, celui de l'Homme blanc et le paganisme de l'Homme noir. Le vaudou, la magie, l'occultisme sont donc le moteur d'un film où rêves, hallucinations et réalité se confondent le plus souvent mais dans lequel Vivarelli ne prend jamais parti ni pour l'un ni pour l'autre. Il reste neutre dans cette démonstration plutôt osée pour l'époque d'autant plus que hormis cette confrontation religieuse, il se permet de prôner la tolérance sexuelle via des amours interraciales. Ainsi en toute fin de film, les couples s'échangeront. Paola partira avec l'incarnation du dieu serpent, Djamballa, tandis que Stella restera avec le fiancé de Paola, désormais veuve depuis la mort de Bernard dans un accident d'avion. On peut donc voir Il dio serpente comme un hymne à la tolérance quel qu'elle soit.
Il dio serpente met également en exergue un autre thème beaucoup moins exploité cette fois, celui de la destinée de tout un chacun et le rôle primordial qu'elle joue dans la vie de tout être humain. Malheureusement le sujet est trop délaissé pour apporter une quelconque réponse aux questions existentielles que chacun peut se poser.
Vivarelli préfère s'attarder sur de longues scènes qui font vite ressembler le film à un beau voyage touristique où les protagonistes se prélassent sur les plages enchanteresses au cours de somptueuses promenades. L'ennui gagne assez vite le spectateur d'autant plus frustré que l'érotisme est cette fois fort timide contrairement aux autres oeuvres du même acabit. C'est à peine si on nous dévoile un sein où si on ose un nu ne serait ce que dorsal. Les scènes d'ébats demeurent particulièrement sages mais le plus regrettable est que Vivarelli est incapable ici de créer le moindre climax, la moindre tension sexuelle, indissociable pourtant des séances vaudou et autres rites tribaux.
C'est peut être là le principal défaut de Il dio serpente qui risque d'engendrer assez rapidement déception et ennui chez le spectateur en attente d'un spectacle moite et envoûtant à l'instar de bon nombre d'autres oeuvres du même genre. Outre cette absence de tout potentiel sexuel on déplorera également l'absence de cet extraordinaire pouvoir magique provenant des longues séquences de transe au demeurant bien filmées. Privé de ces deux principaux éléments, de cette fabuleuse et étonnante dimension érotique où se mêlent avec fureur sorcellerie et sexualité, le film de Vivarelli ne décolle pas vraiment et finit par se laisser regarder d'un oeil distrait.
Restent au crédit de cette oeuvre mineure la beauté des Caraïbes et de ses paysages, une superbe partition musicale signée Augusto Martelli, quelques bonnes scènes notamment celle non simulée d'un sacrifice vaudou où une chèvre est décapitée puis vidée de son sang sous l'oeil voyeur de la caméra, celle où Paola semble s'évaporer dans les airs alors qu'elle rentre dans l'eau bleu de la mer ainsi que les séquences de transe et enfin quatrième et ultime atout du film, ses deux actrices principales, Nadia Cassini et Beryl Cunningham.
Nadia alors tout juste 20 ans dont c'était le premier véritable rôle à l'écran après une participation à de dégage quelque chose de sauvage et troublant à la fois malheureusement mal exploité par Vivarelli qui se contente de simplement mettre en valeur son corps et son regard. Très exigeante du fait de son rang (elle venait d'épouser le comte Cassini), Nadia fit des siennes lors du tournage rendant fou par instant Vivarelli notamment pour les scènes où elle devait apparaitre nue. le réalisateur confie également qu'elle ne pouvait s'empêcher de faire l'amour sans quoi disait elle ses seins tombaient. C'est ainsi qu'elle eut une aventure avec un électricien sur le tournage. Nadia se verra par la suite cantonnée à des rôles de personnages légers dans des sexy comédies de second plan jusqu'à sa disparition publique au début des années 80 suite à un dramatique accident dû à une intervention chirurgicale ratée qui la priva d'une oreille.
Beryl Cunningham quant à elle découverte par Alberto Cavallone en 1969 pour La salamandre, elle fit partie des black diva du cinéma d'exploitation transalpin sans jamais atteindre la popularité de Zeudi Araya. Mariée au réalisateur, Beryl vit sa carrière vite réduite à quelques apparitions dans un certain nombre de petits films mineurs avant sa retraite en 1983 après une ultime participation dans Les exterminateurs de l'an 3000. On soulignera la présence de Evaristo Marquez, le protagoniste de Queimada, dans le rôle de Djamalla.
Si notre héroïne est dixit le titre français plutôt mal adaptée ici possédée par le vice c'est très certainement une somnolence sournoise qui prendra possession du spectateur embarqué dans ce voyage sans relief au coeur des rites vaudou. Voilà qui est bien dommage!
Il dio serpente fut pourtant un énorme succès au box office italien puisqu'il engrangea pas moins de 750 millions de lires. Il s'approcha sans le battre de Zabriskie point de Antonioni, une oeuvre qui ironiquement traitait elle aussi de contre culture.
Soulignons qu'il ne faut pas confondre Il dio serpente avec Black Emanuelle en Asie / Emanuelle nera: orient reportage également retitré en France lors de sa sortie en salles La possédée du vice!