Jus primae noctis
Autres titres:
Real: Pasquale Festa Campanile
Année: 1972
Origine: Italie
Genre: Comédie érotique /Decamerotique
Durée: 110mn
Acteurs: Lando Buzzanca, Renzo Montagnani, Marilu Tolo, Felice Andreasi, Toni Ucci, Paolo Stoppa, Clara Colosimo, Ely Galleani, Guido Lolobrigida, Gino Pernice, Giancarlo Cobelli, Enrica Bonaccorti, Bruno Boschetti,...
Résumé: Ariberto Da Ficulle règne en maître sur les terres dont il a hérité et proclame lui même lois et décrets comme bon lui semble. Il use et abuse de ses pouvoirs tant sur le peuple que sur ses "femmes". Gandolfo, un manant, vif et intelligent, se hisse à la tête d'une rébellion afin de détrôner Ariberto d'une part et surtout tenter d'épouser la belle Venerata, jeune femme aux ordres et désirs du seigneur...
Dans la longue liste des "décamerotiques", genre né du succès du Décameron de Pier Paolo Pasolini, dés le début des années 70, Jus primae noctis fait un peu figure d'exception. Cette seconde incursion de Pasquale Festa Campanile dans le film médiéval après un peu fructueux La cintura di castità et surtout l'excellent La calandria tourné la même année est en effet difficilement classable. Trop subtil pour s'apparenter au cinéma de genre mais trop vulgaire pour être un véritable film d'auteur, Jus primae noctis, écrit par Ugo Liberatore, est un mélange particulièrement fin des deux, l'union réussie entre la trivialité d'un cinéma populaire et la subtilité d'un cinéma historique plus raffiné.
Ayant bénéficié comme sin illustre prédécesseur de moyens confortables, une des grandes forces de Jus primae noctis est l'interprétation grandiose de Lando Buzzanca qui domine ici tout le film et livre une performance d'acteur étonnante, écrasant sans mal le reste de la distribution à l'exception de Renzo Montagnani, futur roi de la sexy comédie salace, en qui il trouve un partenaire de qualité digne de son talent.
Prêt aux manigances les plus viles, Buzzanca est un tyran sans foi ni loi, sadique à souhait, toujours prêt à instaurer les pires décrets tout en abusant de son pouvoir. entre viols et , ne décrète t-il pas pouvoir déflorer plus de trente jeunes épouses à la suite, une des séquences qui reste une des meilleures du film. Montagnani est quant à lui à la tête de la rébellion du bas peuple, personnage à la fois ironique et incisif.
Toujours aussi cynique et acide, Campanile a ici trouvé le ton juste, l'équilibre parfait entre le coté très populaire de l'ensemble, la crédibilité d'un personnage comme celui de Buzzanca qui rapidement aurait pu sombrer dans le ridicule et la facilité et toute une brochette de protagonistes haut en couleur et fort attachants tels que celui du Pape, du voleur de poules ou de la jeune épouse prête à donner sa virginité à son patron.
Campanile comme à son habitude livre un regard clair, lucide, loin de tout manichéisme sur cette traditionnelle lutte des classes où il prend objectivement parti pour les plus faibles mais toujours avec un certain recul.
Mené tambour battant, Jus primae noctis, tourné au château de Caetani di Sermoneta et rythmé par une jolie partition musicale signée Riz Ortolani, est certainement un des décamérotiques les plus vivaces et brillants mais surtout un des plus intelligents du point de vue historique pour sa tentative de discours social tout en sachant garder les éléments de base inhérent au genre, à savoir la salacité, le sexe et la nudité toujours fort généreuse.
On mentionnera tout spécialement la présence de la toujours sublime Marilu Tolo qui récite les seins nus une grande partie du métrage afin de satisfaire les désirs du despote que joue Buzzanca.