Giubbe rosse
Autres titres: Bill Cormack / Bill Cormack le fédéré / Cormack of the mounties / Red coats
Real: Joe D'Amato
Année: 1975
Origine: Italie
Genre: Aventures
Durée: 82mn
Acteurs: Fabio Testi, Guido Mannari, Lynne Frederick, Lars Bloch, Renato Cestié, Claudio Hungar, Wendy D'Olive, Lionel Stander, Daniele Dublino, Geoffrey Copleston, Bruno Corazzari...
Résumé: Bill Cormack fut autrefois très ami avec Cariboo. Après une longue séparation, ils se retrouvent. Cariboo est mariée à une jeune chanteuse mais il est surtout devenu un joueur professionnel invétéré et violent. Après avoir tué un homme, Cormack doit l'arrêter. Cariboo parvient à s'enfuir. Ce sera désormais entre eux la guerre. Les années passent. Cormack a épousé Elisabeth avec laquelle il a eu un fils, Jimmy. A la mort d'Elisabeth, Jimmy est élevé par une indienne. C'est alors que Cariboo le kidnappe. Cormack se met alors à sa poursuite. Une traque impitoyable commence alors à travers les étendues enneigées du Canada...
Peu connu du grand public, ce film risque de fort étonner ceux qui de D'Amato ne connaissent que sa période post 75 et ses excès aussi sanguinolents que sexuels. Joe D'Amato qui en ce temps sévissait surtout sous son véritable nom Aristide Massacessi a comme bon nombre de ses confrères tâté de nombreux genres dont la décamérotique (Sollazzevoli storie di mogli gaudenti e mariti penitenti et Novelle licenziose di vergini vogliose), le film de guerre (Eroi all'inferno) et le giallo fantastique (La morte ha sorriso all'assassino).
Avec Giubbe rosse c'est à un étonnant mélange auquel il s'essaie puisque, malin, il tente de marier le film d'aventures familial en reprenant la trame de Croc-Blanc comme venait de le faire à deux reprises Lucio Fulci puis Tonino Ricci, le western qui amorçait son lent déclin et un genre alors très populaire en Italie, le lacrima-movie. On en retrouve les différentes composantes: les terres enneigées du Canada, un chien nommé Buck et un jeune enfant joué par la star du genre: Renato Cestié, indispensable si on voulait alors
faire pleurer des rivières aux familles italiennes. On fait se poursuivre deux rivaux à travers les plaines canadiennes recouvertes de neige en multipliant les rebondissements tout en prenant soin à ce que jamais ne coule la moindre goutte de sang lors des affrontements. On mélange le tout et on obtient ce très joli divertissement qui devrait ravir de nombreux enfants et de nombreuses familles un après-midi d'hiver ou un soir de pluie.
S'il n'y a rien de très original ici, D'Amato se contente simplement de revisiter Zanna Bianca_ à sa façon, Giubbe rosse sorti en édition vidéo en France sous le titre Bill Cormack le fédéré est un agréable petit film qui vaut surtout pour la qualité et le rythme de sa mise en scène et les multiples péripéties que vivent les protagonistes même si elles sont loin d'être toujours crédibles. Mais qu'importe, on est ici proche du joli conte pour enfants qui de leur coté feront fi de ce manque de logique pour n'en retenir que le coté distrayant et totalement ludique.
Le souffle de l'aventure se mélange à celui cette fois glacial du vent qui fouette Fabio Testi, le Bill Cormack du titre français, parti à la poursuite de son diabolique frère qui a enlevé son jeune fils afin de se venger d'avoir voulu le faire emprisonner. Entre bûches et embûches cette traque impitoyable est loin d'être de tout repos mais D'Amato n'oublie jamais d'y ajouter cette ombre d'humanité, ce vent léger de douce sentimentalité afin de rougir l'oeil de son spectateur, forcément ému par les apparitions de Buck, le fidèle chien loup.
Le principal défaut du film est, voilà bien qui risque de surprendre, l'interprétation particulièrement transparente de Fabio Testi, mono expressif et bien peu convaincant cette fois. Il se fait voler la vedette haut la main par Guido Mannari, hybride entre Tomas Milian et Don Backy, qui incarne ici Cariboo, le frère indigne et vindicatif de Testi, prêt à tout pour mener à bien sa guerre personnelle contre lui. Dans ce western des neiges on retrouvera à leurs cotés quelques pointures du genre Lars Bloch, Lionel Stander, tous deux trop peu présents malheureusement et bien entendu le jeune Renato Cestié et sa sempiternelle coupe au bol qui reprend son rôle habituel d'enfant bien rudoyé par la vie. Fort heureusement il n'est pas ici le personnage principal, ses détracteurs pourront donc souffler.
On remarquera la présence de Lynne Frederick en chanteuse de cabaret certes très jolie mais dont on aurait pu nous épargner l'interminable chanson qu'elle est heureuse semble t-il de chanter, seule véritable fausse note de ce film sans prétention tourné non pas au Canada mais dans les montagnes italiennes qui ravira les plus petits comme les plus grands.
Avec les deux Zanna bianca de Fulci et celui de Tonino Ricci, cette quatrième histoire forme donc un parfait équilibre et c'est avec un réel plaisir qu'on pourra les enchainer, un chocolat chaud à la main.