Le couteau sous la gorge
Autres titres: Knife under the throat / Delitto alla moda
Real: Claude Mulot
Année: 1986
Origine: France
Genre: Giallo
Durée: 77mn
Acteurs: Florence Guérin, Brigitte Lahaie, Alexandre Sterling, Natasha Delange, Pierre Londiche, Jean-Pierre Maurin, Francis Lemmonier, Emmanuel Karsen, Caroline Fabre, Malvina Germain...
Résumé: Catherine, jeune fille fragile et mythomane, est modèle pour une revue érotique dirigée par l'intransigeante Valérie. Après qu'une série de photos de charme prises dans un cimetière ait été publiées, un mystérieux tueur semble vouloir attenter à la vie de Catherine qui ne cesse de se faire attaquer. Malheureusement personne ne la croit. Elle trouve refuge un soir chez son nouveau voisin, Nicolas, un jeune étudiant qui tombe vite amoureux d'elle. C'est sans compter Valérie qui va séduire le jeune homme et le lui voler. C'est alors que l'ex-fiancé de Catherine, un homme violent en quête d'argent, la recontacte et la menace tandis que les cadavres continuent à tomber autour de Catherine. La jeune femme est elle folle ou un dangereux maniaque tente t-il réellement de l'assassiner?
Le giallo, genre spécifique au cinéma italien, connut son apogée au début des années 70. C'est alors que le style cinématographique est moribond depuis déjà bien des années que le françaisClaude Mulot, surtout connu pour ses films érotiques de bas étage et un temps réputé pour l'intéressant La rose écorchée, tente de le faire étrangement revivre en réalisant Le couteau sous la gorge. Le problème n'est pas qu'un réalisateur français lui redonne vie en utilisant des éléments typiquement italiens pour mieux les coller sur un cadre quant à lui bien français, c'est justement l'assemblage lui même, bien trop compact, qui fait plus ressembler ce Couteau sous la gorge à un énorme patchwork souvent indigeste qu'à un vrai giallo.
On retrouve pèle-mêle une jeune et fragile héroïne qu'on pense être folle, un ex-fiancé violent, un photographe au pied bot sadique et alcoolique, une directrice d'agence nymphomane, un jeune voisin trop sage et une concierge défigurée qui passe son temps une cisaille à la main. On y ajoute une légère touche de sexe et un brin d'érotisme bon marché afin de transformer l'ensemble en une sorte de sexy giallo sans oublier d'y intégrer l'indispensable assassin, vêtu de noir et haletant, qui tue à l'arme blanche ses victimes après les avoir appelées au téléphone en déguisant sa voix. Ce sont ici les rues de Paris, un immeuble, une décharge publique, une piscine d'une incroyable laideur et un cimetière qui servent de décor dans lequel court le meurtrier contrairement au réalisateur qui lui ne court derrière aucune logique et cohérence. Une chose est sûre, il connait tous ses classiques qu'il copie sans souci de réalisme pour mieux tuer ses jeunes modèles au nombre de trois, précisons le.
De 6 femmes pour l'assassin à Nu pour l'assassin, Le couteau sous la gorge mange à tous les rateliers. Si le mélange avait ou aurait pu avoir un certain charme et prendre la forme d'un gentil hommage au genre, il se transforme malheureusement vite, très vite en une sorte de ragoût irlandais ridicule et absurde.
En 77 petites minutes Claude Mulot a réussi à mettre tout ce qu'il pouvait y entasser jusqu'à oublier qu'il avait une histoire à raconter tant et si bien qu'il s'en débarrasse dans les dix dernières minutes en massacrant ce qui reste de la distribution sans oublier de révéler l'identité de son tueur dans ce qui restera un des finals les plus grotesques et risibles que le genre ait connu. Filmé dans un pitoyable commissariat de police qui ferait passer celui d'un Julie Lescaut pour un décor hollywoodien, tant la mort du meurtrier que ses motivations laisseront pantois avant qu'un magistral éclat de rire ne s'empare du spectateur.
Que reste t-il donc de cette malheureuse tentative à la française? Un Paris hivernal plutôt attrayant, une partition musicale synthétique assez angoissante et une distribution qui n'a d'alléchant que l'apparence.
Que les admirateurs de Brigitte Lahaie ne se réjouissent pas trop vite puisqu'elle n'a ici qu'un rôle de seconde zone fort sage puisqu'on ne compte qu'un seul et bref plan de nu lors de sa mort. S'il existent, ceux de Florence Guérin, déjà héroïne de La Vénus noire de Mulot et brève sexy starlette des années 80, se contenteront de la voir courir à demi-nue et poser en tenue sexy dans un cimetière puisque le reste du temps elle se contente d'avoir peur en roulant des yeux de merlan frit, un exploit vu ses talents quasi inexistants de comédienne. Quant à Alexandre Sterling fraîchement sorti de La boum, il tentait ici d'oublier les bras de Sophie Marceau qu'il n'aurait jamais dû quitter. S'il fait illusion en jeune premier roucoulant dans les bras de Brigitte et Florence, il restera le meurtrier le plus ridicule de l'histoire du giallo. Une vraie performance à ce titre ou une reconversion ratée qui lui valut l'oubli.
Ce sera l'ultime film de Claude Mulot qui tristement mourra noyé l'année suivante.