Senza via d'uscita
Autres titres: La machination / No way out
Real: Piero Sciumé
Année: 1971
Origine: Italie
Genre: Giallo
Durée: 89mn
Acteurs: Philippe Leroy, Marisa Mell, Lea Massari, Roger Hanin, George Rigaud, Nando Favella, Enzo Di Pietro...
Résumé: Michèle et Gilbert, un banquier, sont mariés. De leur union est né un enfant. Un matin alors que Gilbert est au travail, leur enfant est enlevé dans sa chambre. Une rançon de plusieurs millions de dollars leur est demandé sans que la police ne soit mise au courant. Gilbert devra les voler à sa banque. Derrière les apparences les choses sont cependant différentes. Gilbert a une maîtresse qui elle même a un amant, un étrange photographe qui est également l'amant de Michèle. L'enlevement n'est qu'un machiavélique subterfuge tentant de profiter de la folie de Michèle. Celle ci ne s'est jamais remise de la mort de leur enfant trois ans auparavant et l'a remplacé par une poupée. Mais dans cette horrible machination qui tire réellement les ficelles?
Réalisé par l'énigmatique Piero Sciumé dont ce fut le seul et unique film, le tout aussi énigmatique Senza via d'uscita fait aujourd'hui partie de ces films oubliés qui resurgissent de temps à autres, véritable petite curiosité pour l'amateur de pellicules obscures.
Produit par Pier Luigi Torri, aventurier dandy notoire des nuits branchées romaines des années 70, Senza via d'uscita est un petit giallo psychologique morbide dont le prinicipal attrait est d'avoir été entierement tourné à Stockholm.
Senza via d'uscita tourne autour du rapt d'un bébé, le fils d'un employé de banque à qui une forte rançon est demandée. Il va devoir voler cette somme à sa banque s'il veut revoir son enfant.
Plus que du rapt c'est autour de la folie d'une femme traumatisée par la mort de son enfant que s'articule l'intrigue du film. Et c'est sur cette folie que repose la diabolique machination orchestrée par les protagonistes tous plus haïssables les uns que les autres à savoir le mari, sa maîtresse et l'amant de l'épouse, un photographe. Tout serait simple si les relations qui existent entre eux n'étaient pas si complexes. La maîtresse du mari est également l'amant du photographe lui même amant de la malheureuse épouse, une relation dont le mari connait et accepte par dépit l'existence.
Tous tirent donc les ficelles de ce complot chacun de leur coté tandis qu'une rançon de quelques millions de dollars en est l'enjeu. On l'aura compris le rapt de l'enfant n'est qu'un terrible subterfuge afin de profiter d'une mère qui n'a jamais accepté la mort de celui ci trois ans plus tôt. Elle a lentement sombré dans la folie et remplacé son fils par une poupée qu'elle chérit, une situation destructrice qu'a du accepter plus ou moins contraint et forcé son mari.
Sciumé signe un film très lent où il ne se passe rien ou si peu de choses mais d'où suinte une étrange aura de mystère, une atmosphère curieuse à travers de laquelle on a du mal à entrevoir les tenants et les aboutissants de cette histoire. Quelques séquences tout aussi étranges parfois fascinantes entretiennent ce climat d'étrangeté notamment les longs flashes-back où Michèle se revoit avec son enfant jouant sur la plage avant qu'il ne disparaisse comme avalé par le néant, la marche des mannequins qui prennent vie ou les photos de Michèle qui défilent tant sous nos yeux que dans l'esprit de son mari avant qu'elles aussi ne prennent vie, illustration d'une folie dont cet homme accablé est aussi atteint à sa façon. On n'oubliera pas la fabuleuse et assez inattendue séquence de la mort de Michèle, violente et brutale.
Plus qu'autour de l'aliènation d'une femme Senza via d'uscita repose tout simplement sur l'aliènation d'un couple, une relation devenue impossible entre deux êtres à jamais perturbé par cette mort. Le titre qu'on peut traduire par sans aucune voie d'issue prendra tout son sens lors des ultimes images où même si le complot à fonctionné, la vie de cet homme ne sera plus qu'un long cauchemar dont il ne sortira jamais.
Au crédit du film, les jolies compositions de Philippe Leroy et Marisa Mell, souvent bouleversantes. Philippe Leroy est un mari éteint, zombifié, à bout de nerfs, à la fois déterminé, terrifié et pathétique. Marisa Mell en plus d'être une épouse traumatisée est avant tout d'une beauté éblouissante, une beauté dont profite Sciumé qui nous offre un véritable défilé de photographies qui mettent en valeur son regard exceptionnel mais également son corps. Signalons que ces tous clichés sont dûs à Angelo Frontoni, un des photographes du magazine Playboy.
A leurs cotés, nous serons étonnés de retrouver un Roger Hanin tout jeune dans le rôle du photographe, impitoyable, cruel, dont la mort brutale en réjouira plus d'un tandis que Lea Massari, trop en retrait, n'apparait que lors de quelques trop rares séquences.
Correctement mis en scène malgré sa lenteur extrême qui risque d'en dérouter certains, on pourra reprocher à Senza via d'uscita son coté alambiqué qui débouche sur un final peu crédible. En voulant être trop complexe Sciumé égratigne quelque peu la logique de l'ensemble. On aura un peu de mal à croire à ce complot machiavélique engendré par une situation de départ trop tirée par les cheveux.
Senza via d'uscita ne laissera pourtant pas indifférent. S'il n'est pas un giallo psychologique incontournable, il n'en demeure pas moins un film à découvrir par tous les admirateurs de ce type d'oeuvres d'autant plus que son extrême rareté en fait presque un film de collection.