FAQs
Autres titres: Prends moi
Real: Everett Lewis
Année: 2005
Origine: USA
Genre: Drame
Durée: 86mn
Acteurs: Joe Lia, Allan Louis, Lance Lee Davis, Adam larson, Joshua Paul, Art Roberts, Minerva Vier, Justin Meloni, Ber Fox, Vince Parenti, Thomas Magazeno, Tara Nova...
Résumé: India a été mis à la porte de chez lui aprés que son père ait appris son homosexualité. Il survit en se prostituant et en tournant dans des petits fillms pornos gay minables. Un soir il est attaqué par deux homophobes. Sauvé in extremis par un travesti, Destiny, Lia se lie d'amitié pour l'homme qui va l'héberger. Il rencontre alors Spencer, un jeune garçon militant activiste gay dont il tombe amoureux. Spencer va inculquer à India ses idées et lui donner la force de militer en lui transmettant son hétérophobie. Aux cotés de Destiny, ils vont combattre les dangers que représentent les hétérosexuels quitte à devoir les éliminer. C'est alors que India retrouve un des deux homophobes qui l'avait attaqué. Sentant en lui un homosexuel refoulé, il va tenter de le convertir mais c'est sans compter son ami...
Nouveau réalisateur phare du cinéma gay indépendant américain depuis le début des années 2000, Everett Lewis s'était déjà fait repéré avec le trés beau Luster où, sur fond d'une Amérique ensoleillée, il mettait en scène à travers un panel de jeunes paumés toutes les désillusions des gays à trouver un jour l'amour. Réalisé deux ans plus tard, FAQs joliment rebaptisé Prends moi pour sa sortie française vient casser tout la légèreté du romantisme ombrée de désillusion en faisant place à un fracassant militantisme gay non dénué pourtant lui aussi d'un certain romantisme.
L'objectif de Lewis était faire la peinture d'une culture gay fière de ses statuts et de ses valeurs qu'elle défend pied et poings liés, une apologie du monde gay qui combat non seulement pour ses positions mais également contre certains clichés véhiculés à travers les médias qui ternit l'image de l'homosexuel aux yeux des hétérosexuels qui pour la communauté représentent une grave menace.
De ce postulat naît un film qui pourra déranger mais qui ouvrira cependant bien des débats enflammés. FAQs est en effet un film qu'on pourra qualifier de hétérophobe. Pour Lewis, l'hétérosexuel est une grave menace qu'il faudrait éradiquer s'il ne peut être converti. Il est la source de toutes les intolérances et des graves problèmes que rencontre la communauté gay. FAQs se transforme vite en une sorte de fable activiste dont le leitmotiv serait en quelque sorte un bon hétéro est un hétéro mort. Tuons donc les hétéros.. si on ne peut pas les convertir! Radical oui mais ce que laisse sous entendre voire comprendre FAQs sous forme d'allusions fort suggestives et au travers de dialogues qui ne laissent place à aucune ambiguïté.
Et la conversion est bel et bien au programme du film. Le jeune héros aprés avoir tuer ce bel homophobe, "casseurs de PD" va le retrouver et sentir en lui un homosexuel refoulé qui n'attend que l'instant où il pourra faire son coming-out, ce que fera avec plus de mal et de douleur son compagnon. Une belle histoire à deux, puis à tois puis quatre naitra ainsi.
Car derrière son militantisme exacerbé, FAQs se veut aussi une belle romance. On suit donc le jeune India, adolescent que son père a jeté à la rue aprés avoir découvert son homosexualité. India vit au jour le jour de la prostitution et arrondit ses fins de mois en tournant dans des films gay pornos minables. Un soir il est agressé par deux homophobes et sauvé de justesse par un étrange travesti, Destiny, qui le recueille chez lui. Cette rencontre va permettre à India de s'affirmer et surtout de connaître Spencer, un jeune activiste forcené dont il tombe amoureux. Spencer va donner la force à India de militer et l'enrayer dans les rangs de cette armée contre l'hétérosexualité qu'il combat férocement.
La base de l'histoire n'est guère originale, la prostitution juvénile est un thème récurrent du cinéma gay actuel, la belle histoire d'amour entre beaux jeunes paumés encore moins, c'est ainsi que débutent souvent les belles fables réalistes. Pour Lewis, la jeunesse de la rue est le coeur du gay power, les travestis représentent eux l'anarchie. Il ne pouvait donc pas situer ailleurs cette histoire. Ce qui l'est moins ici c'est cet étrange mélange de romantisme masculin hollywoodien et cette virulente levée d'armée. Et armée est bel et bien le mot à utiliser puisque pour Lewis la revendication de soi passe par la destruction de l'autre. On ne se défend plus on attaque sans
même avoir peur de tuer. Les protagonistes du réalisateur sont un peu comme des super héros qui vous change définitivement et bien sûr positivement à leur seul contact. Ils peuvent ainsi faire apprécier aux pires des homophobes les plaisirs sodomites. Les gays de Lewis, tous différents soient ils les unes des autres, large vision de la communauté, ont pourtant un point commun, tous rêveraient de s'exiler dans un monde uniquement homosexuel dont ils rejoindraient l'armée. Ceci n'étant qu'une utopie, ils se rassemblent donc dans la rue et livrent leur combat contre cet héterocentrisme en se mobilisant pour s'en protéger.
Les gays de Lewis combattent le Mal, ne désirent que le Bien et vénèrent le sexe. Le sexe est une arme comme l'est leur beauté dont ils se servent pour appâter l'hétéro. Les homosexuels de Lewis sont fiers de leur corps et de ce qu'ils sont d'où les préceptes de Destiny: être nu deux heures par jour. Et parmi ses autres préceptes: avoir des relations sexuelles toujours protégées et ne prendre aucune drogue. Voilà qui peut trancher avec le ton vif du film. Attaquer et même tuer est normal, se droguer ou ne pas utiliser de préservatif est inadmissible. Voilà qui est clair mais dans le monde utopique de Lewis, ce monde parfait régi par l'homosexualité être sain et faire attention à soi coule de source. C'est tout simplement la façon de le dire qui est non seulement ambiguë mais également maladroite.
C'est peut être là le problème du film. D'une part le message véhiculé est à double sens et surtout poussé à l'extrême. Il aurait peut être fallu plus de nuance afin d'éviter une certaine confusion dans le message délivré qui risque d'être (trés?) mal perçu par un certain public. Combat on l'homophobie par l'hétérophobie jusqu'à rêver d'un génocide hétérosexuel? D'autre part, ce mélange d'activisme forcené et de romantisme prend mal ici. Le mariage des deux ne fonctionnent pas réellement d'autant plus que le film manque de cette émotion qui aurait été la bienvenue. Les personnages secondaires sont trop laissés en arrière plan pour qu'on s'intéresse réellement à eux, mal définis, mal dessinés quant à leurs idées et idéaux. Quant aux protagonistes principaux, ils sont là encore trop flous, trop peu cernés pour pouvoir distiller un brin d'émotion ou de sentimentalisme et surtout qu'on croit un tantinet soit peu à cette histoire.
La direction d'acteur et l'interprétation sont par contre excellentes et sont une des grandes forces du film avec soyons honnêtes la beauté des jeunes comédiens, Joe Lia en tête, sorte de lutin fantasmatique, dont Lewis ne perd pas une miette en les déshabillant afin de nous faire goûter à la perfection de leurs corps. Les scènes de sexe sont superbes, pleines de tendresse et de pudeur bercées par une trés jolie partition musicale. Sous l'oeil de la caméra, Lewis fait d'un baiser ou d'un corps à corps un moment d'homo-érotisme intense et ensoleillé qui devrait en faire fantasmer plus d'un. En ce sens FAQs n'est pas vain.
Prends moi qui se conclura par une volcanique citation "Un baiser entre deux hommes est un tremblement de terre pour le monde hétéro", sorte d'ironique pied de nez final aux hétérosexuels, doit être vu non pas au pied de la lettre mais comme une fable utopique radicale, un monde gay idéal tel qu'en rêverait le réalisateur et peut être certains spectateurs. Ainsi FAQs perd un peu de sa férocité. Il reste en tout cas le film préféré du réalisateur dont il tire une grande fierté.
Il est une chose que nous partageons ici au Maniaco: un monde où les plaisirs sodomites seraient maître!