Savana violenta
Autres titres: La savane violente / Mondo violence / Savage man savage beast 2 / Mondo diavolo / This violent world / Savage world / Sabana violenta / Hombres salvajes bestias salvajes 2e parte
Real: Antonio Climati / Mario Morra
Année: 1978
Origine: Italie
Genre: Mondo
Durée: 93 mn
Acteurs: Giuseppe Rinaldi ( Narrateur)
Résumé: Les réalisateurs nous entraînent au coeur des terres sauvages d'Australie et en Orient afin de nous y faire découvrir non seulement la cruauté animale mais aussi celle de l'Homme face aux animaux. Ils nous font aussi découvrir les rites étranges et parfois barbares de peuplades dites primitives...
Suite au succès inattendu de Ultime grida dalla savana / Savage man savage beast Mario Morra et Antonio Climati, pionniers du du mondo movie avec Gualtiero Jacopetti qui produisirent ses désormais célèbres Mondo cane et Addio zio Tom, mirent en chantier trois ans plus tard cette suite connue sous de multiples titres. Savana violenta a été en effet rebaptisé selon les pays où il fut distribué dont Mondo violence ou encore Mondo diavolo. Elle forme avec Ultime grida della savana et Sweet and savage, leur troisième opus, ce qu'on appelle la "savage trilogy".
Cette séquelle nous entraîne principalement en Australie et en Orient à la découverte de rites et coutumes toujours aussi extraordinaires tout en reprenant le parallèle que le premier opus tentait de faire entre la violence du règne animal et celle de nos sociétés dites civilisées, thème récurrent au monde. Un déroulant informe d'ailleurs que pour plus de véracité le film fut tourné dans le cadre d'un certain cinéma-vérité afin d'illustrer de la meilleure manière qui soit la violence de notre monde. Ironique et fort drôle!
Savana violenta suit scrupuleusement le modèle des autres mondos et ne diffère guère de son prédécesseur. Après une belle ouverture sous un rougeoyant coucher de soleil et une envolée d'oiseaux sous les chants angéliques d'enfants, nous voilà plongés au coeur de la savane. Chasses, poursuites, festins, le règne animal on le sait est particulièrement cruel et la caméra filme sans relâche la mort de pauvres animaux dont des petits singes pourchassés par un redoutable chat sauvage.
A la terrible mais naturelle chaîne de la vie s'opposent les chasses que l'Homme pratique tant pour sa survie que pour son propre plaisir. Au menu, la capture par des tribus d'indigènes de phacochères et d'iguanes dépecés vivants sous l'oeil voyeur de la caméra, la chasse aux éléphants et aux crocodiles, des zèbres qu'on alcoolise à grandes rasades de
whisky, le massacre de requins blancs réduits en charpie face à la caméra juste avant qu'elle ne filme les restes du cadavre d'une adolescente retrouvée dans l'estomac d'un de ces redoutables squales. A la barbarie de ces scènes se substitue l'émotion de la séquence des tortues géantes atteintes d'une maladie musculaire les empêchant d'expulser leurs oeufs. Un groupe de scientifiques vont les extraire en plongeant leurs mains à l'intérieur de leurs organes génitaux avant de les remettre à l'eau. Toujours au programme, un classique du genre, les diamants cachés par des trafiquants dans l'estomac de bovidés. Les policiers sont alors obligés de les retirer de leur panse en plongeant leurs bras à l'intérieur de l'anus des pauvres animaux, les réalisateurs se faisant un malin plaisir à montrer les excréments maculant les mains des autorités.
Après une courte visite des égouts de New-York où on peut trouver alligators et boas constrictor errants on s'intéresse ensuite aux travers et bizarreries des sociétés qualifiées de primitives ou sous développées dont l'univers stupéfiant des fakirs. On en apercevra ainsi un se transperçant les joues à l'aide d'aiguilles géantes avant qu'il ne se tranche la langue au couteau, moult détails accompagnant l'incroyable séquence. Plus sordides sont les visions de malheureux pénitents, mendiants et autres laissés pour comptes agonisants sur le sol ou la découverte d'indigènes atteints par la maladie du rire. Les malheureux, au bord de la folie, comme possédés, sont alors abattus sans pitié. Ce passage a quelque chose à la fois de morbide et de fascinant, hypnotisant et dérangeant. On retrouve là cette traditionnelle
admiration pour la mort propre au mondo toujours aussi hypocritement commentée de façon solennelle par une voix-off condescendante, celle de Giuseppe Rinaldi qui fut la voix italienne de Marlon Brando et Paul Newman entre autres, bercée par une partition musicale sirupeuse.
Mais Savana violenta doit avant tout sa réputation à deux séquences particulièrement fortes dont une fake fabriquée pour les besoins du film par les réalisateurs eux mêmes. La première est celle des avortements pratiqués par les indigènes d'une petite île. Les jeunes filles enceintes se laissent tomber assises du haut d'un arbre afin de tuer le foetus qu'elle porte afin d'éviter ainsi que le taux de population de l'île ne s'accroisse dangereusement et ne mette en péril la survie de leurs autochtones. Le foetus est alors arraché du ventre de la mère puis enterré au pied de "l'arbre de vie" afin qu'il renaisse au pays des Dieux. Afin d'accroître le degré d'horreur, les cris et pleurs des jeunes femmes ont été fort maladroitement doublés en studio.
La seconde séquence, entièrement mise en scène par Morra et Climati cette fois, est celle de l'exécution publique d'un jeune homme surpris entrain de voler dans un village dévasté par un tremblement de terre quelque part au Guatemala. Après un tour de village durant lequel l'objectif s'attarde sur le corps des victimes, iI est aussitôt attaché à un piquet et fusillé sous l'oeil des témoins. Afin de rendre cette scène très bien tournée et plutôt choquante encore plus réaliste, la caméra n'hésite pas à se mettre à trembler tandis que le montage se fait plus nerveux. Elle se clôturera par l'arrivée du chien gémissant de la victime se couchant à coté de son malheureux maître. Les gémissements de l'animal ont été là encore rajoutés en studio afin d'hypocritement accroître toute l'horreur de la scène.
Toujours dans le cadre des exécutions, on mentionnera celle d'un jeune indigène mis à mort par une tribu sous l'oeil de la caméra. Les farouches guerriers n'acceptant pas qu'on les filme brisent alors la caméra qui tombe à terre et continue de filmer l'agonie du jeune homme sous les cris de la tribu et les commentaires toujours aussi condescendants du narrateur. On devine bien évidemment la mise en scène. Cannibal holocaust n'est plus très loin!
Malgré le coté horrifique de certaines de ses séquences, Savana violenta qu'accompagne une très belle et sirupeuse partition musicale signée des frères De Angelis n'est pas dénué d'humour, régulièrement présent tout au long du film par le biais d'enchainements parfois volontairement drôles et d'une bande musicale souvent décalée qui prête par instants à rire.
Ce deuxième opus du tandem devrait donc amplement satisfaire les amateurs de ce genre si souvent décrié qu'est le mondo.
En 1983 sortira l'ultime épisode, Sweet savage / Dolce e selvaggio, qui n'est en fait qu'un assemblage des précédents mondos de Climati et Morra.