Manaos
Autres titres: Violence à Manaos / Evasion de l'enfer / Rebelion en la selva
Real: Alberto Vázquez Figueroa
Année: 1980
Origine: Italie / Espagne / Mexique
Genre: Aventures
Durée: 92mn
Acteurs: Fabio Testi, Jorge Rivero, Jorge Luke, Agostina Belli, Andres Garcia, Florinda Bolkan, Alberto De Mendoza, Milton Rodrigues, Carlos Nieto, Carlos East, Mike Moroff, John Fonseca, Alfredo Wally Baron, Miguel Angel Fuentes...
Résumé: Au siècle dernier, à Manaos, un riche magna règne en maître sur une exploitation de caoutchouc. Une femme, prisonnière, y sert de défouloir sexuel aux hommes et aux indiens. Deux des esclaves vont alors tenter de la délivrer et de s'enfuir avec elle à travers la jungle. Ils sont aidés par un indien. Leur évasion va mener à une guerilla durant laquelle les hommes du camp et les esclaves vont se retourner contre ceux qui les exploitent...
Avant toute chose il est intéressant de faire plus ample connaissance avec le réalisateur du film dont le nom a de fortes chances d'évoquer bien peu de choses chez le novice. Alberto Vázquez Figueroa est en réalité un écrivain espagnol qui durant sa jeunesse fut également à la tête de quelques révolutions en Amérique du Sud et en Afrique. Manaos est en fait l'adaptation d'un de ses romans, second et ultime film que l'écrivain réalisa lors de sa courte carrière de metteur en scène.
Violence à Manaos connu également sous le titre Evasion de l'enfer nous entraîne au coeur du Brésil dans un camp de travail perdu au milieu de la jungle. Un riche industriel, maître d'une exploitation de caoutchouc, y donne une femme afin de satisfaire les désirs sexuels de ses hommes et des indiens. Deux des esclaves vont alors tenter de la délivrer et de s'enfuir du camp aidé par un indien avant de se venger de leurs anciens maîtres.
Si l'histoire fait irrésistiblement penser à ces films d'aventures exotiques qui sentent bon le sang et la transpiration, Violence à Manaos malgré un titre évocateur risque de décevoir. Si par instant on songe aux films de Mulargia tels que Les évadées et sa séquelle, le film de Figueroa en est pourtant assez loin. Manaos est en effet plutôt avare de scènes choc et la fameuse violence promise par le titre est ici distillée au compte-gouttes. C'est à peine si on a droit à quelques gouttes de sang lors de meurtres à la machette et autres égorgements tandis que la fureur sexuelle est plus suggérée que montrée. En ce sens, la séquence du viol collectif en frustrera plus d'un. Ceux qui s'attendaient donc à des débordements sanguinolents et une profusion de violence débridée seront cette fois bien déçus. Tout reste à l'état d'amorce, d'étincelle mais le feu ne prend pas.
Si Figueroa reste donc particulièrement sage la mise en scène manque quant à elle cruellement d'énergie, beaucoup trop mollassonne pour venir ébranler la gentillesse de l'ensemble. Tout semble tourner au ralenti tant et si bien que l'ennui gagne peu à peu le spectateur. A aucun moment il ne retrouve la force de ses romans ni même l'aspect politique qui les caractérise et devait être un des objectifs premier du film.
Au bout du compte, Violence à Manaos est un petit film d'aventures tropicales bourré de personnages stéréotypés et manichéens, un simple film d'exploitation qui débouchera dans sa deuxième partie sur une sorte guérilla bien peu explosive où le réalisateur tente enfin de développer ses idées jusqu'au final fort prévisible. Malheureusement on reste encore et toujours dans le suggéré et la révolution de Figueroa manque cruellement d'ampleur et surtout de force. Menées par quelques figurants, les scènes de bataille semblent être au rabais et cette révolution qui nous dit on prend une dimension nationale et risque de toucher tout le système fait quelque peu sourire. Bien peu doué pour la réalisation, Figueroa par son incapacité enlève le peu de panache par lequel Violence à Manaos pouvait briller.
L'aspect dénonciateur et politique ainsi gommés Manaos, agrémentés d'inévitables stock-shots animaliers, n'est ni plus ni moins qu'un film d'aventures de jungle traditionnel plutôt ennuyeux dans lequel les acteurs semblent tout autant s'ennuyer, avec en tête un Fabio Testi anémique,entouré de quelques noms récurrents du cinéma de genre espagnol dont Andres Garcia, Jorge Luke et Jorge Rivero. A leurs cotés Florinda Bolkan et Agostina Belli font tout aussi pâle figure.