Il diavolo nel cervello
Autres titres: Le diable dans la tête / Devil in the brain
Real: Sergio Sollima
Année: 1972
Origine: Italie
Genre: Giallo
Durée: 106mn
Acteurs: Stefania Sandrelli, Keir Dullea, Micheline Presle, Maurice Ronet, Renato Cestiè, Tino Buazzelli, Orchidea De Santis, Elsa Boni, Gaia Germani, Bruno Boschetti, Giorgio Baffo, Giorgio Dolphin...
Résumé: Oscar Minno est de retour des Etats-Unis après quelques années d'exil. La première chose qu'il tente de faire est de revoir Sandra qui fut jadis sa fiancée. L'entrée de la propriété lui est interdite. Remariée à Fabrizio avec qui elle a eu un enfant, Ricky, Sandra souffre désormais de troubles mentaux dû à un traumatisme profond. Oscar parvient à la voir mais elle ne le reconnait pas. Etonné par son manque de soin, il demande l'avis du docteur qui jadis s'est occupé d'elle. Très vite ce dernier découvre nombre de faits troublants concernant chacun des membres de la famille. C'est alors que Fabrizio est assassiné. Ricky, enfant étrange et renfermé, semble être le meurtrier. Le corps d'un vagabond est également découvert dans le jardin là où jouait Ricky. Oscar et le docteur mènent alors une enquête approfondie afin de sauver Sandra de la folie dans laquelle elle bascule...
Spécialiste du western à l'italienne, Sergio Sollima fit une seule et unique incursion dans le giallo avec Il diavolo nel cervello qu'il réalisa en 1972 alors que le genre était au sommet de sa popularité. Alors que beaucoup de réalisateurs tentaient d'imiter et de suivre les traces de Dario Argento Sollima prit le risque de s'en éloigner pour signer un film plus proche du thriller psychologique que du giallo dit argentesque, rassemblant la plupart des éléments essentiels des gialli de Lenzi. Dénué de toute séquence de sexe et de violence, Il diavolo nel cervello se caractérise avant tout par sa lenteur et l'atmosphère qu'il tente de mettre en place. Bien déçus seront donc ceux qui espéraient là un film sanglant hanté par un aussi mystérieux que sadique assassin.
L'intrigue de Il diavolo nel cervello tourne autour d'une jeune fille, Sandra, psychologiquement malade depuis un tragique accident. Protégée par sa mère, elle vit plus ou moins recluse dans l'immense propriété qu'elle partage avec son nouveau mari et leur jeune fils. Surgit alors son premier amour revenu des Etas-Unis où il était parti quelques années pour affaires. Si elle ne se souvient pas de lui, son retour coïncide avec une série d'évènements étranges qui vont faire lentement basculer la jeune fille dans la folie. Son mari est tué, un cadavre est retrouvé dans le jardin et tout tenterait à prouver que le tueur n'est autre que leur petit garçon, Ricky, un enfant étrange et renfermé.
Première originalité du film est le fait que Sollima confie l'enquête non pas un inspecteur et encore moins à la police, totalement absente cette fois, mais à l'ex-fiancé de Sandra et un docteur plutôt enveloppé et surtout fort soupçonneux, bien décidé à élucider les raisons profondes du traumatisme de la jeune fille. Ensemble ils vont tenter de mettre à jour le complot qui semble se tramer autour de .
Deuxième originalité, l'absence totale de meurtre et de sang versé si on excepte la mort de l'époux de Sandra, retrouvé allongé sur le sol du salon, l'enfant à ses cotés. Allant à contre-courant des tendances d'alors, Sollima parvient à créer une véritable atmosphère sans la moindre effusion d'hémoglobine.
Troisième et dernière originalité, l'absence de suspens au profit d'une construction d'atmosphère familiale étouffante qu'on devine cacher de nombreux secrets inavouables ou interdits et d'une analyse de chaque personnage par le biais du docteur.
Si on pourra reprocher au film sa lenteur et une certaine mollesse dans la mise en scène tout spécialement durant la première partie, on ne pourra pas reprocher à Sollima la méticulosité avec laquelle il met en place son histoire et le soin apporté aux dialogues.
Ce giallo cérébral et surtout atypique bénéficie en outre d'un joli final assez bien trouvé et plutôt inattendu même si une fois encore certains pourront le trouver un brin tiré par les cheveux.
L'interprétation est remarquable en particulier le jeu fort convaincant d'une toute jeune Stefania Sandrelli dans le rôle de la malheureuse Sandra. A ses cotés, Keir Dullea, Micheline Presle, Maurice Ronet et l'excellent Tino Buazzelli dans la peau du docteur sont tout aussi remarquables. Même sa prestation n'est pas des meilleurs, on saluera le petit Renato Cestié, l'enfant star des lacrima movies à l'italienne, qu'on aurait peut être aimé plus inquiétant.
Certes discret, Il diavolo nel cervello, rythmé par une très belle partition musicale signée Ennio Morricone, mérite toute l'attention de l'amateur de thriller cérébral.