Luster
Autres titres: Muse
Real: Everett Lewis
Année: 2002
Origine: USA
Genre: Drame
Durée: 91mn
Acteurs: Justin Herwick, B. Wyatt, Shane Powers, Pamela Gidley, Jonah Blechman, Sean Thibodeau, Susannah Melvoin, Willie Garson, Gabriel Dell, Norman Reedus, Chris Freeman, JD Cullum...
Résumé: Jackson, un jeune skater gay, travaille dans le magasin de disques de Sam, son meilleur ami, un peintre bi qui a perdu toute inspiration. Poète à ses heures perdues et écrivain, il se réveille un matin au coeur d'une orgie, gavé de drogues et de sexe. Il pense être amoureux de Billy, un jeune garçon qu'il y a rencontré. Mais Billy lui préfère un chanteur junkie sadique qui le frappe et le torture, trouvant son plaisir dans la douleur. Débarque alors Jed, le beau cousin de Jackson. Il en tombe trés vite amoureux tandis que Derek, un client régulier du magasin ou il travaille est follement épris de lui. Indifférent, Jackson l'ignore. De plus en plus perdu dans sa quête d'amour, Jackson à l'image de tous ces garçons désillusionnés, accumule dans les rencontres jusqu'au jour où une tragédie inattendue va bouleverser le destin de chacun...
Luster nous entraîne aux abords d'Hollywood dans le monde d'une certaine jeunesse désillusionnée qui tente vainement de trouver l'amour au milieu des rencontres épisodiques à chaque coin de rue et des errances de chacun.
A travers un groupe de jeunes punks et autres skaters, Everett Lewis réalise un film sur l'éternelle quête d'amour tout en dressant le portrait de cette jeunesse égarée qui souffre, se cherchent et tente d'exister dans notre société.
Jackson, skater gay et poète à ses heures perdues, travaille dans un petit magasin de disques que tient son ami d'enfance Sam, hétéro secrètement amoureux de lui. Aprés une orgie, Jackson a le sentiment d'être amoureux d'un garçon qui y participait. Commence alors pour lui une longue reflexion personnelle sur ce qu'est réellement l'amour, l'amitié, les rapports sexuels entre hommes, une réflexion qui va bouleverser bien des vies.
Luster se déroule sur trois jours le temps d'un week end. Chaque nouvelle journée commence par la même phrase tirée d'un poème de Dennis Cooper que se récite Jackson: Je suis en mode after came after sexe, parfait reflet de cet univers flou dans lequel se meuvent tous ces garçons qui se croisent et couchent ensemble à la recherche d'amour.
Chose plutôt rare, tous les protagonistes sont ici des artistes un peu fous, paumés repus de sexe et de drogues, des punks, des marginaux désenchantés à la sexualité débridée, bi, gay, hétéro ou crossover, qui cachent leurs blessures, leurs déceptions et leur quête d'identité derrière un certain cynisme mais surtout derrière leur marginalité. Leur art que ce soit la peinture, la poésie, la sculpture ou la photographie leur servent d'échappatoire à l'image du sexe dans lequel ils se perdent.
Jackson court aprés Billy mais il lui préfère le sadomasochisme et la violente douleur que lui procure sa relation avec un chanteur junkie sadique. Jackson est tout aussi intéressé par son beau cousin viril et désinhibé fraîchement débarqué ce qui l'amène à se poser des questions sur les limites de l'inceste. Il ne s'intéresse pas à Derek, un client timide follement amoureux de lui qui vient régulièrement le voir à la boutique, invisible à ses yeux puisqu'il ne correspond pas à ce qu'il recherche chez un garçon. Autour de lui gravitent son meilleur ami, Sam, peintre en mal d'inspiration, qui l'a toujours aidé et soutenu, cachant sa détresse puisqu'il est en fait amoureux de lui mais n'a jamais pu le lui avouer. Il y a également Sandra une artiste lesbienne et philosophe conceptuelle qui met en danger son couple en ayant tenté une aventure avec le cousin de Jackson qui se définit comme un "homme lesbienne".
Dans ce marasme où le mal de vivre semble être le maître mot tous se croisent et se mêlent, s'interrogent, trouvent une parade ou une issue même si celle ci est parfois la mort. Désinvoltes, rock'n'roll, tous ces jeunes portent pourtant en eux une lueur d'espoir, tout nihilistes que soient leurs discours ou leurs attitudes. Ils ont mal à en crever mais ils se battent chacun trouvant tôt au tard sa véritable place mais surtout ce bonheur dont il a soif.
Luster est un film empli d'amour, simple, émouvant, attachant où nombre d'entre vous se reconnaîtront en tel ou tel personnage. Lewis signe là une oeuvre délicate sur cette quête du bonheur dont tout être a besoin, une réflexion profonde et pleine de tendresse sur les relations homosexuelles mais également sur l'Amour et sa réelle définition.
Derrière la tristesse, la crasse et la dépravation, la désillusion se cache en fait une gigantesque envie d'aimer mais parfois à force de trop vouloir trouver son idéal on devient aveugle et incapable de voir que l'amour, le vrai, est peut être tout prés de nous sous une forme inattendue. La fin sans être trés surprenante est en ce sens bouleversante tant elle est belle, d'une infinie pureté.
Luster est un film profondément humain qui sait rester pudique en toutes circonstances y compris dans ses scènes de sexe, souvent trés belles malgré leur coté parfois cru, évitant tout voyeurisme.
Bercé par une trés agréable musique rock et les beaux poémes de Cooper que récite Jackson en voix-off, doté de dialogues pertinents et parfois fort drôles, Luster bénéficie en outre d'une solide interprétation de la part d'acteurs aussi convaincants qu'attachants et séduisants, Justin Herwick en tête. Mal rasé, un long corps trop maigre dissimulé sous un large T.shirt mouillé de sueur, les cheveux bleus en pétard, le regard sombre, Justin, rivé à sa planche de skate, risque d'en faire perdre la tête à plus d'un tandis que B. Wyatt, comédien récurrent des oeuvres de Lewis, expose avec désinvolture et humour sa nudité pour le bonheur de tous.
Touchant, infiniment poétique, Luster est un film étonnant et sincère, beau et tragique, sur les sentiments humains qu'on soit gay ou hétéro car ceux ci comme l'amour sont pour tous les mêmes. Ce quatrième film de Lewis montre tout le talent de ce réalisateur qui semble s'affirmer de films en films. Avec Luster, il livre une histoire moderne sur l'homosexualité dans une Californie contemporaine aussi délicieusement brûlante de sexe que de soleil.