Forty deuce
Autres titres: New York 42ème rue
Real: Paul Morrissey
Année: 1982
Origine: USA
Genre: Drame
Durée: 89mn
Acteurs: Orson Bean, Kevin Bacon, Esai Morales, Tommy Citera, Mark Keyloun, Harris Laskawy, John Ford Noonan, Meade Roberts, Rudy DeBellis, Yukio Yamamoto, Susan Blond...
Résumé: Afin de se faire un peu d'argent pour acheter de la drogue, Ricky, un jeune prostitué tente de vendre un jeune garçon à un client d'âge mur. Malheureusement, l'adolescent décéde d'une overdose dans la minuscule chambre d'hôtel que loue Ricky. Pour s'en débarasser, il va alors tenter de vendre le cadavre de l'enfant à l'homme en lui faisant croire qu'il dort afin qu'on l'accuse de sa mort. Entre temps, junkies et prostitués défilent dans la chambre...
Aprés sa séparation artistique d'avec Andy Warhol en 74, Paul Morrissey s'est orienté vers un cinéma plus commercial tout en continuant à privilégier l'univers des bas fond new yorkais. C'est ainsi qu'en 1982 il met en scène Forty deuce, la jadis tristement célèbre avenue de New York où prostitués et dealers se partageaient les trottoirs.
Tiré d'une pièce d'Alan Browne, New York 42ème rue nous plonge dans l'univers sordide d'une petite chambre d'hôtel minable dans laquelle un jeune prostitué cache le cadavre d'un enfant de 12 ans mort d'une overdose qu'il veut vendre à un client aux tendances pédophiles. Hormis quelques scènes extérieures, cette pièce sera l'unique décor du film dans lequel vont se succéder les clients dont un plus spécialement, pédophile notoire, à qui le jeune délinquant va tenter de faire endosser la mort de l'adolescent.
Sur cette trame aussi sombre que tragique, Morrissey a malheureusement réalisé un film particulièrement ennuyeux et assommant. Le majeur défaut du film est d'avoir voulu transposer directement à l'écran une pièce de théâtre sans réelle adaptation préalable. S'ensuit un film souvent irritant, particulièrement fastidieux, noyé dans des flots de dialogues répétitifs qui auront trés vite raison du spectateur le plus courageux. L'emploi d'un jargon de rue bien peu évident les rend le plus souvent incompréhensibles à moins de pouvoir supporter l'horrible doublage français qui achève de détruire cette oeuvre maussade nullement explicite en outre sur l'aspect sexuel. On est ici trés loin de Flesh et surtout Trash si ce n'est sur les plans de shoots dont Morrissey s'est toujours fait un des grands spécialistes. L'amateur risque donc d'être fort déçu sur ce plan et devra subir à la place les incessants va-et-vient de personnages frénétiques dans cette aussi minuscule que morbide pièce. Ainsi jeté, New York 42ème rue perd toute la crudité de son propos et devient vite inoffensif.
L'utilisation du split screen, procédé qui consiste à diviser l'écran en plusieurs parties afin de faire suivre simultanément au spectateur différents plans de l'action, alourdit encore plus une mise en scène monotone et sans originalité qui n'exploite à aucun moment toutes les possibilités qu'offrait un tel scénario. Ne subsiste dans ce malheureux échec que la constante vision glauque et dérangeante de cet enfant mort allongé sur le lit en arrière-plan.
Présenté autrefois à Cannes dans la section Un certain regard, New york 42ème vaut essentiellement pour son interprétation et la présence d'un tout jeune Kevin Bacon, alors inconnu, dans le rôle de Ricky. Le cheveu gominé, terriblement séduisant en ange des rues débauché et pervers, il livre ici une trés jolie performance qui ne laissera pas indifférent nombre de spectateurs notamment lors d'une fellation filmée tout en suggéré.
A ses cotés on remarquera également Esai Morales dans son tout premier rôle au grand écran avant d'être au générique de Bad boys et d'exploser en 1987 dans La bamba. On saluera également la prestation d'Orson Bean qui incarne avec force et conviction un vieux client pédophile
S'il reste une sorte de témoignage pelliculaire de ce que fut la 42ème rue à cette époque, le film de Morrissey est trés inférieur à ses oeuvres qui firent sa réputation mondiale. Mammouthesque, irritant, assommant, bruyant et tout spécialement ennuyeux, l'amateur risque fort de faire impasse sur cette rue si terne.