Quando suona la campana
Autres titres: La dernière grenade / Quand explose la dernière grenade / When the bell tolls / When the bell rings
Real: Luigi Batzella
Année: 1970
Origine: Italie
Genre: Guerre
Durée: 87mn
Acteurs: Brad Harris, Brigitte Skay, Gino Turini, Alfredo Rizzo, Edilio Kim, Marina Lando, Giuseppe Costantini, Luciano Delmonte, Giuseppe Castellano, Mauro Mannatrizio, Paolo Cusan, Maurizio Moretti, Gabriella Stivaletto...
Résumé: Un petit village perdu au coeur des montagnes des Abbruzzes tente d’enrayer l’invasion nazie en sabordant le grand pont empreinté par les trains du 3ème Reich tandis qu'un groupe de maquisards est traqué par les SS...
Réalisé en 1970 par Luigi Batzella sous son habituel pseudonyme Paolo Solvay La dernière grenade également connu sous le titre Quand explose la dernière grenade est un bien étrange film tant il semble être composé d'une multitude d'autres pellicules rendant ainsi le fil conducteur du scénario bien confus. En bon artisan bricoleur qu'il est, Batzella a concocté un véritable monument de cinéma Bis aussi fauché que ridicule, une série Z sans queue ni tête si désordonnée qu'elle en deviendrait presque attachante.
Film de guerre comme le cinéma transalpin aimait en fabriquer jusqu'à la fin des années 60 et le début de la décennie suivante, l'intrigue de La dernière grenade se déroule dans un petit village perdu au coeur des montagnes des Abbruzzes dans lequel un groupe de maquisards traqués par les SS a trouvé refuge. Il n'y a absolument rien de très original encore moins de révolutionnaire si ce n'est que Batzella se débarrasse étrangement de tous les personnages féminins en quelques minutes seulement. Etonnant mais guère gênant puisque aucun d'entre eux n'avait de rôle spécifique hormis celui de Dorina. Certains disparaissent même comme par magie pour ne plus réapparaître comme cette sauvageonne qu'on ne reverra plus.
Entre deux tueries et trois tours de passe-passe, Batzella maltraite sans grande conviction quelques uns de ses protagonistes fantômes tandis que des officiers allemands torturent un malheureux curé. Le film prend alors une bien étrange tournure. Entre deux stock-shots de batailles empruntés à d'obscurs navets tournés en N/B et semblant datés du début du siècle, pour la plupart non identifiés, surgissent soudain des personnages qui n'ont aucun rapport avec le film. Abasourdi, le spectateur n'est pas au bout de ses surprises puisque La dernière grenade va virer sans crier gare au drame, un mélo d'un autre âge qui nous entraîne en pleine montagne où vit un pauvre enfant orphelin surgi de nulle part. Il va se lier d'amitié avec un maquisard traqué par les SS. Batzella se fait un malin plaisir apparemment à multiplier les gros plans sur le regard vide et le visage ravagé par la tristesse de l'enfant qui devient donc un temps le nouvel héros du film.
Sans aucun lien avec toute la première partie du film, cette nouvelle intrigue donne au spectateur l'impression de s'être égaré dans une faille temporelle et de visionner par inadvertance un autre film. Alors qu'il commençait à s'habituer et s'apitoyer sur le sort de l'enfant, Batzella l'abandonne et nous propulse tout aussi rapidement au coeur d'une bataille, l'assaut d'une ferme dans laquelle se sont réfugiés des résistants que le réalisateur a oublié de nous présenter. D'où viennent ils? Que font ils? Le saurons nous jamais mais arrivé à un tel niveau d'incohérence, est-ce encore important d'autant plus que, Ô surprise, dans sa version française (sortie jadis en vidéo) cette partie n'a pas été doublée. Présentée en anglais voilà qui va très certainement contrarier les non anglophones, le distributeur ayant dû oublier en route ce morceau de ce gigantesque collage.
Arrive alors le final lors duquel on retrouve miraculeusement l'enfant que Batzella avait abandonné. On ne saura jamais réellement ce qui lui est arrivé mais son ami est mort entre-temps, abattu par l'ennemi. Les larmes roulent au son d'une mandoline, l'enfant part seul tandis qu'une voix off nous conte l'histoire d'un ange au paradis. C'est alors que réapparaît comme par enchantement le malheureux curé qu'on avait laissé en cours de route entre les mains des nazis. Il sort de son église en ruines, Dieu seul sait pourquoi elle est détruite, et entame au milieu des gravats un sermon aussi larmoyant qu'interminable sur la bêtise humaine.
N'ayant certainement plus à disposition de stock-shots encore moins d'imagination à moins que ce ne soit un manque de colle, Batzella allonge au maximum son final qui n'en finit plus de se terminer pour difficilement atteindre 86 minutes, la durée de la version intégrale du film puisqu'il existe différentes versions plus ou moins longues.
Véritable puzzle, salmigondis de tout et n'importe quoi, casse tête chinois, ce patchwork pelliculaire fait de bric et de broc a au moins le mérite de faire réfléchir sur la provenance des différentes séquences qui mises bout à bout composent les trois quarts du film. Si jamais l'ennui gagnait le pauvre spectateur embarqué dans cet hallucinant multi collage d'une ringardise sidérante il aura ce petit plaisir pour se passer le temps. Il pourra également s'interroger sur le rôle précis de chaque acteur puisque certains d'entre eux se retrouvent comme par miracle dans la peau de plusieurs personnages sans raison précise.
Spectacle inénarrable d'un autre temps, d'une autre ère, qui passe de la couleur au noir et blanc sans raison La dernière grenade reste néanmoins agréable à suivre tant il devient hilarant au bout de quelques minutes. Fauché, grotesque, bricolé, c'est peut être de là que vient le charme de cette Dernière grenade, un pétard mouillé qui détruira une jolie maquette de pont en fin de bobine mais un joli feu d'artifice de n'importe quoi comme le cinéma Bis transalpin en concoctait parfois jadis. Rien que pour cela le film de Batzella mérite le coup d'oeil.
En tête de générique, on retrouvera la blonde Brigitte Skay dans la peau d'une catin partisane dont la tentative de viol est à mourir de rire, les vétérans Gino Turini alias John Turner dans le rôle de Tego et Brad Harris dans la défroque du prêtre. On soulignera la prestation du petit Mauro Mannitrazio, spécialisé dans le western-spaghetti, qui porte tout ce fatras sur ses frêles épaules d'enfant avec dignité et talent.
Batzella reprendra une bonne partie du film en 1977 pour réaliser son Holocaust nazi. Il y insérera simplement de nouvelles séquences, toutes les scènes d'expérimentations et de tortures, tournées pour l'occasion avec Macha Magall en terrible kapo et Salvatore Baccaro qui incarne de façon inoubliable la créature primitive. Faire d'un incroyable collage un nouveau collage, cela tenait de l'impossible. Mais à l'impossible nul n'est tenu. La preuve!