La gatta in calore
Autres titres:
Real: Nello Rossati
Année: 1972
Origine: Italie
Genre: Drame
Durée: 86mn
Acteurs: Eva Czemerys, Silvano Tranquili, Anthony Fontane, Attilio Duse, Antonio Pinciroli, Ada Pometi, Ennio Biasciucci, Belinda Bron, Sergio Serafini...
Résumé: Anna, bourgeoise délaissée par un mari trop souvent absent qui lui préfère son travail, est attirée par son nouveau et jeune voisin récemment installé. Elle l'épie à travers les persiennes entrain de faire violemment l'amour à ses conquêtes de passage, intriguée par ses accès de colère brutale. Elle finira par tomber dans ses bras. Elle va découvrir alors le monde de dépravation dans lequel vit Maurizio, adepte aux drogues dures qui déclenchent en lui de terribles pulsions de violence tant physiques que sexuelles. Humiliée, avilie, Anna est le jouet de cet homme qui tentera de la violer. Pour échapper à cette folie, elle n'a qu'une solution: le tuer. Mais sa mort la délivrera t-elle de ce cauchemar...
Sous ce titre plutôt évocateur laissant sous-entendre un film particulièrement fripon se cache en fait un drame passionnel qui mélange thriller et érotisme de façon assez légère. Après un premier film remarqué, Prostituée le jour, épouse la nuit, dont il reprend l'héroïne principale, l'ambigüe Eva Czemerys, Nello Rossati plus connu pour ses sexy comédies signe ici une oeuvre intéressante dont le mécanisme de narration plutôt réussi utilise toute une série de flashes-back afin d'expliquer ce qui a poussé une femme mariée frustrée a tué son jeune voisin qui ne la laissait pas insensible.
C'est ainsi que La gatta in calore s'ouvre sur la découverte du cadavre dans le jardin alors qu'Anna reste prostrée dans la cuisine, un pistolet sur la table. On va dés lors assister aux dramatiques événements qui ont mené à cette tragédie tandis que son mari tente de cacher le corps.
Rien de très surprenant dans ce scénario qui se contente de reprendre le thème récurrent de l'attirance que le mal et le vice peuvent avoir sur l'innocence et la vertu incarnés ici par Anna, une bourgeoise bien sous tout rapport mariée à un homme qui lui préfère son travail. Délaissée, la frustration l'emporte alors et l'emmène à s'intéresser à Maurizio, son jeune voisin nouvellement installé, un homme brutal qu'elle épie à travers les persiennes entrain de faire violemment l'amour à ses amantes de passage. Intriguée puis séduite, elle finira par se jeter dans ses bras pour mieux découvrir son univers de dépravation qu'elle était loin de soupçonner dont seule la mort pourra l'en extraire.
Si on regrettera une histoire parfois peu crédible mise en scène de façon un peu légère, on saluera par contre la prestation d'Eva Czemerys, fragile et perdue, dont la composition épidermique donne toute son épaisseur dramatique au film contrairement au reste de la distribution qui oublie de donner à leur personnage une certaine consistance.
On regrettera surtout le rebondissement final trop gros pour qu'on puisse y croire. Le film tend alors vers le giallo auquel il cherche à se référer y compris dans son titre animalier qui trouvera toute sa signification dans le drame final. Rossati utilise la plupart des ficelles du genre tout en y mêlant les tendances du cinéma d'exploitation notamment lors des séquences de sexe qui font tendre le film vers l'euro-trash particulièrement agréable. La relation d'Anna prend alors des airs de cauchemar éveillé. Le film se transforme en une sorte de trip sous acides filmé à grands renforts de zooms et autre grand angle d'où surgissent toute une série d'hallucinations morbides et d'images déformées, kaléidoscopées de
visages grimaçants et ricanants (la horde de prostituées qui se jettent sur Anna sous l'oeil hilare de Maurizio). L'acte sexuel passe par l'humiliation et l'avilissement avant de se transformer en une sorte de sabbat (le sol jonché de bougies sur lequel la caméra de Rossati semble glisser alors que Maurizio, adepte des drogues dures qui génèrent en lui des accès de violence sauvage et décuple sa libido, s'adonne à la fornication) qui aboutira à la tentative de viol collectif d'Anna, déclencheur de ce terrible drame.
Si on passe outre ses défauts et surtout ce final, La gatta in calore qu'on pourra aisément rapprocher d'oeuvres telles que Kleinhoff hotel sans être essentiel n'en demeure pas moins un bon film, dispensable certes mais attachant. Voilà un mélange de genres plutôt réussi qui fait passer cet érotico-thriller du drame passionnel au film de sexploitation alors très en vogue auquel Rossati essaye par moment d'insuffler une note d'humour.
Aux cotés d'Eva Czemerys, on retrouvera Silvano Tranquili dans le rôle de l'époux tandis qu'un jeune inconnu, Anthony Fontane, campe avec une certaine conviction ce jeune junkie.