Desideria la vita interiore
Autres titres:
Real: Gianni Barcelloni
Année: 1980
Origine: Italie / Allemagne
Genre: Drame
Durée: 104mn
Acteurs: Stefania Sandrelli, Lara Wendel, Vittorio Mezzogiorno, Orso Maria Guerrini, Klaus Löwitsch, Rossana Marra, Lory Del Santo, Marcella Petrilli, Francesca Giordani, Barbara Valmorin, Giovanna Mainardi, Paolo Zambiasi, Gabriela Cristiani...
Résumé: Desideria a 15 ans. Boulimique et ingrate, elle est le souffre-douleur de Viola, sa mère, une riche et jeune bourgeoise volage. Un soir Viola l'humilie une fois de plus et lui avoue qu'elle n'est pas sa vraie mère. Cette dernière était une putain qui l'a abandonné. Desideria tente alors de se suicider. A sa sortie de l'hopital, aminicie et devenie belle, Desideria voue une haine profonde à Viola, une haine qui la ronge. Obsédée par ses origines, elle ne conçoit plus l'amour ni l'unité familiale. Se transformant en une petite catin, Desideria va pourtant rencontrer un homme beaucoup âgé qu'elle, Eros, dont elle tombe amoureuse. Apprenant qu'il est en fait un terroriste, elle va élaborer un plan afin de se venger de Viola et l'humilier encore plus qu'elle ne l'a été durant toute sa courte vie. Trompée, bafouée, le plan se retournera contre Desideria. Ce sera pour l'adolescente une lente descente aux Enfers...
Adapté du roman éponyme d'Alberto Morravia, Desideria la vita interiore, co-production italo-allemande, appartient à cette catégorie de films subversifs que l'Italie aimait réaliser dans les années 70 et le début des années 80. En ce sens, Desideria risque de réjouïr les amateurs d'un certain cinéma cru au délicat parfum de soufre.
Desideria est avant tout la tragique histoire d'une adolescente rongée par la haine qu'elle voue à Viola, sa riche et jeune belle-mère, pour tant d'années de souffrance et d'humiliation. Cette haine destructrice va la mener à échaffauder un plan machiavélique le jour où elle rencontre Eros, un terroriste activiste, afin d'humilier cette marâtre autant qu'elle le fut. Malheureusement pour l'adolescente, même dans la vengeance le destin se retournera contre elle.
Gianni Barcelloni, scénariste, producteur et metteur en scène, dresse le portrait de Desideria, 15 ans, le temps d'un rapide prologue. Boulimique, ingrate, Desideria aime Viola qui ne pense pourtant qu'à la rabaisser et l'humilier engendrant en elle un sentiment de culpabilité jusqu'au jour où Viola lui avoue qu'elle n'est pas sa mère. Celle ci était une putain qui l'a abandonné à la naissance. Désespérée, Desideria tente alors de se suicider. A sa sortie de l'hopital tous les éléments sont alors en place pour que le spectateur puisse suivre l'adolescente dans son désir de vengeance, point de départ de sa lente descente aux Enfers.
Desideria est un film sur la souffrance, celle qui petit à petit mène à l'auto-destruction. C'est à travers une succession de scènes de sexe sordide et de dialogues crus voire par instant obscènes que Barcelloni a choisi de montrer ce chemin de croix de cette adolescente en pleine tourmente. Desideria hantée par ce passé fraîchement découvert et la vie volage de Viola associe désormais le sexe à la débauche, se considérant elle même comme une putain qui aguiche la gente masculine à ses risques et périls. Les femmes sont toutes des catins, les hommes des obsédés tandis que dans l'univers de la jeune fille l'amour ne peut exister encore moins l'amour maternel ou paternel. Afin de bafouer l'image parentale par excellence, Desideria ordonnera à un jeune prétendant aprés qu'il ait refusé de déféquer sur le portrait de son père d'uriner sur le cadre de sa mère.
Parfois complaisant, Barcelloni n'hésite devant aucune audace pour illustrer son propos et profite de sa jeune protagoniste, la jeune et totalement déshinibée nouvelle lolitrash, Lara Wendel, fraîchement auréolée du scandale de La maladolescenza. Il filme son corps en accumulant les plans de nus frontaux parfois étonnants notamment lors d'une troublante séquence de rêve, s'attarde sur sa culotte maculée du sang de ses règles tandis que Lara joue de ses charmes nubiles pour aguicher la gente masculine jusqu'à son brutal viol dans la dernière partie du film.
Desideria la vita interiore n'est jamais qu'une nouvelle illustration de la décadence de la bourgeoisie, thème fort apprécié du cinéma italien, auquel Barcelloni mèle ici un autre sujet, le terrorisme. Le mélange est assez intéressant mais il est un peu dommage que cela ait été surtout un prétexte au voyeurisme et à la complaisance en appuyant surtout l'aspect sexuel de l'histoire. De ce fait, la relation entre Desideria et sa belle-mère est un peu trop survolée. Le personnage de Viola n'est pas assez approfondi. Cette femme, à la fois marâtre et aimante, perdue et malheureuse malgré sa richesse et ses amours notamment avec son administrateur, homme intéréssé et , est en trop en retrait par rapport à Desideria. Leur relation ambigue, faite d'amour et de haine, était pourtant le pivot central de l'intrigue.
Le terrorisme est quant à lui représenté par Eros, activiste milanais au double jeu, dont Desideria tombera amoureuse et son complice, un homme sans scrupules et brutal qui détruira la jeune fille, annihilant en quelques minutes toute une vie. L'amateur reconnaitra quelques références au cinéma de Fassbinder et surtout Bertolucci notamment dans les longs dialogues qui parsèment tout le film au risque de parfois ennuyer le spectateur plus réceptif aux scènes d'action peu nombreuses ici.
C'est dans un bain de sang que se cloturera ce long chemin de croix d'une adolescente ravagée, prête à tous les sacrifices dont celui de sa virginité lors d'un viol à demi-consentant pour entrer dans ce groupe terroriste mais qui au bout du compte se retrouvera toute seule bien ironiquement aux cotés de celle qui fut à l'origine de sa déchéance.
A l'affiche, on retrouvera une trés belle brochette d'acteurs de renom dont Vittorio Mezzogiorno, Orso Maria Guerrini et Stefania Sandrelli qui défraiera la chronique deux ans plus tard dans La clé. Plutôt étonnant, l'obèse et fort ingrate Rossana Marra dont ce fut le seul rôle au cinéma incarne Desideria lors du prologue. Elle se transformera comme par magie lors de sa sortie de l'hopital en une nouvelle et fort désirable Desideria interprétée désormais par la sulfureuse lolita du cinéma de genre italien Lara Wendel qui a 15 ans seulement arbore déjà des formes de femme. Fidèle à elle même, Lara, sans être une grande actrice, perdure dans les rôles d'adolescente odieuse et déshinibée, promenant sa moue et son insolence d'un bout à l'autre du film, déclamant des dialogues souvent crus.
L'amateur reconnaitra au passage les apparitions de Lory Del Santo et Marcella Petrilli.