Pat una donna particolare
Autres titres: Die shöne Pat und der supergeile lilliput
Real: Alberto Cavallone
Année: 1981
Origine: Italie
Genre: X
Durée: 96mn
Acteurs: Sabrina Mastrolorenzi, Mika Bartel, Dominique St Clair, Stuart O'Brien, Joseph Fine, Petit Loup, Serwan Hoshyar, Pauline Teutscher...
Résumé: Trois frères dont un nain et un transsexuel recrutent par petites annonces de soi-disant actrices qu'ils invitent dans leur villa pour les filmer dans des histoires qu'ils ont eux mêmes mis en scène. Le film terminé, ils les tuent en filmant leur mort. Tombé amoureux d'une des filles, un des frères, le plus humain, feint de la tuer et la cache. Elle parvient à s'évader...
Après sa trilogie surréaliste ouverte avec Spell, Alberto Cavallone connut un lent déclin d'une part dû à la faillite de la maison de production qui devait distribuer I padroni del mondo, demeuré inédit en salles en Italie, et à l'échec certain du très mauvais thriller éroticp-pornographique La gemella erotica.
C'est à contre-coeur que Cavallone se tourna vers le hardcore_ en 1981 avec trois films tournés à la suite dans le même décor et avec quasiment la même distribution en juin de cette année là. Il s'agit de Baby sitter connu sous les titres français fort évocateurs de Violée par un nain ou Petites fesses juvéniles pour membres bienfaiteurs, E il terzo gode et Pat una donna particolare, peut être le plus intéressant des trois.
Si Violée par un nain vaut essentiellement pour son coté malsain et surtout pour la présence du fameux nain star, vicieux et sadique, qui a les séquences les plus mémorables, Pat quant à lui est peut être plus personnel et se rapproche beaucoup plus de l'univers du réalisateur. On fait ici la connaissance de trois frères particulièrement pervers, un nain, un transsexuel et un homme d'apparence plus normale, nés de la même mère mais pas du même père, qui recrutent par petites annonces de soi disant actrices qu'ils embauchent pour tourner des hardcore dans leur villa avant de les tuer et filmer leur agonie et leur mort.
Pat una donna particolare traite d'un sujet particulièrement délicat, le snuff movie, la mercantilisation de la mort, ce que Blue movie soulevait déjà en 1978. Le film s'inscrit donc d'une façon assez logique dans la filmographie de Cavallone même s'il détestait ces trois hardcore qu'il signa pour cette raison sous le pseudonyme de Baron Corvo.
Il y a bien moins de choses à voir et analyser dans Pat que dans Blue movie bien entendu. Pat se contente de prendre ce sujet comme base de scénario pour ce qui est et demeure un simple porno italien peut être plus élaboré que la moyenne. Comme pour Baby sitter, l'intérêt majeur du film est encore une fois le nain moins diabolique que dans le film précédent toutefois mais dont la présence est toujours aussi inquiétante.
Le second intérêt majeur de Pat est justement ce personnage puisqu'on découvre en milieu de film qu'il s'agit d'un véritable transsexuel non opéré. C'est d'ailleurs lui qui a la plus longue scène hardcore, son accouplement sur une table en bois avec un jeune godelureau, sous l'oeil gourmand de la caméra du nain. Intéressant aussi sont les mises en scènes des diverses séquences que tournent notre trio infernal, à chaque fois dans des costumes et situations différentes. Cela parvient à créer une certaine atmosphère à la fois malsaine et inquiétante qui relève directement de l'euro-trash notamment celle où le nain est déguisé en magicien démoniaque et celle en fin de bande où le trio tourne une parodie horrifico-sanglante de Dracula.
Il ne faut pas s'attendre à des meurtres très sanglants ou graphiques. On reste assez amateur dans le style. Seule la mort de Mika Bartel reste assez douloureuse, un godemiché électrifié planté dans le vagin. On retrouve dans les explications données par le nain quant aux motifs de leurs agissements l'univers assez psychanalytique de Cavallone même si les dialogues sont assez amusants et surtout misogynes. La femme est une putain qui mérite la mort, un être forcément impur qui doit être éliminé au risque de voir la contagion se développer. Qui voudrait vivre dans une société où il n'y aurait plus que des catins?
Très coloré, Pat est une sorte de kaléidoscope flashy de l'extrême à travers lequel Cavallone tente tout en s'amusant de montrer les différents aspects de la libido humaine en faisant une satire au vitriol, une vision désespérée typique des idées de Cavallone de certains éléments de notre société: la publicité et surtout le cinéma et le métier de comédien. Agrémenté d'une curieuse partition musicale qui reprend tant Kraftwerk (le morceau Autobahn) que de fameux airs classiques ou disco, Pat est une en définitive une sorte d'opéra surréaliste, un porno presque auteurisant qui utilise le langage pornographique pour une prise de position radicalement anti pornographique.
Au générique on reconnaitra Sabrina Mastrolorenzi, Pauline Teutscher, les porn stars françaises Dominique St Clair et Mika Bartel aux cotés de Stuart O'Brien alias Alessandro Eusebi, le transsexuel autrichien Joseph Fine qui disparut aussitôt le tournage terminé, l'italo-kurde Serwan Hoshyar sans oublier le nain Petit Loup de son vrai nom Giuseppe Sottile.