Vortice mortale
Autres titres: The washing machine
Real: Ruggero Deodato
Année: 1993
Origine: Italie
Genre: Giallo
Durée: 90mn
Acteurs: Philippe Caroit, Kashia Figura, Ilaria Borelli, Barbara Ricci, Yorgo Voyagis, Claudia Pozzi, Laszlo Borbely, Vilmos Kolba, Laurence Regnier, Agnes David, Sandor Boros, Karoly Medreczki...
Résumé: Un inspecteur mène l'enquête sur un étrange meurtre, celui d'homme démembré dans une machine à laver. Il était l'amant de Vida, une jeune femme qui vit avec ses deux soeurs. Les trois femmes se jalousent, se détestent mais ne semblent faire qu'une lorsqu'une d'entre elles est soupçonnée. Mais tout cela est il réel ou n'est ce que le fruit de cerveaux dérangés d'autant plus que le cadavre n'a jamais été retrouvé...
C'est après une longue période consacrée à la télévision ou à concocter des oeuvres mineures voire anodines que Ruggero Deodato revint au grand écran en tentant cette incursion dans le giallo morbide au titre aussi prometteur qu'étrange. Retour manqué vu l'accueil glacial réservé au film et la critique désastreuse qu'il reçut à sa sortie.
Force est de constater que Deodato s'est complétement fourvoyé avec ce thriller érotique et malsain qui s'éparpille tout azimut jusqu'à sombrer assez vite dans l'absurdité. Deodato nous entraine dans l'univers étrange de trois soeurs qui un jour découvrent dans leur machine à laver le cadavre de l'amant de l'une d'entre elles.
Entre hallucinations et réalité, le but du film est de trouver qui des trois jeunes femmes l'a tué. Deodato intègre à l'intrigue une histoire de valise remplie de bijoux et de drogues qui s'avère au final la clé de l'énigme. Certes le scénario est intéressant mais une telle confusion fait qu'on se perd très vite dans les méandres d'une histoire mal construite que les incessants va-et-vient entre les rêves ou fantasmes des héroïnes et la réalité vraie n'arrangent pas.
Au coté bancal s'ajoute l'échec total à créer un semblant d'atmosphère glauque et morbide qui était pourtant l'effet recherché ici. Deodato aligne bel et bien les séquences malsaines d'un bout à l'autre du film mais elles tombent à l'eau tant par la platitude de la réalisation, le manque d'imagination et l'absence de conviction d'acteurs décevants. Et quoi de pire qu'une scène qui se veut dérangeante mais n'a pour seul effet que de faire rire ou sourire.
Si Deodato reprocha à son film sa production bâclée et un casting décevant, cela n'excuse pas tout. Il est évident qu'il n'est pas très à l'aise dans un genre qu'il ne contrôle pas et se perd lui même dans son intrigue qu'il veut alambiquée. Il boucle à la va-vite son film par une révélation aussi ridicule qu'improbable comme si à court d'idée et fatigué de se débattre dans son intrigue vaine, il y mettait un point final afin de s'en débarrasser.
Tout cela est d'autant plus regrettable que The washing machine aurait pu être un bon film dont l'aspect glauque était assez surprenant à une époque où la sagesse était de rigueur. The washing maching tire donc son seul potentiel de ses scènes érotiques malsaines qui combinent voyeurisme et perversion. D'étonnantes séquences érotiques plutôt osées parsèment en effet le film. On retiendra en particulier celle où Vida se fait prendre dans le réfrigérateur ou sur la rampe d'escalier alors que sa soeur les espionne d'un oeil complice, la séquence quasi envoûtante du musée au milieu d'un groupe d'aveugles ou toutes les scènes qui mettent en images les tourments sexuels dans lesquels le policier sombre lentement.
A cet érotisme poussé s'oppose un manque cruel d'effets gore. Ceux qui attendaient du film quelques débordements sanguinolents seront fort déçus. On aura droit à un seule et unique plan horrifique, celui de la découverte du cadavre démembré dans la machine à laver.
Tourné à Budapest dont Deodato ne profite guère, The Washing machine s'il partait sur de bonnes intentions s'effondre très vite. Ce n'est au final qu'un giallo raté tenu uniquement par son érotisme pervers et ses trois actrices principales, la plantureuse et opulente Kashia Figura, l'étrange de Barbara Ricci et Ilaria Borrelli. Sans être réellement transcendantes, elles font ce qu'elles peuvent pour rendre leur personnage crédible au milieu de cette débâcle.
Ce n'est pas le cas de Philippe Caroit dont la transparence n'a d'égal que le bleu de ses yeux. Mais pouvions nous attendre autre chose de ce comédien insipide habitué aux séries télévisées? Malgré ses trop rares qualités, The washing machine est un échec sur toute la ligne, le retour raté de Deodato au grand écran.
On mettra donc cette machine à laver programme éco sur essorage avant de sécher nos larmes de déception.