Angelos
Autres titres: Angel
Real: Giorgios Katakouzinos
Année: 1982
Origine: Grèce
Genre: Drame
Durée: 126mn
Acteurs: Michalis Maniatis, Dyonisis Xanthos, Katarina Helmy, Vasilis Ksaglos, Giorgios Barthis, Maria Alkeou, Eleni Kourkoula, Mihalis Agelidakis, Aliki, Spiros Bibalas, Menelaos Daflos, Mihilis Giannatos...
Résumé: la police fait une brutale irruption dans un lieu de drague gay. Angelos, jeune homosexuel de 20 ans, parvient à s'échapper. Cette même nuit il rencontre Mikahilis, un marin, avec qui il va se mettre en ménage trés vite afin d'échapper au carcan familial et pouvoir vivre plus librement son homosexualité. Malheureusement Mikahilis est loin d'être cet amant parfait qu'Angelos voudrait coir. Il est proxénète et va obliger Angelos à se travestir et se prostituer afin que l'argent ainsi gagné les fasse vivre. Un soir Angelos est rossé à mort par un groupe d'héterosexuels. Arrêté par la police, il est obligé de faire un coming out violent. Banni de l'armée, rejeté par sa famille, c'est pour le jeune homme une lente descente vers la dépression et la folie...
Si Angelos demeure peu connu en France il faut savoir que le film de Katakouzinos est particulièrement populaire en Grèce où il est considéré comme une oeuvre quasiment culte du cinéma gay. Angelos représente surtout toute une époque où l'homosexualité était encore considérée comme une dangereuse maladie, une tare pathologique dans une société hyper machiste. L'homosexuel devait donc cacher sa vraie nature puisqu'il n'avait aucun autre alternative.
S'il peut aujourd'hui paraitre un peu désuet, Angelos reste un témoignage d'une époque pas si lointaine qui subsiste encore malheureusement à notre époque où on voudrait un peu trop hypocritement que l'homosexualité soit enfin acceptée.
Le film de Katakouzinos nous invite à suivre un jeune homosexuel grec d'une vingtaine d'années, Angelos, dans une Athènes loin des images cartes postales. Alors que la police fait violemement irruption dans un lieu de drague publique, Angelos parvient à échapper. Il est alors accosté par Mikahilis, un homosexuel macho qui va lui permettre d'échapper au carcan familial et vivre son homosexualité plus librement. Malheureusement pour le jeune homme, Mikahilis n'est qu'on proxénète qui va l'entrainer dans les milieux travestis et l'obliger à se prostituer pour que l'argent ainsi gagné les aide à vivre. Battu à mort par un groupe de citoyens las, Angelos est forcé de faire un coming out aussi brutal que destructeur qui ménera inéluctablement vers un terrible drame.
Si la scène d'ouverture, l'arrestation musclée et scandaleuse de dizaines d'homosexuels sur un lieu de drague gay, donne le ton du film, la violence est ici pourtant plus dans le propos du film que dans les images, une violence qu'on ne retrouvera plus avant la scène du suicide du père d'Angelos et le douloureux final.
En effet, Katakouzinos a préféré montrer le rejet à laquelle les homosexuels doivent faire face dans une societé traditionnaliste et surtout hypermachiste. Si le père d'Angelos est un ivrogne, sa mère une ancienne prostituée et sa petite soeur handicapée mentale, ils sont pourtant des êtres “normaux “ si on les compare au jeune homme qui lui est homosexuel, obligé de vivre caché. C'est peut être là toute la douleur film. Il n'y a rien de pire au monde qu'un homosexuel.
Ainsi Katakouzinos multiplie les symboles dont un des plus évocateurs et les plus forts est le viol d'Angelos dans une décharge publique alors que les bennes déversent les déchets sur son passage. Dans tout ce marasme, cette haine homophobe, le discours de la grand-mère d'Angelos tombe comme un couperet. Face à ses concitoyennes, elle ose crier en public le lourd passé d'un pays, l'époque où les filles devaient écarter les jambes pour avoir une tasse d'huile d'olive, rapeller à certaines comment elles sont devenues mère en livrant leur corps dans un pays écrasé par la misère et les traditions.
Le coté rétrograde du film est accentué par cette accumulation d'images clichés qui ramènent à une certaine imagerie gay propre aux années 50 et 60. Ainsi Mikahilis, tout en muscles et moustaches, apparait habillé en tenue de marin, véritable incarnation vivante d'une peinture de Tom of Finland.
Mais ce recul dans le temps se fait aussi resentir dans l'intrigue elle même. Si derrière l'éclat de leur maquillage Katakouzinos dépeint ses travestis comme de pauvres créatures, objets sexuels d'hétéros qui avant de les battre à mort satisfont des désirs que leurs propres femmes refusent d'assouvir, ils incarnent également toute une idéologie aussi mysogine que machiste. Ainsi l'homosexuel actif sera toujours considéré comme un homme malgré sa différence. Il controle et a le pouvoir comme l'homme a le pouvoir sur sa femme. Ses pathétiques travestis incarnent finalement l'image d'une femme soumise, passive, tel qu'elle est vue dans la culture méditerrannéenne.
Progressivement Angelos devenu Angel va découvrir ce monde et bien involontairement devoir faire son outing aprés qu'il ait été battu lors d'une passe puis arrêté par un policier particulièrement homophobe. Banni de l'armée, rejeté par sa famille, il n'a plus d'autre choix que de se réfugier chez Mikahilis pour découvrir en lui un autre monstre, celui qu'incarne le proxénète, intransigeant et violent.
La dernière partie du film rejoint l'ouverure dans sa cruauté et sa violence. C'est tout d'abord le suicide du père d'Angel qui ne se remettra pas de la honte d'avoir d'avoir un fils homosexuel. c'est là certainement le moment le plus dramatique du film où Angelos atteint un véritable climax de folie désespérée. puis ce sera la déchéance d'Angel, malheureuse victime, qui aprés avoir été rossé une fois de plus se transformera en bourreau, incapable de supporter cette vie.
Katakouzinos a de nouveau recours aux vieux clichés du cinéma gay des années 50 avec son personnage basculant lentement dans la dépression nerveuse, le suicide et le meurtre homosexuel.
Bénéficiant d'une interprétation plutôt convaicante, Angelos malgré son coté volontairement rétrograde qui pourrait faire sourire est une oeuvre juste et malheureusement toujours d'actualité, une vision de l'homosexualité face à une certaine culture qui prône l'héterosexualité comme seule "normalité" et du mâle dominant.