Alucarda, la hija de las tinieblas
Autres titres: Alucarda / Innocents from hell / Mark of the devil 3 / Sisters of Satan
Real: Juan Lopez Moctezuma
Année: 1978
Origine: Mexique
Genre: Horreur
Durée: 85mn
Acteurs: Tina Romero, Claudio Brook, David Silva, Susana Kamini, Lili Garza, Tina French, Birgitta Sekerskog, Adriana Roel, Martin LaSalle, Antonia Guerrero, Manuel Donde, Adriana Riveroll...
Résumé: La jeune Justine entre au couvent après la mort de ses parents. Son arrivée va déclencher autour d'elle et de sa nouvelle amie, la jeune Alucarda, toute une série d'évenements mystérieux. Une présence maléfique semble s'être emparée des deux adolescentes tandis qu'elles entretiennent une relation contre-nature. Alucarda serait en fait une sorcière qui tenterait d'entraîner Justine dans son monde diabolique. Le chaos va trés vite régner dans le couvent...
Réalisé en 1978 par le mexicain Juan Lopez Moctezuma, Alucarda, film choc, déroutant et violent qui tend souvent vers l'excès, prend comme thèmes principaux la possession diabolique et la sorcellerie. Alucarda peut être vu comme une sorte de poème paien et brutal enveloppé d'un érotisme torride, un festival de nudité qui contrairement à un certain cinéma d'exploitation italien d'alors ne sombre jamais dans la démesure et le malsain ce qui aurait pu être justifié cette fois vu le contenu hérétique du film. Moctezuma a su justement éviter ce piège facile.
Alucarda est avant tout un film envoûtant et délirant au sens propre du terme, un véritable choc visuel particulièrement coloré et assourdissant se déroulant dans des univers étranges où errent d'inquiétants personnages dont le final enflammé retranscrit toute cette folie. Moctezuma parsème cette oeuvre hérétique de séquences puissantes comme la vision des suppliciées, les corps tourbillonnant de possédées hurlantes, l'embrasement des religieuses, les scènes d'auto-flagellations, Alucarda partant nager nue dans une mare de sang après être sortie de son tombeau sans oublier la puissante séquence d'exorcisme.
Le réalisateur nous entraîne dans un univers clos où s'affronte la pureté et le Mal, l'innocence et la perversion chacune symbolisée par Justine la sage d'un coté et la jeune et vénéneuse sorcière Alucarda de l'autre toutes deux sont liées par une relation homosexuelle forcément contre-nature donc impie et punie par la mort. Une fois de plus, on retrouve à travers cette relation interdite l'illustration de tout un pan moraliste du cinéma d'alors.
Nous sommes ici dans un univers fermé d'où toute réalité semble absente où du moins d'où tout lien avec notre monde semble absent. Dans cet univers esthétiquement trés beau et surtout coloré on doit simplement accepter les faits tel quel. Ici, le surnaturel est jeté comme une évidence, point de mystère ou d'énigmes mystico-religieuse. C'est ainsi, au spectateur d'accepter ou non ce que Moctezuma montre ce qui pourra parfois gêner des esprits trop rationnels qui verront dans ce film qu'un simple fatras de tout et n'importe quoi.
On pourra regretter que toute l'envolée hystérique de ce spectacle infernal semble parfois un peu retenue. Moctezuma semble avoir freiner un peu ses pulsions et se tienne un peu en retrait de ses ambitions de départ. Il manque en effet à Alucarda ce petit quelque chose, une certaine frénesie qui en aurait fait une totale réussite. Voilà qui est dommage mais qui n'enlève en rien le plaisir pris à sa vision malgré ce petit zeste de déception.
On soulignera l'interprétation particulièrement excellente de la jeune Tina Romero dans le rôle titre.