La bella e la bestia
Autres titres:
Real: Luigi Russo
Année: 1977
Origine: Italie
Genre: erotisme
Durée: 94mn
Acteurs: Lisbeth Hummel, Claudio Undari, Philippe Hersent, Brigitte Petronio, Bruno Chiodetti, Anna Maria Bottini, Piera Maria Caretto, Massimo Cosentini, Françoise Gerardine, Nicolo Piccolomini, Franca Gonella...
Résumé: Un tsar est tombé amoureux d'une de ses jeunes esclaves mais elle se refuse à lui. Elle lui propose un marché. Elle exige de lui qu'il lui offre les pleins pouvoirs le temps d'une journée. Elle lui offrira son corps. La fin de la journée arrivée, la vengeance du tsar sera terrible après qu'il ait assisté, contraint et forcé, à ses ébats avec un esclave noir ..
Une jeune femme adultère sera punie de la pire façon qui soit. Enfermée nue avec des animaux, traitée en bête, elle perdra peu à peu la raison...
Un adolescent découvre les plaisirs de la fustigation. Il exige que sa jeune cousine le fouette...
Une future épouse aimerait avant son mariage honorer la promesse qu'elle avait faite à son cousin, le laisser lui faire découvrir les plaisirs de l'amour. Ce dernier afin qu'elle ne perde pas sa virginité la sodomisera durant son sommeil...
Si on pourrait classer La bella e la bestia dans la catégorie des Décamérotiques, le film s'en éloigne toutefois par les thèmes abordés et la brutalité de certains d'entre eux. On est ici loin de la légèreté de ces comédies coquines en costumes dont l'unique point commun demeure le contexte pseudo-historique et le découpage du film en quatre segments.
Plutôt inégal le film de Luigi Russo vaut surtout pour l'aura de scandale qui entoura sa sortie en Italie et ses deux premiers sketches dont un qui traite ouvertement de zoophilie. En ce sens, La bella e la bestia fait partie des trois films d'exploitation italiens qui traitèrent sans détour aucun de cette déviance si particulière avec Bestialita de Peter Skerl et Libidine.
Le premier segment, La schiava, nous entraine dans la Russie des tsars. Une jeune esclave dont le souverain s'est follement épris lui demande en échange de son corps de lui donner les pleins pouvoirs le temps d'une journée. Ceci est l'occasion pour Russo de nous offrir une petite palette de jeux érotiques basés sur l'humiliation. On reste assez simple et plutôt conventionnel ici et ce ne sont pas les jeux en eux mêmes qui donnent tout l'intérêt au segment mais la présence de Lisbeth Hummel fraichement sortie de La bête de Borowczyk. Elle est une jeune esclave dont la beauté n'a d'égal que la froideur du regard, impassible, glaciale, résignée. L'or de ses cheveux, le bleu de ses yeux tranchent avec le rouge sang des décors, très sobres, fort bien mis en valeur par une jolie photographie. C'est bel et bien là le seul attrait de La schiava dont la chute plus que prévisible décevra beaucoup et amoindrira encore plus la précarité du sujet.
Zooerastia, le deuxième sketch, restera le point fort du film et certainement le meilleur tant par le sujet que par son traitement, donnant ainsi tout son sens au titre. On y retrouve une fois encore Lisbeth Hummel, jeune épouse adultère, dont le vieil époux lui réservera la plus effroyable des punitions après l'avoir surpris dans la grange avec son amant. Il l'enfermera nue avec pour seule présence celle d'un cheval et de deux bulldogs. Petit à petit, affamée, elle va prendre plaisir à cette insolite compagnie sombrant peu à peu dans une folie irréversible sous l'oeil impitoyable de son bourreau. Outre le jeu particulièrement convaincant de Lisbeth Hummel, Zooerastia prêche particulièrement par son coté malsain et la cruauté de la situation. Un décor unique, une cave humide, aussi nu que la malheureuse victime, habité par ces trois animaux au départ féroces que la jeune fille domestiquera jusqu'à finir par ressembler. La belle jeune fille éprise d'équitation mais malheureusement volage va se
transformer au fil des jours en une bête humaine, suivant un phénomène de régression dû à son enfermement qui la conduira à la folie. Russo a parfaitement su mettre en images cette terrible régression. Il en résulte un profond malaise renforcé par les gros plans du regard hagard de Lisbeth se mêlant à ceux des animaux que le réalisateur filme avec une certaine frénésie. L'ombre de Borowczyk plane sur ce sketch puisque Russo exploite à fond La bête en multipliant les plans sur les sexes des chiens en rut tournant en rond dans cette froide prison jusqu'à ce que la jeune femme ne fasse plus qu'un avec eux. Il est important de noter que si la bestialité est le thème principal de cette histoire, il n'y a aucune scène de ce type ici,
elle n'est que clairement suggérée. Aux cotés de Lisbeth Hummel, magnifique et si fragile victime, Philippe Hersent est un vieil époux cruel et déterminé clamant sa haine pour cette femme indigne.
Le troisième sketch, La fustigazione, tente de nous faire découvrir le goût maladif d'un adolescent pour la fustigation. Intéressant certes mais la médiocrité de l'interprétation gâche l'ensemble qui vaut uniquement pour quelques courtes scènes dont celle où le jeune homme se fait fouetter le derrière à la badine par son professeur pervers et surtout pour la présence de l'angélique Brigitte Petronio la jeune et blonde cousine de l'adolescent qui, candide, prendra finalement goût à ces plaisirs pervers lors d'une très belle séquence où elle fouette son cousin attaché nu au lit tout en se masturbant.
Le dernier Sketch, La promessa, dénote particulièrement avec le reste du film puisque situé de nos jours et semble avoir été réalisé juste pour que le film atteigne les 90 réglementaires. La banalité de l'histoire et son manque total d'originalité viennent encore plus renforcer l'impression d'inutilité de cet ultime épisode dont le seul intérêt réside dans la présence de Franca Gonella.
Si le sadomasochisme et la perversion sont ici l'essence même du film, on regrettera tout de même l'indolence de la mise en scène et la lenteur des histoires ainsi que le peu de suspens qu'elles ménagent et une interprétation souvent quelconque voire risible notamment lors du troisième sketch, surjoué au maximum.
Russo se rattrape en créant une atmosphère étrange, envoûtante par instant, entretenant un climat malsain essentiellement lors des deux premiers segments, soignant la photographie afin de mettre en valeur de beaux décors. On notera la très belle musique de Piero Umiliani qui se marie très bien aux images, donnant par instant un coté aussi sensuel qu'irréel tant aux personnages qu'aux histoires elles mêmes.
La bella e la bestia est un film érotique certes inégal mais qui par l'étrangeté qui en émane, la beauté cruelle de certains segments et les sujets très spéciaux abordés mérite toute l'attention de l'amateur de cinéma autre.