La patria del rata
Autres titres: Exit:dead end / Ratsy
Real: Francisco Lara Polop
Année: 1980
Origine: Espagne
Genre: Polar
Durée: 87mn
Acteurs: Danilo Mattei, Julia Martinez, Arturo Lopez, Taida Urruzola, Javier Vinas, Francisco Sanchez Grajera, Maria Isbert, Gabriel Fariza, Juan Cazalilla, Elena Rivera, Carmen Utrilla, Miguel A. Rellan, Joaquin Vidriales, José Martin Alvarez...
Résumé: José Merinos Maya surnommé El rata a 30 ans. Jeune rebelle, il a passé vingt longues années en prison pour diverses exactions. Il décide à sa sortie de faire un hold-up. Malheureusement les choses tournent mal. El rata doit fuir. Il se réfugie dans une maison et prend une fillette malade en otage. Très vite Lucie, la petite fille, se prend d'affection pour ce mauvais garçon tandis que la police est bien décidée à abattre El rata...
Réalisé par l'espagnol Francisco Lara Polop , ancien directeur de production à qui on doit entre autres le giallo Quando Marta urlo dalla tomba et la sexy comédie La segretaria avec Ornella Muti, La patria del rata est un petit polar totalement méconnu aujourd'hui oublié mais suffisamment efficace pour qu'il retienne l'attention du spectateur.
A travers le personnage de ce jeune activiste surnommé El rata, Polop tente de mettre en images toute la violence d'un jeune garçon déçu par la politique de son pays, l'Espagne de cette fin d'années 70, las de n'être qu'un chômeur, un laissé pour compte qui n'a aucune autre alternative que de se joindre à un groupe de terroristes. La seule envie de cette jeunesse abandonnée est de montrer qu'ils existent et ont le droit de vivre dans un pays en pleine mouvance sociale.
Polop signe ici un polar résolument politique qui glisse très vite vers une attendrissante histoire d'amitié entre ce jeune paumé, un délinquant patriotique qui personnalise l'inexorable montée du chômage en Espagne, et une fillette handicapée, diabétique, qu'il a bien malgré lui dû prendre en otage. L'histoire est construite comme une sorte de huis-clos à l'intérieur de cette maison aux abords des ghettos de Madrid dans laquelle El rata s'est retranché. La majeure partie du film repose donc sur ces deux personnages, leur confrontation que seule la fiancée de El rata, une strip-teaseuse locale interprétée par Taida Urruzola, viendra briser afin d'attirer le jeune homme dans les griffes de la police qui finira
par cerner la maison. Si dans un premier temps il lui fait confiance, n'imaginant pas qu'elle puisse le trahir, il comprendra vite qu'elle n'est en fait que le loup dans la bergerie. C'est la fillette, malade, qui réussira à la mettre hors d'état de nuire afin de protéger ce garçon dont elle s'est prise d'affection. Assailli par les forces de police, il devra fuir avec elle malgré un état de santé qui se dégrade d'heures en heures. Au plus mal, en manque d'insuline, il sera contraint de d'abandonner l'enfant agonisante au bord de la route. L'amour quelque qu'il soit a parfois ses limites, la liberté en est une. Rongé par le remord, la donne peut cependant changer. L'amour n'est il pas dit-on plus fort que tout même si la mort en est le prix à payer? Faut il voir là toute une symbolique, celle d'un jeune homme qui par son sacrifice donne la chance à la génération future de prendre le relais pour ce monde meilleur dont il a tant rêvé?
La patria del rata est certes un joli drame social sur fond patriotique mais il est malheureusement assez mal exploité dans ses deux principales lignes directives. Polop se contente en effet d'aborder ces thèmes sans jamais leur apporter la profondeur nécessaire. On reste constamment dans le superficiel notamment en ce qui concerne l'aspect politique et social du film, pourtant fondamental. A aucun moment il n'arrive à réellement montrer la vague d'insécurité qui submerge le pays en plein régime franquiste dont la presse ne cesse d'évoquer. Il manque aussi à La patria del rata cette dimension émotionnelle qu'on attend en vain quant à la relation très forte qui lie l'homme et l'enfant interprétée par la petite Elena Rivera. Polop n'exploite jamais réellement toutes les possibilités d'un scénario prometteur et
profondément humain. Au final La patria del rata ne s'élève jamais guère plus haut qu'une honnête petite série B peu aidée par une mise en scène qui manque malheureusement trop de nerf. C'est d'autant plus dommage que La patria del rata bénéficie d'une très bonne interprétation, mais est ce étonnant, de la part de Danilo Mattei qui incarne ce jeune rebelle avec force et conviction, sauvant ce film routinier de la banalité alors qu'il aurait pu, aurait du transgresser toute forme de morale moralisatrice en ayant recours au sexe mais également à l'usage de la violence et de la drogue, parfait alibi pour mettre en scène le climat de désespoir et de détresse dans lequel est plongé un pays, à l'image même de la plupart des polizeschi dans l'Italie des années 70.
Totalement inédit sous nos cieux, uniquement disponible en édition vidéo espagnole ou grecque, ce petit polar politique malgré ses défauts et son manque de vigueur est néanmoins un sympathique divertissement que l'amateur prendra sûrement plaisir à découvrir.