Paul Naschy s'en est allé
C'est avec tristesse que nous apprenons la disparition de Jacinto Molina Alvarez plus connu sous son pseudonyme international Paul Naschy. Pour toute une génération et plus particulièrement les amateurs de cinéma de genre, Paul restera un grand nom du cinéma Bis espagnol à qui on doit dans les années 70 le désormais célèbre personnage Waldemar Daninsky, pivot central de toute une série de films de loups-garous.
Mais durant sa longue carrière, Paul a également touché à bon nombre de genres tant comme acteur que comme réalisateur.
Jacinto est né à Madrid non loin de la Plaza mayor en 1934. Aprés des études de sciences et d'architecture, Paul- appelons ainsi en sa mémoire- s'adonna beaucoup aux sports et en particulier à l'haltérophilie, une discipline dans laquelle il fut deux fois champion d'Espagne.
C'est au début des années 60 que le cinéma hollywoodien va faire appel non pas à ses talents d'acteur mais à sa forte stature pour apparaitre dans quelques super productions telles Roi des rois et Les 55 jours de Pékin.
Au début des années 70, Paul va donner vie à un genre fort spécifique: le film de lycanthropes. Enfant, il rêvait devant les loups-garous d'Universal, inconditionnel des oeuvres de Lon Chaney. C'est ainsi qu'il écrit son premier scénario où il met en scène des lycanthropes mais les producteurs espagnols, fort réticents à ce type de films, refusent son idée. C'est en Allemagne qu'il trouvera une oreille attentive et son projet est accepté. Lon Chaney ayant gentillement refusé d'interpréter le rôle principal, c'est Paul lui même qui se mettera en scène avec l'accord des producteurs. Ainsi nait La marca del hombre lobo / Les vampires de Dracula, premier film d'une série de douze. Paul en sera à chaque fois le scénariste et l'interprète principal. Il affrontera moultes créatures démoniaques, des vampires et même le Yeti, devant supporter l'affreuse malédiction qui pèse sur lui et le transforme en lycanthrope à chaque pleine lune que douze fois de suite sa fiancée tuera. Souvent maladroits, pas toujours crédibles, parfois souffrant d'une lenteur ronronnante, ses oeuvres portent l'empreinte des films des années 40 y compris dans leurs effets spéciaux souvent rudimentaires. Les transformations se font en fondus enchainés tandis que Paul se recouvre d'une toison, le visage dissimulé derrière un masque de poils.
Mais aussi gauches soient ils, ses films auront permis au cinéma fantastique espagnol d'exister et de se faire une réputation dans le milieu du cinéma Bis dont désormais ils sont devenus des oeuvrettes cultes. On citera en exemple Los monstruos del terror, La noche del Walpurgis, La furia del hombre lobo, La maldicion de la bestia, El ritorno del Walpurgis, Dr Jekyll y el hombre lobo...
Paul sera aussi l'interprète de bon nombre d'oeuvres fantastiques et d'horreur où il reprend tous les grands mythes du cinéma d'horreur dont Le bossu de la morgue de Javier Aguirre, Exorcismo, El grande amor del conde Dracula, La vengenza de la momia, La rebelion de las muertas, La orgia de los muertos..., de gialli, Red killer, Los ojos azules de la muneca rota...
En 1976, il réalise son premier film, Inquisition+, suivi de bon nombre d'autres dont Le retour du loup-garou++, considéré comme un de ses meilleurs.
Dans les années 80, Paul travaillera beaucoup avec le Japon. C'est ainsi qu'il continue son bonhomme de chemin jusqu'à l'aube des années 90 où il écrit et réalise son dernier film La noche del ejecutor.
Paul continuera à écrire de nombreux scénarii et à jouer dans une kyrielle de films jusqu'à sa mort.
En 2001, Paul a reçu la médaille d'or des Beaux-Arts. Il est aussi à l'origine de quelques bandes dessinées où il reprend son célèbre personnage Waldemar. Paul a aussi écrit quelques ouvrages et peut se vanter d'être l'illustrateur d'une pochette espagnole d'album pour Elvis Presley.
Paul s'en est malheureusement allé le 30 novembre 2009 emporté par le cancer. Ses nombreux fans sont en deuil mais il restera un des grands noms du cinéma fantastique espagnol à qui il donna son envol et à un certain cibéma de genre certaines de ses lettres de noblesse.
Comme toute créature de la nuit, Waldemar est éternel et Paul sera à jamais présent dans la mémoire du cinéphile.