L'étrange festival de Paris édition 2009
Après trois ans d'absence, c'est avec plaisir que les cinéphiles amateurs d'un cinéma autre ont vu le retour de l'Etrange festival de Paris. Et c'est avec une programmation aussi étonnante qu'alléchante que les organisateurs ont voulu accueillir le public venu en masse durant les quelques dix jours qu'a duré le festival.
Si cette édition nous a réservé quelques beaux et inoubliables moments, le Maniaco pour sa part en a retenu surtout deux auxquels nos vaillants reporters ont pu assister à la fois émus et fébriles.
Si on sait que le personnage n'est plus apparu en public depuis de très nombreuses années, fort réticent aux interviews, la venue de Mario Mercier était en soi un évenement presqu'incroyable. L'homme devait donc être chaleureusement accueilli avec tout le respect qu'on lui doit. Présent lors des projections de La Goulve, La papesse et son court métrage Les dieux en colère jusqu'alors inédit, l'accueil fut loin d'être à la hauteur de ce qui l'aurait du être.
Si on oubliera la présentation superficielle du metteur en scène, on regrettera les réactions puériles et irrespectueuses d'un public semblant peu concerné lors de la projection de La papesse où Mercier dut subir rires et réflexions déplacées. Serons nous étonnés si le réalisateur quitta la salle, déçu et amer, et n'accepta de réapparaitre sur scène qu'à contre-coeur pour répondre aux questions du public.
C'est un homme profondément marqué par ses déboires professionnels qui se tenait là, un homme que la censure et le public d'alors brisèrent après la sortie en salles fustigée de La papesse en 1975. Ce rejet le força à mettre un terme à sa carrière de réalisateur et à se retirer du monde cinématographique. On peut comprendre que ces réactions lui déplut même si au fil des minutes Mario Mercier se décrispa. C'est dans une atmosphère plus détendue et surtout respectueuse que se déroulèrent les projections de La Goulve et Les dieux en colère.
Il est vrai que de la part d'un public supposé aimer un tel cinéma, on aurait pu espérer plus de respect pour cet homme à qui on doit tout de même deux piliers du cinéma ésotérique de qualité, tout amateur soit il.
Le deuxième évènement de cette nouvelle édition fut la présence de Franco Nero, jovial et enthousiaste, dont la sympathie et le bonne humeur n'ont d'égal que le bleu intense de ses yeux. Avant un buffet proposé en son honneur, le public put assister à la projection de trois films à savoir La proie de l'autostop, Querelle et le western méconnu de Lucio Fulci Le temps du massacre après lesquels l'acteur répondit aux questions du public venu en masse salué le grand acteur italien. Il nous conta mille anecdotes notamment sur Autostop rosso sangue qui pour lui demeure un excellent souvenir, un film qui lui permit de faire connaissance avec Corinne Cléry avec qui il entretient encore aujourd'hui une belle relation d'amitié.
La seule petite ombre à ce festival 2009 qui provoqua la tristesse de ses nombreux admirateurs fut l'absence de Christina Lindberg pourtant annoncée.
Si les emplois du temps de nos reporters ne leur ont pas permis d'assister aux autres évènements trop espacés dans ces dix jours, dont l'hommage au réalisateur Bruce LaBruce lui aussi présent, la venue de ces deux grands noms du cinéma aura été suffisante pour combler nos voeux les plus chers et témoigner de la qualité du Festival de l'Etrange de Paris devenu depuis bien longtemps une institution indétrônable.
Reportage et armature du texte réalisé par Vincent C. et rédigé par Eric Draven.