Spelen of sterven
Autres titres: To play or to die
Real: Frank Krom
Année: 1990
Origine: Pays-Bas
Genre: Drame
Durée: 48mn
Acteurs: Tjebbo Gerritsma, Simon Gribling, Joost, Gert Hunaerts, Cock Van Der Lee, Diane Lensink, Mike Starik, Titus Muizelaar...
Résumé: Kees a 15 ans. C'est un garçon solitaire dont la passion est les barres asymétriques. Il rêve d'être un oiseau afin d'être libre. Kees est secretement amoureux d'un camarade de classe, le viril Charel, un garçon orgueilleux et fier. Au fil du temps et des humiliations que lui fait subir Charel, Kees, devient de plus en plus obsédé par son camarade qui le rejette et joue avec lui et ses sentiments. Une relation ambigue nait entre eux. Mais parfois le jeu peut devenir mortel...
Signé du néerlandais Frank Krom, To play or to die traite avec une certaine cruauté du thème du refoulement de ces sentiments qu'on cache par peur ou honte au plus profond de soi et qui lentement mène à l'auto-destruction.
To play or to die se situe dans les années 60, dans un collège pour garçonl. Kees a 15 ans, garçon solitaire et secret dont la passion est la lecture et les barres asymétriques sur lesquelles il aime passer son temps à se suspendre. Il s'y repose comme l'oiseau qu'il aimerait être, image d'une liberté dont il rêve, ce désir de s'envoler et d'être libre d'aimer Charel, son viril camarade de classe orgueilleux, fier et arrogant.
Leur relation est ambigue, claire-obscure. Elle illustre parfaitement cette notion d'attirance/répulsion, d'amour/haine. Kees doir subir les humiliations de Charel qui est incapable d'exprimer ses sentiments encore moins d'interpréter ceux de Kees. Le trouble est pourtant présent, surnois. On tente alors de dissimuler tant bien que mal mais un rien peut venir le trahir. Si les sentiments de Kees sont bel et bien réels, qu'en est il exactement pour Charel? Krom joue beaucoup sur cette ambiguité.
Charel devient pour Kees une véritable obsession qu'il controle de moins en moins. Il doit également subir les humiliations de ses camarades de classe qui s'amusent de sa différence. Surpris entrain de se masturber dans les toilettes, il y est enfermé avant d'être entièrement déshabillé dans les vestiaires sous les quolibets de Charel. Il finira pourtant par accepter l'invitation de Kees à passer chez lui un soir sous prétexte de l'aider à faire ses devoirs. S'il semble enfin s'intéresser à l'univers de Kees ceci n'est qu'un leurre pervers et cruel pour mieux retourner la situation à son avantage et humilier une dernière fois le garçon.
Est ce par peur de franchir enfin la barrière, peur de la soudaine clarté de ses sentiments ou tout n'était il qu'un effroyable et impitoyable jeu? Charel va laisser exploser toute sa cruauté et toute sa haine sur son camarade. Si Kees était adepte des barres, Charel est un féru de boxe, sport viril par excellence. Il le roue de coups, le sang coule. C'est l'amer rejet de la différence dans ce qu'il a de plus abject,ou la voie de la lâcheté la plus vile face à la peur.
Meurtri, blessé tant physiquement qu'au plus profond de son coeur et son âme Kees va lentement sombrer dans la folie, obsédé par Charel. Il va se replier sur lui tel un oiseau blessé. Au paroxysme de l'alienation, il se masturbera frénétiquement au milieu du salon. Alors qu'il éjacule, des rires résonnent, la fenêtre explose, un ballon rebondit dans la pièce. Ce ballon prend la forme de la tête de Charel qui rit et le nargue. Réalité et cauchemar se confondent alors dans une horreur sans nom. Kees a atteint le point de non retour. Il a basculé dans une autre dimension. Il s'est auto-détruit, suicidé de l'intérieur. Quelques tours de barre et l'oiseau s'envole. Si Kees vole enfin il ne fait pourtant que dégringoler l'escalier de sa chambre.
Au delà de l'amour et de la différence, To play or to die est avant tout un film sur l'auto-destruction d'un être trop fragile que la vie désagrège petit à petit. Krom met savamment en place les règles d'un jeu pervers où l'ambiguité des rôles est le maître mot. Ces règles nous perdent encore plus dans ce dédale qu'est le jeu cruel de l'amour et de la haine. Kees ne cesse d'envoyer à Charel des signaux de détresse si anodins soient ils qu'il n'arrive pas ou ne veut pas à déchiffrer. Cela le déstabilise et rend incontrôlable ses réactions. Charel passe ainsi de la gentillesse à la cruauté, sans cesse partagé entre compassion et defiance. C'est l'incompréhension du coeur et de ses pulsions. Mêlée à la peur ou la honte de ses ressentis elle oblige Charel à prendre cela comme un jeu dont il a cru sortir vainqueur.
Krom balaie ici toute une palette d'émotions et de contrastes qui fait de son film un réel drame psychologique aux limites du fantastique. To play or to die ne fait que symboliser la perte de conscience de Kees d'avec la réalité. Krom illustre à la perfection sa lente descente vers la folie et l'horreur qui l'accompagne. L'escalier final n'est jamais que l'escalier de sa vie qu'il déboule, qui s'effondre et se brise avant de le conduire vers la mort.
Magnifié par un très beau noir et blanc, To play or to die, outre ses quelques scènes plutôt osées et ses plans de nudité frontale, bénéficie d'une excellente interprétation de ses protagonistes principaux fort investis dans leur personnage, le blond et musclé Tiebbo Gerritsma dans la peau de Charel et le jeune Gert Hoonaest dans celle de Kees.
Frank Krom en quelques 50 minutes signe un petit chef d'oeuvre du film gay fantastique. To play or to die est un film sombre, noir, cruel, un drame psychologique tragique au pouvoir émotionnel étonnant qui ne laissera pas indifférent.