In extremis
Autres titres:
Real: Etienne Faure
Année: 2000
Origine: France
Genre: Drame
Durée: 110mn
Acteurs: Sebastien Roch, Aurelien Wiik, Julie Depardieu, Jeremy Sanginetti, Christine Boisson, Jean-Claude Brialy, Candice Hugo, Delphine Chanéac, Rosette, Felix Baum, Guillaume Lebon...
Résumé: Thomas est bisexuel et vit une relation passionnée avec une quadragénaire mère d'un enfant de 12 ans, Gregory. Le jour où elle meurt, Thomas va tout mettre en oeuvre pour avoir la garde de l'enfant. Mais le jeune homme ne peut refouler ses pulsions homosexuelles, Il se perd dans les milieux gay, va d'aventures en aventures, vit une relation avec une jeune prostituée tout en aimant un jeune homme rencontré une nuit. Son goût pour l'auto-destructioon et son mal être lui interdisent tout droit sur l'enfant qui est placé à la DDASS. Dés lors, Thomas va lentement sombrer tout en faisant l'impossible pour récupérer Grégoire...
Venu du court métrage, Etienne Faure à qui on doit déjà Paroles invisibles ou Au coeur de la nuit ainsi qu'un documentaire sur le jeune héros de Mort à Venise de Visconti, signe avec In extremis son premier long métrage.
Il prend comme sujet principal la lente auto-destruction d'un jeune homme déchiré entre les choix d'une vie qu'il ne contrôle pas, la difficulté de vivre une vie qu'il n'assume pas. Bisexuel, Thomas ne peut refouler ses pulsions homosexuelles qui le rongent et l'empêchent de vivre correctement sa relation avec Caroline, une quadragénaire mère d'un enfant de 12 ans. Cette dualité le plonge dans un malaise profond, incapable de trouver son identité sexuelle. Chaque jour il se fragilise et s'affaiblit un peu plus. Pour mieux oublier ce mal être et pouvoir vivre ses envies interdites, il se perd dans les milieux homosexuels, les boites et autres sex parties. Il se livre à la débauche, applique l'inévitable triptyque sexe, alcool, drogue sans jamais pouvoir trouver ce bonheur tant recherché. C'est l'illusion, l'ivresse de la nuit, les amours passagers comme celui qu'il vit avec Vincent, jeune oiseau de nuit qu'il partage avec une amie, prostituée.
La mort de Caroline et la mise à la DDASS de son enfant sera pour Thomas le point de départ d'une longue descente aux enfers. In extremis se transforme en un douloureux combat contre la justice pour récupérer l'enfant et en avoir la garde. C'est le combat d'un homme pour un enfant qu'il considère comme son fils, le désespoir d'un enfant séparé de celui qu'il veut comme père.
Etienne Faure pose la difficile question de savoir si on peut être un père ou une mère digne de ce nom si on est soit homosexuel ou prostituée. Aux yeux du système, l'amour ne suffit il pas surtout s'il vient de l'enfant qui a choisi qui aimer et avec qui grandir?
Thomas va devoir alors mener deux combats de front, deux combats qui le minent et le détruisent encore plus. Il doit se battre contre l'administration et la justice, contre la détresse de petit homme qu'il adore et veut pour fils mais il doit lutter également contre ses démons qui le submergent. Malgré sa lutte, il ne peut se raisonner, parvenir à une normalité. Plus il tente d'émerger, plus il se noie et se perd dans le tourbillon infernal de sa vie, cette auto-destruction qui l'envahit chaque jour un peu plus et annihile toute volonté.
Thomas réalisera toute l'horreur de sa vie lorsque l'enfant qui le cherche désesperemment dans Paris le retrouvera dans la back-room d'un night club où il participe à une orgie. Le spectacle est presque fellinien, enchevêtrement de corps nus et masqués, carnaval lubrique où les êtres s'entremêlent et s'enlacent de façon obscène alors que flashent fellations et sodomies sous le jeu hypnotique des stroboscopes. Le fait de se jeter dans la fontaine sera comme un exorcisme, une façon pour lui de laver ce corps qui le répugne, se débarrasser de ses perversions et purifier son âme.
Ce sera pour Thomas le point de non retour. Dans ce marasme, Faure tente pourtant une lueur d'espoir, celle de l'amour triomphant et salvateur. A la nuit, ses artifices et ses perversions succède la mer, la plage et le soleil, image d'un bonheur et d'un équilibre encore précaire retrouvé.L'amour qu'il porte à cet enfant lui apportera cette force nécessaire pour enfin avoir une vie normale. La justice et destin en décideront pourtant autrement et la seule isue possible sera la mort tant physique que psychologique.
Outre un film sur la difficulté de choisir sa sexualité et le traumatisme psychologique qui en découle, Faure signe une oeuvre magnifique sur l'auto-destruction et le suicide intérieur d'un jeune homme fragile qui se bat contre lui même et contre le système. Il donne une vision très sombre de notre société et de ses lois souvent infamantes, de l'injustice d'une justice qui s'octroie le droit de choisir, faisant fi des sentiments et de l'amour des êtres et du mal que cela peut engendrer.
Avec grande pudeur, Faure nous invite à suivre le parcours de ce paumé, sans jamais être obscène. Homosexualité, triolisme, débauche, malgré le sordide de certaines situations, In extremis n'est jamais graveleux encore moins complaisant ou voyeuriste. Faure s'autorise juste quelques scènes un brin osées dont la fellation sous coke dans la cage d'escalier et l'audacieuse séquence du night club qui fera réaliser à Thomas, travelo ruisselant, créature déchue hurlant sa douleur, le non sens et le vide de son existence.
Dans les rôles principaux, outre Jean Claude Brialy, Christine Boisson et Julie Depardieu, on retrouvera Aurelien Wiik, oiseau branchouille et décoloré des nuits folles, extraverti et audacieux. Sebatien Roch, l'ex Cri-cri d'amour d'Hélène et les garçons, malgré un jeu parfois un peu trop théatral est un Thomas crédible et émouvant. On soulignera l'interprétation tout en justesse du jeune Jeremy Sanguinetti dans le rôle difficile de l'enfant.
In extremis qu'on pourrait rapprocher de L'homme blessé de Patrice Chereau est un beau drame contemporain, un film tiroir qui méle de nombreux thèmes où chacun puisera ce qu'il veut ou pense voir.