Storie di vita e malavita
Autres titres: Teenage prostitution racket / Racket della prostituzione minorile / The prostitution racket
Réal: Carlo Lizzani
Année: 1975
Origine: Italie
Genre: Drame
Durée: 116mn
Acteurs: Cinzia Mambretti, Lidia Di Corato, Annarita Graputto, Anna Curti, Cristina Moranzoni, Sandro Pizzocchero, Nicola Del Buono, , Mimmo Crao, Daniela Grassini, Bianca Verdirosi, Susunna Fassetta, Paola Fajela, Antinisca Nemour, Arturo Corso, Sergio Masieri, Rudi Del Pra, Ilona Staler, Enzo Fisichela, Mario Mercalli, Achille Grioni, Giuliana Rivera., Tony Casale, Domenico Seren Gay, Franca Manteli, Daniele Pagani, Guido Tasso ..
Résumé: On suit ici l'entrée de cinq adolescentes dans le monde de la prostitution, toutes pour des raisons différentes mais souvent liées à leur milieu familial. L'une a un père pédophile, une autre est enceinte à 15 ans et se retrouve à la porte alors que certaines découvrent que leur père est proxénète...
Grand spécialiste du film semi-documentaire on doit à Carlo Lizzani des oeuvres aussi fortes que réalistes telles que Banditi a Milano, Scandale à Rome, Barbagia, Lutring... réveille toi et tue ou encore Les derniers jours de Mussolini. Sans pour autant abandonner cette prédilection pour le film reportage Lizzani dans le milieu des années 70 s'est cependant orienté vers un cinéma plus exploitatif dont Storie di vità e malavità est un bel exemple, Ayant lentement acquis un petit statut de film culte au fil du temps Storie di vita e malavita est un drame souvent difficile qui met en scène les premiers pas de cinq adolescentes dans le monde de la sexualité et de la prostitution. Carlo Lizzani nous invite simplement à suivre la tragique histoire de ces jeunes filles ayant chacune un parcours différent mais qui finiront toutes de la même façon. Toutes situées à Milan ces histoires sont reliées entre elles par cette grand-mère indigne qui pour quelques billets oblige sa petite-fille de 15 ans à se vendre sur le bord des routes en suivant toujours le même principe: elles montent ensemble à bord d'un camion ou d'une voiture puis la grand-mère vante le savoir-faire et la maturité de sa petite-fille. La vieille femme descend ensuite du véhicule le temps que l'adolescente donne du plaisir au chauffeur. C'est avec cette séquence malsaine
que s'ouvre Storie di vita e di malavita. Le ton est donné d'emblée. Ne reste plus qu'à suivre le parcours des cinq autres gamines.
La première d'entre elles est la sarde Rosina, 16 ans. A la mort de ses parents elle est envoyée à Milan pour y trouver du travail. Elle est embauchée dans une fabrique de cassettes audio qui sert également de repaire pour la contrebande de cigarettes. Rosina fait la connaissance de Salvatore surnommé Il Velluto. Le jeune homme lui sort le grand jeu et lui promet le mariage. Naïve elle le croit ignorant qu'il s'agit en fait d'un proxénète qui va en faire sa putain jusqu'au jour où il la défigure pour la punir d'avoir voulu rentrer en Sardaigne. Désormais Rosina lui appartient.
Gisella a 15 ans. Elle se retrouve un jour à une fête où sont recrutées des filles. Photographiée à son insu entrain d'assister à une séance de triolisme elle sera l'objet d'un chantage.
Daniela, une jeune fille issue d'un milieu bourgeois, a la réputation d'être une jeune fille facile mais elle est en réalité frigide. Elle refuse de suivre le même chemin que ses parents et de devenir elle même une bourgeoise rangée. Elle découvre un jour que son père entretient des prostituées. Elle décide alors de se venger afin d'attirer son attention sur elle.
Albertina, 15 ans, est enceinte de son propre père, un pédophile incestueux. Répudiée par sa famille, elle est prise en charge par un couple qui l'exploite. Elle accouchera pendant une passe. La malheureuse finira folle à lier dans un asile.
Quant à Antonietta, 16 ans, elle adore faire l'amour dans les lieux publiques. Mise de force au couvent par ses parents elle rencontre Laura, une lesbienne qui hait les hommes avec qui elle découvrira les plaisirs saphiques. Antonietta connaitra une fin tragique. Elle se suicide après que ses souteneurs aient tué son chien.
Le film se clôture sur le massacre d'un des proxénètes qui surveillaient la grand-mère et sa petite-fille. Les deux femmes l'écrasent à coups de pierre et de pelle puis repartent tapiner tranquillement.
Inspiré de cinq faits divers qui eurent réellement lieu si on en croit Lizzani (et on a aucune raison de ne pas le croire) Storie di vita e malavita est une sorte de mélodrame nauséabond qui s'étend sur quelque deux heures. Il prend pour cible nombre de sujets tabou, la sexualité, la prostitution adolescente, le viol, l'inceste, la pédophilie... et pointe fortement du doigt la gente masculine. Toutes ces jeunes filles doivent en effet faire face aux hommes toujours représentés comme des êtres indignes et haïssables. Ce sont des maquereaux, des amants sexistes, des pères incestueux ou pédophiles, des manipulateurs.
L'homme est un loup, l'adolescente une proie facile source de tant de plaisirs coupables. De manière plus générale le film traite d'un sujet particulièrement d'actualité en Italie en ce milieu de décennie, la prostitution juvénile que Lizzani tente de dénoncer et d'illustrer tout au long de cette fiction-enquête. Malheureusement Lizzani échoue plus ou moins cette fois dans sa tentative de cinéma vérité. Il voulait mettre en avant les travers de notre société et de la nature humaine, plonger au coeur même du vice via cette incursion dérangeante dans l'univers du racket et de la prostitution adolescente. Force est de constater que le discours
sonne faux et ne prend pas pas vraiment faute à une véritable narration, une insuffisance narrative, (certaines histoires sont trop vite traitées donnant un sentiment de bâclage) et cette surenchère de voyeurisme. Le metteur en scène en quête de réalisme aussi cru soit-il a toujours voulu être au plus proche de la vérité dans ses films. Si c'est vrai également ici il y a pourtant un aspect fabriqué qui empêche de totalement adhérer à l'ensemble des récits, la dénonciation sociale s'en trouve donc amoindrie. Lizzani s'est beaucoup plus intéressé au sensationnalisme, au coté exploitatif du sujet qu'à l'analyse sérieuse de ses thèmes. C'est d'autant plus dommage qu'avec sa durée de quasi deux heures le film aurait pu abattre toutes ses cartes.
Ce qu'on retiendra surtout de Storie di vita e malavita, ce qui plaira avant tout aux amateurs d'exploitation, à un public avide de salacités croustillantes c'est cette accumulation d'images dérangeantes, choquantes (pour les plus sensibles et bien pensants du moins) sur fond de terrains vagues et du périphérique milanais hivernal, gris, froid et triste, presque déshumanisé à l'instar de ses protagonistes, marginaux et bourgeois dépravés: relations sexuelles entre adultes et adolescentes, ballets roses qui se terminent en séance triolique avec gode-ceinture, racolage, nudité juvénile, suicide, folie, avortement, exhibition d'ado enceinte, le tout arrosé d'un nuage de déviances sexuelles propre au milieu de la prostitution comme ce client pervers qui force Rosina à manger du pain trempé dans l'eau des toilettes ou le final sauvage assez surprenant où la fillette et sa grand-maman massacrent un proxénète en le lapidant et l'écrasant à coups de pelle au milieu des ruines d'un ghetto en flammes avant de repartir tapiner le long des routes en toute quiétude. Cette conclusion totalement amorale, symbole du triomphe de la perversion, tranche avec le reste du film plutôt sage en effets violents comme il reste très soft au niveau des scènes érotiques et de sexe si on excepte les nombreux plans de nudité juvénile intégrale et quelques plans hardcore de fellations et de pénétrations (en réalité des inserts) rajoutés pour l'exportation malgré le ferme refus de Lizzani. Ces inserts furent intégrés à l'édition DVD italienne du film.
Au générique du film on retrouvera toute une brochette de jeunes starlettes qui connurent une carrière éclair en tête Annarita Grapputo (Comme des chiens enragés, Lo stallone, Roma drogata: la polizia non puo intervenire), la pulpeuse Anna Curti (Les déportées de la section spéciale SS), Cinzia Mambretti (vue la même année dans Il tempo degli assassini), Daniela Grassini (Quella provincia maliziosa), la pasolinienne Antinesca Nemour (juste avant qu'elle n'entame le tournage de Salo), la gracile et superbe Lidia Di Corato et l'apparition furtive de Ilona Staler pour n'en citer que quelques unes.
Mentionnons le nom de Susanna Fassetta, la petite-fille prostituée par sa grand-mère, tout juste âgée de 14 ans mais qui avait déjà derrière elle une jolie carrière à la télévision italienne. Cette future Mme Alvaro Vitali (elle fut mariée brièvement au comique) connaitra par la suite un brillant parcours dans le monde du doublage. Autour d'elles toute une pléiade d'artistes génériques du Bis italien (Arturo Corso, Daniele Pagani et Sandro Pizzochero pour n'en citer que trois parmi les plus séduisants), point de gros noms à l'affiche, afin de renforcer l'aspect documentaire. Sans oublier le chien de Laura qui joue un rôle important dans l'histoire.