Nosferatu a Venezia
Autres titres: Nosferatu in Venice / Vampires in Venice / Nosferatu in Venedig
Réal: Augusto Caminito
Année: 1988
Origine: Italie
Genre: Horreur
Durée: 97mn
Acteurs: Klaus Kinski, Yorgo Voyagis, Christopher Plummer, Donald Pleasance, Elvire Audray, Barbara De Rossi, Anne Knecht, Clara Colosimo...
Résumé: Enterré à Venise lors de la Grande Peste du 17eme siècle, une séance de spiritisme va ramener à la vie le célèbre vampire Nosferatu qui dés lors va se mettre en quête d'une jeune vierge...
Réalisé presque dix ans après le Nosferatu de Werner Herzog, Nosferatu a Venezia se veut une semi-suite de ce dernier, Klaus Kinski y reprenant son fameux rôle.
Augusto Caminito, habituellement scénariste dont ce fut le deuxième et ultime film, n'est évidemment pas Herzog et son Nosferatu ne possède pas cette dimension poético-macabre quelque peu démésurée qu'avait l'oeuvre du maître, cette lenteur extrême parfois pesante. De l'oeuvre de Caminito on retiendra un certain coté onirique qui avec ses décors est l'atout majeur de cette pseudo-séquelle qui narre comment une séance de spiritisme va ramener à la vie le célèbre vampire Nosferatu enterré à Venise lors de la Grande Peste du 17ème siècle. A peine est-il revenu de chez les morts qu'il va se mettre en quête d'une jeune vierge.
Si le scénario ne brille guère par son originalité ce qu'on gardera en tête avant tout du film c'est le soin apporté à la photographie et la beauté des décors flamboyants vénitiens. Le réalisateur explore chaque coin de la ville-mystère, longe les canaux, lèche les murs lézardés, parcours les ruelles et les cryptes ancestrales, posant sa caméra dans de très belles salles ou églises apportant une attention toute particulière aux lumières.
Plutôt lent dans son développement, Nosferatu a Venezia est surtout un film d'atmosphère qui se veut étrange et angoissante où plane l'ombre du vampire. Malheureusement si on est d'emblée saisi par la beauté visuelle du film, Nosferatu a Venezia ne fonctionne qu'à moitié. Caminito ne parvient pas vraiment à effrayer ou simplement diffuser une certaine angoisse. Malgré les efforts louables, il manque l'essence même de la peur. Instaurer une atmosphère toute pesante soit elle ne suffit pas forcement à saisir le spectateur à la gorge. Caminito joue avec les ombres dont celle de Nosferatu errant dans les ruelles de Venise ou voguant seul dans une barque sur les canaux plongés dans un épais brouillard. Pourtant la sauce ne prend pas réellement dû en grande part à Kinski qui cette fois refusa tout maquillage, apparaissant donc à visage nu. Malgré ce faciès toujours aussi inquiétant et torturé, ses déambulations n'ont rien de vraiment effrayantes et apparaissent plutôt fades. Il perd beaucoup de son aura maléfique. Au final, Nosferatu a Venezia distille un parfum d'ennui que la lenteur du scénario n'arrange guère.
Ceci ne signifie pas que le film est exempt de scènes choc bien au contraire. La séance de spiritisme qui précède la résurrection du vampire est excellente mais on retiendra surtout l'envolée des prêtres à travers les vitraux de l'église avant de s'empaler sur les pics d'une grille ou les meurtres assez sanglants perpétrés par Nosferatu. Particulièrement remarquable et aidant beaucoup à l'atmosphère du film est la partition musicale signée Vangelis, lancinante, angoissante, collant à merveille aux images du film.
Outre Klaus Kinski incarnant donc à nouveau Nosferatu, on retrouvera Christopher Plummer et Yorgo Voyagis aux cotés de la brune Barbara De Rossi la proie convoitée de Nosferatu. Egalement présente au générique, la blonde et regrétée Elvire Audray, l'inoubliable héroïne permanentée de La guerre du fer. Elle n'a cette fois malheureusement qu'un simple rôle de figurante, de potiche mais Caminito lui réserve tout de même une mort à demi-dénudée plutôt violente. Abonné en cette fin d'années 80 aux seconds rôles dans de nombreuses séries B italiennes, Donald Pleasance est ici un prêtre pleutre, fuyant le vampire à grands renforts de roulements d'yeux.
Petite oeuvre esthétisante, Nosferatu a Venezia séduira par la beauté de ses images, son envoûtante partition musicale, ses décors vénitiens et son étrange atmosphère mais échoue là où le film devait effrayer. Voilà qui est bien dommage. Pour l'anecdote, c'est Mario Caiano qui au départ aurait du réaliser le film. Il ne fut présent sur le plateau que deux jours puis il abandonna le projet suite à des démêlés avec Kinski, peu loquace et surtout vexé de ne pas entièrement contrôler le film comme il l'avait imaginé. C'est donc à Caminito qu'échut sa réalisation.