La polizia ha le mani legate
Autres titres: Les dossiers rouges de la mafia / Les dossiers rouges de la mondaine / Boite à fillettes / Killer cop / Portrait of a 60% perfect man / The police can't move
Réal: Luciano Ercoli
Année: 1974
Origine: Italie
Genre: Polizesco
Durée: 95mn
Acteurs: Claudio Cassinelli, Arthur Kennedy, Sara Sperati, Franco Fabrizi, Valeria D'Obici, Bruno Zanin, Francesco D'Adda, Ugo Bologna, Franco Moraldi, Walter Valdi, Giuliana Rivera, Elio Jotta, Enzo Fisichella, Fausto Tommei...
Résumé: Une bombe explose dans le hall d'un hôtel de Milan. Le commissaire Balsamo parvient à retrouver le terroriste mais le laisse s'échapper. Il est très vite abattu. Après que le procureur ait découvert que son bureau était truffé de micros, l'enquête est reprise par un nouveau commissaire qui se trouvait dans le hall lors de l'attentat...
Réalisé en 1974 par Luciano Ercoli qui nous avait déjà offert d'intéressants gialli comme La morte cammina con i tacchi alti et Le foto proibite di una donna per bene, La polizia ha le mani legate sorti en salles sous le titre Les dossiers rouges de la mafia est un poliziesco sans violence gratuite ni débordement excessif comme le cinéma italien en faisait alors. Ercoli choisit un moyen plus en phase avec l'époque où le film a été fait: les attentats et manipulations politiques en Italie. La police a les mains liées, film au scénario assez tortueux, devient alors une sorte de polar politique plutôt intéressant et résolument soft. La mise en scène est cette fois sage comparée aux films frénétiques de Lenzi ou Martino, grands spécialistes du genre. Ercoli se concentre davantage sur son histoire et ses personnages, beaucoup plus complexes et fouillés que la plupart des polizieschi, que sur l'action elle même.
Ercoli n'est cependant pas Francesco Rosi et ça se voit très vite. Ercoli est avant tout un réalisateur de films de genre populaires, pas un auteur engagé. Il se laisse malheureusement vite dépasser par son sujet. Le film souffre de cette ambivalence. On sent bien qu'il souhaiterait donner à son film une patine plus importante du côté politique et social mais n'y arrive pas vraiment. L'action se calque donc sur les tenants et aboutissants de la société italienne d'alors. On se focalise sur le banditisme milanais et les attentats politiques orchestrés par une jeunesse désoeuvrée. On se glisse dans les ramifications de la justice et du gouvernement qui interfèrent et se croisent tandis que la presse est éternellement présente au risque de fuites. Ercoli se perd peut être un peu trop dans les pistes car quelque soit son ambition, La police a les mains liées reste avant tout un gentil divertissement. Le film, jouissant d'une bonne interprétation et d'une mise en scène efficace, est toujours agréable et non dépourvu d'humour, un humour qui vient essentiellement du personnage que joue Claudio Cassinelli. Les amateurs de polar expéditifs et de violence gratuite seront par contre fort déçus. On est à mille lieues des films où Luc Merenda et autres Maurizio Merli ne juraient que par la violence gratuite.
La conclusion amère est au diapason avec l'époque chaotique, désabusée dans laquelle se situe l'action. Ercoli préfère poser des questions et faire réfléchir sans jamais susciter chez le spectateur l'instinct d'auto-justice qui sommeille sournoisement en lui comme il était de facture courante dans le cinéma policier italien à cette époque. Une voie toute personnelle et respectable qui fait de ce film un petit plaisir pour amateurs du genre.