Nerone et Poppea
Autres titres: Les aventures sexuelles de Néron et Poppée
Réal: Bruno Mattei
Année: 1982
Origine: Italie
Genre: Peplum érotique
Durée: 105mn
Acteurs: Patricia Derek, Françoise Blanchard, Piotr Stanislas, Fanny Magier, Vladimir Brajovic, Caterina Catambrone, Mario Novelli, Susan Forget, Caterina Catambrone, Sandro Zambito, Nicola di Gioia, Liliana Piras, Angelo Casadei, Raul Cabrera, Antonella Simonetti...
Résumé: Devenu empereur grâce aux talents d'empoisonneuse de sa mère Agrippine, Néron peut donner désormais libre cours à ses pulsions sexuelles et fantasmes les plus débridés. La cour du palais devient alors la scène de viols, tortures et autres humiliations sadiques mais aussi d'orgies spectaculaires...
Alors que le dernier peplum fut tourné en 1965 avant de définitivement s'éteindre, le succés du Caligula de Tinto Brass relança le genre sous une nouvelle forme beaucoup plus salace donnant ainsi naissance à un sous genre éphémère du cinéma érotique, le néo peplum ou peplum érotique. Le premier à s'être laissé tenter fut l'insatiable Bruno Mattei qui durant l'été 1981 réalisa le ludique et fort dépravé Caligula et Messaline.
Comme il étrait souvent coutume dans le cinéma Bis italien d'alors, deux films étaient régulièrement tournés simultanément confirmant la célèbre régle du 2 en 1. C'est le cas des Aventures sexuelles de Néron et Poppée écrit et produit par Antonio Passalia, également producteur de Caligula et Messaline dans lequel il interprétait aussi l'empereur Claude. Si Caligula et Messaline s'avérait un spectacle éminemment sympathique et ludique malgré la faiblesse des moyens, ce second film est malheureusement bien en dessous de son prédécesseur tant il est fauché et surtopuit hilarant..
S'il fut tourné dans les mêmes décors que Caligula et Messaline ceux ci semblent avoir été cette fois utilisés au rabais tant ils respirent la misère à l'exception d'un sublime jardin verdoyant aux fontaines et bassins somptueux absent du premier film. A cette pauvreté esthétique s'ajoute un scénario qui ne brille guère par son originalité et prête le plus souvent à rire ta,t il est par moments ridicule.
Bruno Mattei ne fait que plagier certaines scènes du film de Tinto Brass comme notamment la séquence où un supplicié, le pénis lié, doit ingurgiter tout le contenu d'un tonneau de vin. Les aventures sexuelles de Néron et Poppée a au moins l'avantage d'être beaucoup plus riche en scènes sanglantes et autres jouissives tortures que Caligula et Messaline. Toute la différence des deux films se joue en fait à ce niveau. On citera en exemple la crucifixion de pauvre Mario Novelli et la castration en gros plan d'un jeune éphèbe que Néron ne peut épouser sans être accusé d'homosexualité. Tout comme pour le premier volet de ce diptyque Mattei afin de lui donner un coté historique truffe son film de stock-shots mal insérés cette fois, issus pour la plupart des Derniers jours d'Herculanum de Gianfranco Parolini, dont de superbes combats de gladiateurs, des chevauchées nocturnes, des scènes d'émeutes et surtout de beaux plans de Rome en feu qui se transforme en une ridicule flamme de briquet en transparence quand on revient chez Mattei. S'ils sont beaucoup moins nombreux que dans Caligula et Messaline, ils représentent tout de même une bonne petite partie du métrage.
Quant aux fameuses scènes sexuelles annoncées par le titre français, elles demeurent désespéremment soft et décevront les amateurs de torrides sensations et autres forcenés d'érotisme pimenté. Ils devront malheureusement se contenter de quelques ébats saphiques beaucoup trop sages, de quelques scènes de lit plutôt molles, quelques plans de nudité frontale aussi bien masculine que féminine et le clou du spectacle, Agrippine qui masturbe régulièrement ses deux fils. Ce ne sont pas les fameuses orgies qu apporteront un peu de souffre au film, l'étroitesse de la salle aux orgies ne permettant pas à plus de trois couples de s'ébattre aux pieds de Néron... dans tous les sens de l'expression! Comme pour Caligula et Messaline, il n'existe aucune version hardcore de Néron et Poppée, Mattei n'ayant de surcroit jamais été un grand amateur de pornographie.
Le pornocrate Piotr Stanislas caché sous le pseudonyme de Rudy Adams tente vainement d'imiter à grands renforts de grimaces Malcolm Mc Dowell afin de donner un semblant de folie à son personnage. Le pauvre Néron ressemble plus à un pitre, à un fanfaron exubérant, qu'à un empereur au bord de la démence. Françoise Blanchard, Fanny Magier, Betty Roland et Vladimir Brajovic déjà tous présents dans Caligula et Messaline viennent compléter le casting de ce péplum qui vole au ras des jupettes aux cotés d'une jolie inconnue, Patricia Derec, repérée quatre ans plus tôt dans une comédie française Sexuella dans la peau le plus souvent dévpartue de Poppée.
Aussi médiocre soit il Les aventures de Néron et Poppée a au moins le mérite de ne jamais sombrer dans le n'importe quoi comme Les orgies de Caligula/ Le Schiave di Caligola de Lorenzo Onorati ou l'édifiant Messaline, impératrice et putain / Messalina, Messalina de Bruno Corbucci. Nerone e Poppea doit simplement se prendre comme une parodie bon enfant de son illustre modèle, un spectacle très dénudé particulièrement fauché mais hilarant agrémenté de quelques agréables atrocités et une petite dose de perversion sexuelle.
Mattei est un enfant, un réalisateur qui ne s'est jamais vraiment pris pas au sérieux et c'est peut être bien pour ça qu'on parvient toujours à apprécier ses films aussi médiocres soient ils! Il nous le prouve encore une fois avec Néron et Poppée qui se veut un tant soit peu sérieux mais n'est en définitive qu'un magnifique dérideur de zygomatiques.